Puits, mines, parcs éoliens : d'abord, viser l'adhésion locale

Publié le 05/03/2011 à 00:00

Puits, mines, parcs éoliens : d'abord, viser l'adhésion locale

Publié le 05/03/2011 à 00:00

La société Goldcorp vient de lancer la mine Éléonore, un projet d'un milliard et demi de dollars. Quelques jours plus tôt, on avait annoncé la conclusion d'un accord avec le grand chef Matthew Coon Come et les Cris. Tout devenait alors possible.

Dans le même ordre d'idées, Lucien Bouchard vient d'arriver à la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec. Ses premières déclarations ont été claires : les entreprises vont devoir procéder autrement si elles veulent extraire du gaz de schiste au Québec. Si la population - locale - n'en veut pas, inutile d'essayer de lui imposer un projet de force.

Le gaz et l'or ne sont pas les seules ressources en cause. Il en est de même pour toutes les autres, qu'on veuille exploiter une centrale hydroélectrique, un parc d'éoliennes ou une ferme porcine. On ne peut plus impunément arriver dans un milieu et commencer le travail, même armé de tous les permis nécessaires et convaincu du bien-fondé de son initiative. Le risque de contestation populaire peut tout faire dérailler.

Il existe aujourd'hui une condition sine qua non à la réussite de tout projet : l'acceptabilité sociale.

Dans les années 1980, Hydro-Québec s'est butée sur une muraille avec le projet Grande Baleine, à la baie James. Les Cris - et Matthew Coon Come - ne voulaient rien entendre. Les écologistes sont venus en renfort et le chantier est mort. La société d'État en a pris note et a revu sa stratégie. Dans le cas de la rivière Romaine, sur la Côte-Nord, elle a bien pris soin d'obtenir l'aval des populations innues environnantes. Les écologistes ont tenté de monter aux barricades, mais cette fois, il est vite apparu qu'il est difficile de défendre des gens qui ne veulent pas être défendus...

" Qu'est-ce que ça va me donner ? "

Les partisans de l'énergie éolienne ont dû eux aussi se rendre à l'évidence : il n'existe pas d'adhésion automatique à une cause, même si elle apparaît a priori populaire. À Rivière-du-Loup, l'important parc éolien proposé par la société ontarienne SkyPower a provoqué bien des controverses avant d'être abandonné. La communauté n'était pourtant pas hostile au principe de l'éolien, mais tout est dans la manière. À preuve, en décembre dernier, la MRC de Rivière-du-Loup et la société Innergex ont annoncé que leur projet de parc communautaire avait été retenu par Hydro-Québec. Les deux partenaires en sont propriétaires à parts égales.

Quelle est la différence entre les deux initiatives ? Ceci : dans le deuxième cas seulement, le milieu pouvait obtenir une réponse satisfaisante à l'inévitable question " Qu'est-ce que ça va me donner ? "

Impossible, désormais, de contourner cette interrogation. Les discussions qui ont eu cours lors du récent colloque de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER), à Québec, l'ont bien montré : il est risqué de tenir pour acquis l'appui des citoyens, peu importe les courants ou les lobbys, et les promoteurs en sont de plus en plus conscients. Le principe de l'acceptabilité sociale devient central en autant qu'on puisse réellement mesurer l'opinion publique sans céder devant le pathos et l'exagération. On ne dira jamais assez comment le projet du Casino de Montréal et du Cirque du Soleil a été mal défendu face à une fronde qui a eu beau jeu de se faire valoir auprès de médias compatissants.

Est-ce que l'adhésion populaire garantit à elle seule la réussite d'un projet ? Non. Surtout que le concept devient très relatif quand subsiste une opposition. À Saint-Ferdinand, dans le Centre-du-Québec, le projet de parc éolien de la société Enerfin divise encore la population. Et ce n'est pas le seul. Bien des projets hydroélectriques, importants ou mineurs, voient le milieu se partager en deux camps, pour ou contre.

Les Innus de Maliotenam menacent encore de bloquer le projet de la Romaine, parce qu'ils estiment que les lignes de transport passeront sur leur territoire ancestral. Ont-ils tort ou raison ? Leur colère est-elle due au fait que la compensation offerte n'était pas sufisante en regard des compensations que les autres bandes avoisinantes avaient obtenues ? Chose certaine, il est de la responsabilité des promoteurs de faire la part des choses entre les caprices et les revendications légitimes, puis d'agir en conséquence.

C'est un des mandats que vient d'accepter Lucien Bouchard. Il a déjà le mérite de reconnaître un autre trait de notre chère société distincte...

LE PÉTROLE

La Libye et la planète pétrole

La situation de la Libye inquiète. Correction : la situation du pétrole en Libye inquiète. Admettons-le : que savons-nous exactement de la Libye et de son peuple ? En dehors des frasques du colonel Kadhafi ? Pas grand-chose, à part qu'il s'y trouve beaucoup, beaucoup de pétrole (suite sur mon blogue).

Vos réactions

" Transformer du CO2 en pétrole (pétrole bleu) serait peut-être une belle avenue afin de contrer les hausses du prix du pétrole noir. À suivre ! "

- François Bournival

" Ça va être beau quand toute cette bande de dictateurs sera forcée de partir par le peuple et par les gouvernements étrangers. Entre vous et moi, les Occidentaux aimeraient vraiment mieux que ces pays gardent leurs dictateurs pour éviter la turbulence. "

- SB

" Les dictatures qui semblent vouloir disparaître seront remplacées par les militaires qui n'ont rien à faire avec la démocratie, tout simplement parce qu'ils ne savent pas ce qu'est la démocratie. "

- YBertrand

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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