Quel leader pour Montréal ?

Publié le 02/11/2013 à 00:00, mis à jour le 30/10/2013 à 15:10

Quel leader pour Montréal ?

Publié le 02/11/2013 à 00:00, mis à jour le 30/10/2013 à 15:10

Le 3 novembre, les Montréalais se donneront un nouveau leader. Ils ont le choix entre cinq candidats principaux. Chacun d'entre eux partage le profil de l'un des conférenciers vedettes au 10e World Business Forum (WBF), tenu à New York le mois dernier. Voici ces profils et des conseils qui s'adressent à tous les leaders, peu importe la taille de leur organisation et leurs activités.

LE LEADER D'ÉLEVAGE

Denise Morrison, pdg de Campbell

«Nous avons été élevées pour devenir pdg», déclare Denise Morrison, pdg de Campbell depuis 2011. Ce «nous» inclut sa soeur Maggie Wildrotter, pdg de Frontier Communications, sixième plus important fournisseur de service de télécommunication aux États-Unis. Ensemble, Denise et Maggie comptent parmi les 21 femmes pdg du Fortune 500.

Le jour où elles ont voulu se faire percer les oreilles, les adolescentes ont dû présenter une étude coûts/bénéfices de leur projet à leurs parents. «Nous avons souligné que nous irions le jour où le service était offert à rabais, raconte la dirigeante. Et nous avons mis de l'avant que nous amortirions rapidement le coût des boucles d'oreilles, puisque nous pourrions nous les échanger.»

Dans cette famille, il en était ainsi chaque fois que l'une des quatre filles de Dennis et Connie Sullivan voulait quelque chose. Il fallait démontrer la pertinence et les retombées positives du «projet». Et lorsque maman et papa refusaient le budget ou ne l'accordait qu'en partie, les soeurs Sullivan organisaient une campagne de financement. «J'ai voulu devenir pdg avant même de savoir comme se nommait ce poste», avoue Denise Morrison.

Denis Coderre fait de la politique depuis le secondaire cinq, alors qu'il fut élu président de l'Association des élèves de la polyvalente Henri-Bourassa, à Montréal-Nord. Membre fondateur des Chevaliers de Colomb de Montréal-Nord, président du Club Richelieu Henri-Bourassa, président du Comité des jeunes libéraux fédéraux de Bourassa et membre du comité de direction de l'Association libérale fédérale de Bourassa... il a multiplié les postes de leader depuis.

Dans les deux cas, l'appel du leadership s'est fait sentir tôt. Denise Morrison et Denis Coderre ont bâti leur leadership pierre par pierre, sur leurs expériences successives.

L'AS DU MARKETING

Susan Sobbott, pdg d'Open (American Express)

Susan Sobbott a convaincu 100 millions d'Américains de réaliser leurs achats dans un commerce local le samedi du week-end de l'Action de grâces. Et son équipe de réaliser en six semaines la campagne pan-américaine et multi-canaux qui a lancé ce projet, le «Small Business Saturday» !

Susan Sobbott dirige Open - la filiale d'American Express qui dessert les PME. Dès la première année, la campagne «Small Business Saturday» a atteint un taux de notoriété de 65 %. C'était en 2010. Le «Small Business Saturday» est aujourd'hui une tradition qui rapporte des milliards de dollars aux petits détaillants américains.

La dirigeante de 48 ans a proposé la bonne idée au bon moment. Et elle s'est appuyée sur les médias sociaux pour la rendre virale. Mme Sobbott est une as du marketing. Elle sait comment et quoi communiquer. La pdg d'Open parle avec chaleur et conviction. Et s'appuie sur quelques idées-clé qu'elle sait accessibles et rassembleuses. Son image est claire, son public-cible aussi : c'est la femme des PME.

Mélanie Joly aussi sait communiquer. Elle a même gagné sa vie en enseignant aux autres comment s'y prendre. Pendant trois ans, elle a dirigé le bureau montréalais de la firme de relations publiques Cohn & Wolfe. Elle a appris à ses clients à contrôler leur image et à circonscrire leur message. Ce talent elle l'applique maintenant à sa campagne.

Susan Sobbott, est la «femme des PME». À 34 ans, Mélanie Joly, elle, se présente comme la candidate des familles. Et, elle s'appuie sur les plus récentes techniques de marketing, tel le storytelling, pour faire passer son message. Ainsi, on l'a entendue à maintes reprises raconter comment elle compte s'inspirer du grand nettoyage du maire Bloomberg pour débarasser Montréal de la corruption.

LE LEADER ACCIDENTEL

Bob Moritz, président et associé principal de PriceWaterhouse Coopers

Bob Moritz ne se voyait pas dirigeant. Encore moins président de PriceWaterhouse Coopers, la firme où il a effectué son stage de comptabilité. «PwC devait être mon club-école, confie-t-il. J'allais y passer deux ans puis lever les voiles pour une autre boîte plus exictante.»

