La valeur des propriétés au Québec ne baisse pas, selon les données trimestrielles des chambres immobilières. Pas encore, mais ça ne saurait tarder, dit la Banque Nationale. La variation de son indice Teranet du prix des maisons a déjà chuté en dessous du zéro absolu en octobre à Québec, et oscille très faiblement en terrain positif à Montréal et à Ottawa-Gatineau.
En octobre, l'indice du prix des maisons revendues à Québec enregistre une baisse de 0,86 %. Une fois désaisonnalisée par la Banque, la diminution nominale est de 0,80 %, précise Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.
Sur le terrain, les évaluateurs s'ajustent, après l'effervescence des quatre dernières années dans le marché résidentiel de la capitale. «On n'a pas encore commencé à enlever de la valeur, mais on inscrit des augmentations nulles pour les derniers mois», dit Steven Lavoie, évaluateur chez ECGL, une division de Raymond Chabot Grant Thornton.
Il est tout de même étonné par cette baisse importante de l'indice pour l'agglomération de Québec. «Ça me surprend, dit-il. Mais on voit un ralentissement du marché, c'est clair. Dans nos évaluations, il faut faire très attention. Si le marché ne reprend pas, c'est sûr qu'on va faire des corrections à la baisse : notre mandat, c'est d'évaluer le marché.»
Au Mouvement Desjardins, l'économiste Chantale Routhier signale que, depuis le troisième trimestre, le marché de Québec est devenu «équilibré» : il est également à l'avantage des vendeurs que des acheteurs. Une première «depuis au moins 2002».
À Montréal et à Ottawa-Gatineau, les baisses de l'indice Teranet-Banque Nationale sont moins marquées, de 0,28 et 0,37 % respectivement. Une fois ces deux villes désaisonnalisées, Marc Pinsonneault indique qu'elles enregistrent plutôt de très légères hausses de leurs indices en octobre, de 0,20 % chacune. Autrement dit, dans ces agglomérations, l'augmentation de la valeur des maisons stagne à peine au-dessus de la cible d'inflation de la Banque du Canada. Des hausses pratiquement nulles par rapport au coût de la vie.
La faute du fédéral
Pour les analystes, le resserrement des règles de la Société canadienne d'hypothèques et de logement décidé en juin par Ottawa sont en grande partie responsables du ralentissement actuel du marché.
L'Association canadienne des conseillers hypothécaires accrédités blâme Ottawa pour le ralentissement du marché. Parmi les acheteurs potentiels ayant besoin des garanties de la SCHL, environ 11 % ne peuvent plus se permettre de faire une acquisition, selon l'économiste en chef de l'organisme, Will Dunning.
UN INDICE DE LA HAUSSE DES VALEURS
L'indice Teranet-Banque Nationale est généralement considéré comme l'un des indicateurs les plus fiables de l'état du marché immobilier.
Au lieu d'inclure les prix totaux de toutes les propriétés vendues par des courtiers, comme les statistiques des chambres immobilières, cet indice vise uniquement les propriétés ayant déjà été vendues dans le passé et revendues au moins une deuxième fois. «Ce qui entre dans le calcul, ce n'est pas un prix, mais un taux de croissance du prix», explique Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.
Cette méthodologie fait que l'indice s'éloigne sensiblement de la hausse des valeurs médianes ou moyennes calculées par la Fédération des chambres immobilières du Québec, utilisées par la plupart des observateurs du marché. Selon la Banque Nationale, son indice élimine un biais important : la sous-représentation des propriétés plus modestes, en ces temps de baisse des transactions.
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