Quatre façons d'améliorer la productivité

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Quatre façons d'améliorer la productivité

Publié le 19/01/2013 à 00:00

Accroître la concurrence, mieux utiliser les taxes, améliorer le système d'éducation et créer un organisme national consacré à la productivité : c'est ce que recommande un économiste de l'Organisation de coopération et de développement économiques pour améliorer la productivité canadienne.

Chef de la division des études par pays au département d'économie de l'OCDE, Peter Jarrett a publié ses prévisions de croissance à long terme de la productivité canadienne et ses recommandations dans la dernière édition de l'Observateur international de la productivité, du Centre d'étude des niveaux de vie, à Ottawa.

«Il est bien connu que la performance du Canada au chapitre de la productivité lors de la dernière décennie a été décevante, avec une augmentation moyenne de la productivité du travail de moins de 1 % par année, écrit-il. Cette situation devrait s'améliorer légèrement dans le futur, pour atteindre une moyenne annuelle de 1,7 % au cours du prochain demi-siècle (2010-2060).»

Ses recommandations pour améliorer la situation se divisent en quatre grandes catégories.

1 Augmenter le niveau de concurrence dans certains domaines

«Il y a des industries où c'est clairement un problème», note M. Jarrett, en entrevue téléphonique. Ces secteurs, ce sont l'agriculture, les services professionnels, l'électricité, les services postaux, le transport aérien, la finance, la diffusion et les télécommunications, entre autres.

«On peut observer l'influence importante que la concurrence a eue dans le commerce de détail, explique M. Jarrett. Quand il n'y avait qu'Eaton et La Baie, les grands magasins n'étaient pas du tout efficaces. Là, avec Walmart et Target, on voit l'impact sur les prix. Eaton a disparu et La Baie souffre.»

Même si le problème ne touche directement que quelques secteurs, il en rejoint beaucoup d'autres indirectement, selon l'économiste. «Si une entreprise paie plus cher qu'ailleurs son énergie, la poste et ses avocats, elle va avoir de la difficulté à être compétitive.»

Une partie des inefficacités du marché canadien, notamment en ce qui concerne les services professionnels, est attribuable aux différentes législations en vigueur dans chaque province, croit M. Jarrett.

2 Améliorer la taxation, surtout sur l'immobilier et l'environnement

«Toute réduction des déductions à la source aiderait à augmenter la participation au marché du travail et à réduire le chômage structurel», résume l'économiste de l'OCDE. En contrepartie, il propose d'autres formes de taxation qui seraient moins dommageables pour la productivité.

L'immobilier est selon lui une excellente cible. Les gains en capitaux, par exemple, ne font l'objet d'aucune imposition pour un propriétaire-occupant.

«D'un point de vue économique, nous dit-il, l'immobilier est une bonne base d'imposition, parce qu'on ne peut l'éviter. On ne peut pas le mettre en Suisse ou aux îles Caïmans. S'il faut trouver des revenus pour boucler un budget, l'immobilier est un bon candidat. Mais il y a une difficulté politique. Partout dans le monde, les gens détestent l'impôt sur l'immobilier. Ils préfèrent payer des impôts sur le revenu.»

M. Jarrett se dit aussi fortement en faveur d'une augmentation des taxes environnementales au Canada, «qui sont parmi les plus faibles au Canada à moins de 4 % des revenus de taxation, comparativement à environ 7 % en moyenne dans l'OCDE et à 15 % en Turquie».

Outre les taxes sur les produits pétroliers, «heureusement plus élevées qu'aux États-Unis, mais encore loin de l'Europe», M. Jarrett parle des taxes sur les emballages ou les produits chimiques, comme les pesticides et les fertilisants.

«Ce sont toutes des taxes que l'OCDE préconise fortement et que le Canada n'utilise pas vraiment.»

3 L'innovation et l'éducation supérieure

Selon l'économiste, le Canada pourrait retirer d'importants bénéfices liés à la productivité d'améliorations sur le front de l'éducation.

«Peu de diplômés vont au-delà du premier cycle universitaire ; pas assez de gestionnaires ont été formés dans des écoles de gestion ou à l'université tout court ; il se donne trop peu de formation en entrepreneuriat ; les établissements de formation et les entreprises doivent réévaluer comment collaborer ; et les étudiants étrangers ne sont pas suffisamment exploités comme source d'immigration talentueuse», résume-t-il.

4 Mettre sur pied un organisme national sur la productivité

L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont chacune leur Productivity Commission, consacrée à tout ce qui touche le sujet.

Au Canada, au moins une province, l'Alberta, dispose d'un tel organisme, Productivity Alberta, mis sur pied en octobre 2011.

«Il y avait autrefois un organisme appelé le Conseil économique du Canada, que l'on a aboli il y a 20 ans après 30 ans de loyaux services à la nation. Il me semble évident que quelque chose de semblable serait utile à l'avenir pour évaluer les politiques publiques et catalyser les efforts de réforme en misant sur la productivité, l'innovation et la compétitivité.»

À la une

Ottawa forcera les banques à identifier clairement les remises sur le carbone

Il y a 7 minutes | La Presse Canadienne

Les premiers dépôts de remise en 2022 étaient étiquetés de manière très générique.

Les proches aidants, l’angle mort de l’équilibre travail-famille

Mis à jour à 08:03 | Catherine Charron

RHÉVEIL-MATIN. Les employeurs semblent mal comprendre leur réalité.

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.