Mais on lui propose un défi qu'il ne peut pas refuser : diriger le bureau du Japon. «Ce n'était pas dans mon plan de match, ajoute-t-il. Je venais de me marier, je n'avais pas de passeport et je détestais la nourriture japonaise.» Il accepte malgré tout. Ainsi débute sa carrière de leader accidentel. Lui qui n'a jamais voyagé, il apprend à gérer une entreprise internationale. Mais surtout, il surmonte sa timidité pour développer les talents de communication essentiels à son rôle de dirigeant.

«Lorsque j'ai divorcé, mes collègue n'ont rien sû, avoue-t-il. J'étais incapable de m'ouvrir. Puis, j'ai réalisé que vous ne pouvez pas vous attendre à ce que vos employés soient authentiques si vous ne l'êtes pas avec eux. Alors j'ai appris à répondre aux questions que je posais aux autres.»

Marcel Côté a beaucoup voyagé et il n'a rien d'un grand timide. Mais l'ex-consultant n'a aucune expérience politique. Bien sûr, à titre de consultant-vedette chez Secor, il a conseillé plus d'un dirigeant sur des dossiers à saveur politique. Mais, depuis quelques semaines, l'homme de 71 ans découvre que cela n'a rien à voir. Il l'avoue d'ailleurs avec franchise.

Bob Moritz avait tout à apprendre de la gestion des humains dans une entreprises internationale. Marcel Côté, le candidat venu du champ gauche, aura ses propres apprentissages s'il est élu le 3 novembre.

DIRIGER COMME ON ENTRE EN RELIGION

Carlos Brito, pdg de la brasserie Anheuser-Bush Inbev

«Ce n'est pas un job, c'est ma vie !» Carlos Brito débute toutes ses conféfences ainsi. Il dirige la plus grosse et les plus rentable brasserie du monde. En 15 ans, il a procédé à six acquisitions, ce qui a exigé l'intégration de 200 marques de bières. Anheuser-Busch InBev affichent des revenus de 40 milliards de dollars américains (G $ US), une capitalisation de 160 G $ US et un excédent brut d'exploitation (EBITDA) de... 39 %. Son concurrent, SABMiller, présente un EBITDA de 23 %.

Apôtre de l'hyper-performance, Carlos Brito a bâti une équipe de rêve au fil des ans. Il exige autant des employés que de lui-même. Sa passion pour son entreprise peut verser dans le dogmatisme. «Je ne veux pas qu'on travaille chez moi en touriste, déclare-t-il. Je m'attends à ce que le personnel agisse comme si l'entreprise leur appartenait. Pas comme ces gens qui conduisent les véhicules loués n'importe comment, mais traitent le leur comme la prunelle de leurs yeux.»

La passion de Carlos Brito pour son entreprise transporte certainement les employés qui la partagent. Mais elle s'avère difficile à porter pour ceux qui souhaiteraient davantage de nuances.

Richard Bergeron a lancé Projet Montréal en 2004. Depuis, il ronge son frein dans l'opposition. Montréal est sa ville d'adoption depuis 1975. Il a amorcé son histoire d'amour en y faisant du taxi le soir, pour payer ses études à l'Université de Montréal. Cet urbaniste de 57 ans a des idées bien arrêtées de sa ville et de son plan de transport. Anti-auto - il a publié «Le livre noir de l'automobile» - et pro-tramway, Richard Bergeron n'a pas le charisme de Carlos Brito, mais il partage la même opiniâtreté. La ferveur de ses supporteurs n'a d'égal que la virulence de ses détracteurs.

LE POLITIQUEMENT INCORRECT

Jack Welch, ex-pdg de GE

Jack Welch n'a pas la langue dans sa poche. Sa philospohie : toute vérité est bonne à dire et sur toutes les tribunes. Les employés non performants, le gouvernement démocrate, le gouvernement tout court, le système d'éducation... tout y passe. Adepte des gestes radicaux, Jack estime que toute organisation doit faire le ménage chaque année. Cela signifie se départir des employés les moins performants ainsi que de ceux qui affichent une mauvaise attiude et ne respectent pas la culture de l'entreprise. «Il faut penser au bien de l'entreprise avant tout», affirme-t-il.

S'il est élu, l'éditeur Michel Brûlé compte éliminer tous les préposés au stationnement et réduire le nombre d'élus municipaux de 103 à 31. Il rappelle que Toronto se contente de 45 élus municipaux et que 51 suffisent à New York. Ajoutons que l'éditeur admire Régis Labaume, un maire qui n'est pas connu pour faire dans la dentelle.

diane.berard@tc.tc

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