"Sans nos actions, le Québec serait actuellement en récession"

Publié le 29/11/2008 à 00:00

"Sans nos actions, le Québec serait actuellement en récession"

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Par François Normand

Projets énergétiques, investissements en infrastructures, fonds de soutien aux entreprises : un gouvernement libéral interviendra plus que jamais dans l'économie québécoise afin de limiter les dégâts de la pire crise économique mondiale depuis la Dépression des années 1930. Mais cela sera-t-il suffisant ?

Et pourquoi les Québécois devraient-ils faire plus confiance au programme économique de Jean Charest qu'à celui du Parti québécois et de l'Action démocratique du Québec ?

Dans un entretien avec le journal Les Affaires, le premier ministre dit qu'il est, des trois chefs des partis principaux, celui qui a le plus d'expérience pour faire face à la crise économique.

"N'eût été des gestes posés par notre gouvernement [dans la dernière année], le Québec serait aujourd'hui en récession. Il y aurait plus de chômeurs et les familles auraient moins d'argent", soutient M. Charest, qui nous a reçu dans son autobus de campagne.

Mais pour la suite ? Les promesses électorales et les engagements déjà annoncés par les libéraux suffiront-ils pour maintenir l'économie québécoise à flot ? Bien malin qui peut le prédire. Ce qui est clair en revanche, c'est que les mauvaises nouvelles - fermetures d'usines, mises à pied, etc. - s'accumuleront au cours des prochains mois.

Le chef libéral persiste et signe : son plan évitera le pire au Québec. Voici comment il compte s'attaquer à quatre enjeux économiques majeurs.

Pas de nouvelles baisses d'impôt pour les PME

Malgré la crise économique, les PME du Québec ne pourront pas compter sur de nouvelles baisses d'impôt pour demeurer compétitives face à leurs concurrentes au Canada.

Actuellement, le taux d'imposition des PME s'établit à 8 % au Québec, soit presque deux fois celui de l'ensemble des PME canadiennes (4,5 %). On Ontario, les bénéfices des PME sont imposés à hauteur de 5,5 %.

"Nous avons déjà réduit le taux d'imposition des PME", répond Jean Charest quand on lui demande si un gouvernement libéral serait prêt à réduire le fardeau fiscal des PME, les entreprises qui créent le plus d'emplois au Québec.

Dans leur programme, les libéraux font valoir qu'ils ont réduit la fiscalité de l'ensemble des entreprises québécoises, en abolissant par exemple la taxe sur le capital.

Ainsi, les sociétés profiteront d'un allégement fiscal totalisant 880 millions de dollars en 2008-2009 et 1,2 milliard en 2009-2010.

Deux milliards de dollars pour les entreprises

Pour pallier le manque de crédit et de capital de risque, les libéraux proposent de mettre 2 milliards de dollars (G$) à la disposition des entreprises pour les aider à financer leur projets en ces temps de crise.

Investissement Québec accorderait 1 G$ en prêts et garanties de prêt aux entreprises, tandis que la Société générale de financement du Québec (SGF) investirait davantage dans le capital-actions de sociétés (jusqu'à concurrence de 1 G$).

Mais ces sommes pourraient s'avérer insuffisantes dans le contexte actuel, d'autant que les capital-risqueurs américains et étrangers ont pratiquement déserté le marché québécois.

Même Jean Charest reconnaît que Québec ne peut tout faire seul, et qu'un coup de pouce d'Ottawa est crucial. "J'ai invité Stephen Harper à faire sa part et à poser un geste avec la Banque de développement du Canada, dit-il. Cela pourrait être un ajout très utile à l'effort du gouvernement du Québec."

Le temps presse : au cours des neuf premiers mois de l'année, les capital-risqueurs ont investi 266 millions de dollars (M$) au Québec, soit 41 % de moins comparativement à la période correspondante de l'an dernier.

Dans l'ensemble du Canada, le recul est un peu moins prononcé (33 %), pour des investissements totalisant 1 G$ au cours des trois premiers trimestres de 2008.

Les investissements en infrastructures seront accélérés

Les libéraux comptent accélérer de 10 % le rythme des investissements déjà annoncés pour moderniser les infrastructures publiques au Québec au cours des 30 prochaines années.

Ces dépenses passeraient ainsi de 37 à 41 milliards de dollars (G$) pour la période 2008-2013, atteignant en moyenne 8,2 G$ par année pendant cinq ans.

Ce programme toucherait de nombreux secteurs, des universités au transport en commun en passant par les hôpitaux et les équipements culturels.

Selon les libéraux, l'accélération des investissements assurera la création ou le maintien de 100 000 emplois par année.

Après tout, pourquoi ne pas aller plus vite ? La récession nord-américaine atteindra son point culminant en 2009-2010, prévoient les économistes. "On pousse pas mal la machine au maximum, dit Jean Charest. Ça serait difficile de tout concentrer [41 milliards de dollars] dans deux ou trois années."

Le chef libéral fait remarquer que les sommes injectées sont déjà colossales, surtout si on tient compte des projets d'Hydro-Québec.

"Nous ne proposons pas juste de développer une capacité énergétique supplémentaire : nous voulons aussi exporter notre électricité", précise le premier ministre.

Au total, les investissements dans les infrastructures et dans le développement énergétique s'élèveraient à 13,9 G$ pendant l'exercice 2009-2010, et à 13,8 G$ en 2010-2011.

Les libéraux pourront-ils éviter un déficit ?

L'équation est impitoyable : en récession, les revenus de l'État chutent tandis que ses dépenses explosent. C'est pourquoi les finances publiques plongent dans la rouge.

Un gouvernement libéral réussirait toutefois à éviter ce scénario, affirme Jean Charest. "Nous n'envisageons pas de déficit. Nous avons tellement travaillé fort au Québec pour équilibrer les finances publiques...", dit-il.

L'assurance du premier ministre tranche avec celle des péquistes de Pauline Marois qui seraient prêts à accepter un déficit à court terme pour faire face à la crise économique. Au fédéral, Stephen Harper n'écarte pas non plus cette hypothèse.

S'il est réélu, Jean Charest soutient que son gouvernement continuera à contrôler l'augmentation des dépenses de programmes - 4,5 % en moyenne au cours des cinq dernières années, soit la meilleure performance d'un gouvernement au Canada.

"Nous allons continuer à être très disciplinés", indique M. Charest, en précisant que son gouvernement a constitué une "réserve" de 2,3 milliards de dollars sur deux ans.

Cette réserve permettrait à Québec de faire face à ses obligations budgétaires sans plonger en déficit, si on exclut les engagements qui seront financés en augmentant la dette, comme les investissements dans les infrastructures.

francois.normand@transcontinental.ca

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