Quand les architectes font la différence

Publié le 18/06/2011 à 00:00

Quand les architectes font la différence

Publié le 18/06/2011 à 00:00

Par Claudine Hébert

Les architectes ne font pas que construire de beaux bâtiments. Comme les réalisations suivantes en témoignent, ils peuvent être de vrais partenaires d'affaires et apporter une valeur ajoutée importante aux projets.

Habitué à présenter des pièces avant-gardistes, le Théâtre de Quat'Sous, à Montréal, vient lui-même d'être l'objet d'une expérience peu commune : une reconstruction totale du bâtiment. La signature architecturale et artistique qui en résulte a été saluée.

" Nous n'avons pas essayé de conserver la structure originale ", souligne d'emblée Éric Gauthier. Cet architecte de la firme montréalaise FABG, mandatée pour le projet, collabore depuis plus de 10 ans à titre de consultant avec l'équipe du Théâtre, qui tentait tant bien que mal de préserver le bâtiment centenaire de la rue des Pins.

Fondé en 1955 par Paul Buissonneau, Yvon Deschamps, Claude Léveillée et Jean-Louis Millette, le mythique établissement, logé dans une ancienne synagogue, avait plusieurs besoins : salle de répétition, loges adéquates et locaux de travail. En 2008, après avoir analysé toutes les solutions possibles, le Quat'Sous a décidé de procéder à la démolition-reconstruction de l'édifice, malgré les inquiétudes du milieu.

" Dès le départ, Éric Gauthier a fait preuve d'une grande écoute. Il s'est montré disponible pour répondre à toutes nos questions et calmer nos appréhensions ", rapporte Éric Jean, directeur artistique et général du Théâtre, qui dit avoir apprécié l'attitude compréhensive de l'architecte face au défi que représentait le projet.

Et notamment que M. Gauthier lui demande d'apporter des photos de structures qu'il aimait. Une idée qui a permis à l'architecte de mieux cerner les goûts de l'équipe avant de proposer un plan.

Éric Gauthier connaît bien cette clientèle. Il a l'habitude de travailler avec le milieu de la scène. L'Espace Go, le Monument National, la Licorne et la rénovation du Centaure figurent dans son portfolio.

" Il est beaucoup plus facile de travailler avec les gestionnaires du milieu théâtral. Ces personnes, dit-il, sont habituées à travailler avec des acteurs, des scénographes et des musiciens : des professionnels à qui elles donnent au départ une ligne directrice pour les laisser ensuite progresser dans leur processus de création. C'est ce qui s'est produit avec les plans du projet.

Marier le vieux au moderne

Pourtant, la commande n'était pas simple à exécuter. Il fallait construire un nouveau bâtiment dans lequel on retrouverait l'âme de Paul Buissonneau. Il fallait intégrer les pierres, l'ardoise, le bois, la brique, le marbre et le mobilier original aux nouveaux matériaux tels que le verre, la brique noire et l'aluminium perforé.

Il fallait aussi s'assurer d'intégrer la structure de cinq étages, deux de plus que l'ancienne, à un quartier bordé de bâtiments désuets et de murs coupe-feu exposés au regard. Tout cela pour un modeste budget de 3,5 millions de dollars (M$). " À peine l'équivalent du coût d'une résidence cossue ", précise Éric Gauthier.

Finalement, le nouveau Quat'Sous fait l'unanimité auprès des artistes comme des spectateurs. " Même Paul Buissonneau a dit textuellement : "Pour une fois, je n'ai rien contre quoi chiâler" ", rapporte Éric Jean.

Récipiendaire du Prix du jury dans la catégorie des bâtiments culturels de 2 M$ et plus dans le cadre des Prix d'excellence en architecture 2011, le Théâtre de Quat'Sous s'est aussi distingué sur la scène architecturale internationale. L'an dernier, le United States Institute for Theatre Technology (USITT) lui a accordé un Merit Award. Les autres lauréats : le Winspear Opera House, de Dallas, l'Iwaki Performing Arts Center, du Japon, et le Henry Miller's Theatre, de New York. Le Théâtre de Quat'Sous est le premier établissement québécois à recevoir cet honneur.

Une sélection rigoureuse

Pour choisir les architectes qui réaliseraient le Centre spécialisé de technologies physiques, à La Pocatière, Jocelyn Caux voulait faire les choses autrement. " Je voulais rencontrer tous les candidats avant d'arrêter mon choix. Je tenais à sélectionner un architecte avec qui la chimie serait instantanée et avec qui les conversations seraient aisées et agréables tout le long des deux années que durerait la construction ", explique-t-il.

Il voulait sélectionner de jeunes architectes aux idées éclatées, comme le consortium formé de Bisson & Associés, de Québec, et de Carl Charron Architecte, de Rivière-du-Loup, qui a hérité du dossier.

La formule a porté fruit. Le bâtiment, inauguré en avril 2010, s'est illustré aux Prix d'excellence en architecture 2011. Le centre de La Pocatière a remporté le 2e prix dans la catégorie Bâtiments industriels de 5 M$ et plus.

" Plutôt que de suggérer une forme carrée, plus économique en matériaux pour ce type de bâtiment, nous avons osé le " L ". Ce concept permet à tous les employés de bénéficier de la lumière naturelle ", dit l'architecte Jonathan Bisson, qui a dirigé le projet en voie d'obtenir une certification LEED Argent.

L'objectif, précise-t-il, était de donner une signature unique à cet établissement technologique doté d'un hall d'entrée sécurisé, de salles de conférence modulaires, de laboratoires, d'une chambre anéchoïque (pour des tests de champs électromagnétiques) et de cellules de soudage au laser.

" Le client a eu la sagesse d'éliminer la notion honoraire du processus de sélection ", souligne l'architecte. Au lieu de choisir le plus bas soumissionnaire, il a opté pour une rémunération à forfait fondée sur un pourcentage du coût des travaux. Une bonne solution, car cela permet de maximiser la valeur ajoutée du travail architectural et de créer un environnement de agréable pour les employés .

Client : Théâtre de Quat'Sous

Architecte : Éric Gauthier, de la firme FABG

Coût : 3,5 millions de dollars

Défi : Reconstruire le bâtiment tout en préservant son âme

Client : Centre spécialisé de technologies physiques à La Pocatière

Architectes : Bisson & Associés, de Québec, et Carl Charron Architecte, de Rivière-du-Loup

Coût : 7,2 millions de dollars

Défi : Donner une signature unique à cet établissement appelé à devenir un modèle d'innovations technologiques.

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