Relancer une équipe en s'inspirant de Wall Street

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Relancer une équipe en s'inspirant de Wall Street

Publié le 08/10/2011 à 00:00

Par Marc Gosselin

Peu d'experts accordaient des chances aux Rays de Tampa Bay de se qualifier pour les séries éliminatoires du baseball majeur en début de saison. Pourtant, ils ont coiffé les puissants Red Sox de Boston au fil d'arrivée. Dans un nouveau livre sur le baseball, intitulé The Extra 2 %, le journaliste américain Jonah Keri explique comment les dirigeants des Rays ont appliqué des méthodes de Wall Street pour relancer une franchise à la dérive. Un ouvrage qui a de quoi inspirer les entrepreneurs.

Aucune équipe de baseball n'incarnait mieux la médiocrité que les Devil Rays de Tampa Bay. De leur arrivée dans la ligue, en 1998, jusqu'en 2007, ils n'avaient connu aucune saison gagnante.

La direction de l'équipe a multiplié les lucratifs contrats avec des joueurs au crépuscule de leur carrière et les mauvais choix au repêchage.

À l'extérieur du terrain, le premier propriétaire de l'équipe, Vince Naimoli, s'est mis à dos les partisans des Rays tellement il était obsédé par le contrôle des dépenses.

Un exemple parmi tant d'autres : les Devil Rays invitent la fanfare du St.Peterburg High School à jouer l'hymne national avant le début d'un match. Cette prestation est annulée après que les membres de la fanfare aient été avertis à la dernière minute... qu'ils devaient payer leurs billets !

S'entourer de financiers

Stuart Sternberg, un riche financier de Wall Street, achète 48 % des actions des Devil Rays en mai 2004 et prend officiellement le contrôle de l'équipe en octobre 2005.

Première décision du nouveau propriétaire : plutôt que d'embaucher des gens expérimentés pour l'assister dans les opérations baseball, M. Sternberg convainc d'anciens collègues inexpérimentés de se joindre à lui.

Matthew Silverman sera responsable de l'exploitation. Au coeur de son mandat : rétablir les liens avec la collectivité de St. Petersburg.

Andrew Friedman se joint à l'équipe et en devient rapidement le directeur général. Un bon choix, car il a quitté un poste d'analyste chez Bear Stearns.

Deuxième intervention de la nouvelle équipe de gestion des Devil Rays (la formation abandonnera officiellement l'appellation "Devil" en 2007) : mesurer l'efficacité de la prise de décision.

Les choix au repêchage seront dorénavant analysés sur plusieurs années, de même que les échanges, les partenariats d'affaires, les stratégies de vente de billets, etc.

Recourir à l'arbitrage pour améliorer l'équipe

L'arbitrage se trouve au coeur de la relance des Rays. Ce terme réfère à toute transaction financière par laquelle on achète un titre X et on revend un titre Y simultanément. Le titre acheté est meilleur marché que celui vendu, ce qui vaut un bénéfice à l'investisseur.

En procédant ainsi, le dg Andrew Friedman était convaincu qu'il pouvait acquérir des actifs pour moins que leur valeur réelle et, surtout, échanger des joueurs pour plus que ce qu'ils valaient.

L'un de ses premiers échanges lui a donné l'occasion de mettre en pratique cette doctrine. En novembre 2007, il envoie aux Twins du Minnesota un de ses voltigeurs les plus prometteurs, en retour d'un lanceur d'avenir et d'un arrêt-court. Les deux joueurs obtenus ont été des pièces centrales de la relance de l'équipe en 2008. D'autres transactions ont également permis d'améliorer la relève.

Ainsi, de 2007 à 2008, les Rays de Tampa Bay sont passés du dernier au premier rang de la division Est de la Ligue américaine, la plus concurrentielle du baseball majeur.

Avec une masse salariale de 43 M$ US - la deuxième plus faible des majeures -, les jeunes Rays ont fait la barbe aux Yankees de New York (196 M$ US) et aux Red Sox de Boston (160 M$ US).

Signer des contrats à long terme

À l'instar de l'entrepreneur qui s'approvisionne par l'entremise de contrats à terme pour ses denrées, Andrew Friedman a mis en oeuvre une stratégie de signature de contrats à long terme pour ses joueurs clés.

Comme c'est le cas dans l'ensemble du sport professionnel, les joueurs de baseball sont payés en fonction de leurs exploits passés. Or, Friedman a combiné signature de contrats à long terme et outils de mesure du rendement pour établir la valeur qu'un joueur a générée.

Prenons le cas du voltigeur étoile Carl Crawford. Celui-ci a signé un contrat de 35 M$ US pour six saisons, en 2005. Le site Web FanGraphs mesure la valeur d'un joueur en tenant compte de ses performances au bâton et en défensive. Par la suite, celui-ci est comparé aux joueurs autonomes de la saison en question. Pour la durée de son contrat, FanGraphs estime que le voltigeur des Rays a produit 108,9 M$ US de valeur !

L'auteur Jonah Keri se réfère souvent à un autre ouvrage classique sur le baseball : Moneyball, de Michael Lewis, qui a inspiré le film du même nom, en salle depuis le 23 septembre. Ce livre, qui raconte l'histoire du directeur général des A's d'Oakland, Billy Beane, et son approche révolutionnaire d'évaluation du talent, est mieux écrit et plus passionnant à lire. Par contre, on en apprend plus sur la culture d'affaires instaurée chez les Rays dans The Extra 2 %.

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