Québec, sous la gouverne du maire Régis Labeaume, affiche de nouvelles ambitions. Elle paraît prête à permettre la construction d'un gratte-ciel qui dépassera en hauteur les 33 étages du Complexe G sur la colline parlementaire, qui abrite notamment le ministère de l'Éducation. Reste à savoir dans quel secteur de la Capitale un tel immeuble verrait le jour.
Si la Ville est d'accord, Cominar ne demande pas mieux que de le bâtir sur le boulevard Laurier, dans l'arrondissement Sainte-Foy. " Au Complexe Jules-Dallaire [pour la phase 2], on en est à 26 étages, souligne Michel Dallaire, président et chef de la direction. On aurait préféré bâtir plus haut, mais la Ville n'a pas voulu. On s'est rabattu sur une hauteur que les deux parties sont prêtes à considérer pour aller de l'avant. "
D'abord prévue pour 13 étages, la phase 2 en compte maintenant 26 étages, moitié bureaux moitié résidentiel. Cominar veut idéalement commencer la construction le printemps prochain, mais la Ville n'a pas encore autorisé la modification du zonage.
Rajeunir l'image de la Capitale
Québec souhaite être plus qu'une ville de fonctionnaires. La construction d'un gratte-ciel qui détrônerait le complexe G serait le prolongement logique de cette volonté de rajeunir l'image de la Capitale.
La petitesse du marché de Québec a longtemps freiné l'ambition des promoteurs. Bon an mal an, la région ajoute 250 000 pi2 de bureaux à son offre. À ce rythme, il faudrait trois ans pour qu'un immeuble de 35 étages soit entièrement occupé, si rien d'autre n'était construit ! Or, on prévoit déjà construire 1 million de pi2 de bureaux dans différents projets de la région de Québec, fait remarquer Steve Gilbert, directeur du bureau de Québec du Groupe Altus, une firme d'évaluateurs.
" Au moment où l'on se parle, 30 étages me paraissent un peu exagéré ", dit d'ailleurs Michel Bélanger, président du conseil régional de Québec de l'Institut de développement urbain.
Immeuble mi-bureaux mi-résidentiel
Son opinion n'est toutefois pas partagée par tous. " Je pense que le marché de Québec est capable d'absorber un immeuble bien pensé d'une trentaine d'étages. Au-delà de cette limite, ça commence à se compliquer, croit Jean Morency, président de SSQ Immobilier, promoteur de la Cité Verte, un lotissement de 800 unités d'habitation qui fait la part belle au développement durable.
Son optimisme s'explique par la volonté de la Ville de densifier certains quartiers et d'encourager la construction d'immeubles mixtes, c'est-à-dire à la fois de bureaux, aux étages inférieurs, et résidentiel aux étages supérieurs, comme pour la phase 2 du Complexe Jules-Dallaire, qui est prévue sur le boulevard Laurier.
La mixité des usages ouvre de nouvelles perspectives, explique Steve Gilbert, du Groupe Altus. " Ça fait longtemps qu'il n'y a pas eu de construction d'unités locatives ou de copropriétés sur le boulevard Laurier, où il y a pourtant des vues sur le fleuve ", dit-il. De plus, le boulevard est de plus en plus recherché par les locataires de bureaux de prestige.
Outre le boulevard Laurier, en particulier le côté nord, il y a aussi les secteurs Pointe-aux-Lièvres, dans Saint-Roch, et D'Estimauville, à Beauport, qui pourraient recevoir la plus haute tour de Québec. Le maire Labeaume veut y aménager des écoquartiers inspirés de l'expérience d'Hammarby, en Suède, qui se démarque à la fois par sa densité et par son souci de l'environnement.
Quant à la colline parlementaire, il serait surprenant que la Ville y autorise des gratte-ciel, disent les personnes interrogées par Les Affaires.
