La Société des arts technologiques (SAT), une vitrine de l'innovation appliquée au domaine des arts située dans le Quartier des spectacles, entreprend des travaux majeurs de rénovation. À terme, l'organisme veut collaborer plus étroitement avec les entreprises du secteur numérique.

Le clou des travaux de rénovation sera l'immense dôme de 24,3 mètres de haut, qui surplombera les quatre étages vitrés du centre de R-D consacré à la création artistique.

On pourra y projeter des films, des vidéos ou des animations 3D sur 360 degrés afin de créer un environnement virtuel entièrement immersif. Cet environnement utilise les technologies numériques pour créer un espace dans lequel un ou plusieurs utilisateurs expérimentent des situations de stimulation perceptive (par exemple, multimédia) grâce à n'importe quel type d'interface technologique.

Le dôme sera avant tout un espace de création artistique. Cependant, René Barsalo, directeur, recherche et stratégie de la SAT, veut aussi tisser des liens avec le secteur privé afin de résoudre des problèmes technologiques qui freinent tant les artistes que les entreprises.

M. Barsalo voit beaucoup de similarités entre les défis que doivent relever les artistes technologiques et ceux auxquels est confronté le milieu des affaires.

Par exemple, celui de la bande passante sur le Web ou sur les réseaux des entreprises. Les artistes et les entreprises doivent optimiser ce qu'elles en tirent, dit-il.

Un espace inédit pour la R-D

" Notre dôme ouvre un espace inédit pour la R-D, tant sur le plan des jeux vidéo de groupe que sur celui de la modélisation 3D, un outil dont se servent beaucoup les architectes et les chercheurs de pointe en médecine ", explique M. Barsalo.

Les applications de l'immersion 3D intéressent déjà certaines entreprises. Des firmes d'architectes voudraient l'utiliser pour mieux visualiser les modèles virtuels de futurs bâtiments. Des chercheurs de l'Université McGill, qui ont entièrement modélisé le cerveau humain, pourraient se servir du dôme de la SAT pour effectuer des voyages au coeur de cet organe, et mieux en comprendre le fonctionnement.

En matière de divertissement numérique, M. Barsalo pense que Montréal a les outils pour créer la prochaine technologie dominante, après le cinéma en 3D. " Hollywood investit massivement dans le 3D, mais c'est une technologie qui se démocratisera d'ici deux ou trois ans, alors qu'un environnement totalement immersif est une expérience unique ", estime-t-il.

Grâce à des entreprises comme Softimage, Discreet Logic, Matrox, CAE et le secteur du jeu vidéo, Montréal a développé une expertise unique en matière d'environnements virtuels et immersifs.

Rapprocher le virtuel et le réel

La prochaine étape consistera à réduire encore la frontière entre le monde réel et le monde virtuel. Lors des Jeux olympiques de Vancouver, l'hiver dernier, la SAT a installé deux bornes vidéo interactives, l'une à Vancouver, et l'autre à la Grande Bibliothèque de Montréal.

Jumelé à des caméras Web, l'immense écran tactile de ces bornes créait l'illusion que chacune des deux villes possédait une fenêtre ouverte sur l'autre. Les gens pouvaient discuter entre eux en direct. Ils pouvaient aussi collaborer pour participer à des jeux affichés à l'écran.

" Nous pensons qu'il est possible d'utiliser des mondes virtuels afin d'accroître l'utilisation du réel ", indique M. Barsalo. La technologie pourrait par exemple permettre de créer une salle de conférence virtuelle à l'aide de capteurs vidéo, et d'automatiser certaines actions en fonction du mouvement des participants. " Ainsi, si quelqu'un lève la main, l'éclairage pourrait s'ajuster automatiquement et le mettre en évidence ", illustre le directeur.

Pour résoudre ce défi technologique, la SAT travaille actuellement sur les réseaux de fibre optique en partenariat avec le Réseau d'informations scientifiques du Québec et le Réseau évolué de recherche et d'innovation du Canada (CANARIE).

Le travail de recherche effectué dans le cadre d'un processus de création artistique pourrait ainsi prendre l'allure d'une innovation technologique qui aurait tout aussi bien sa place en entreprise. Parfois, l'innovation unit les artistes et les entrepreneurs.

alain.mckenna@transcontinental.ca