Paul Desmarais : entrepreneur, financier et philanthrope modèle

Publié le 19/10/2013 à 00:00

Paul Desmarais : entrepreneur, financier et philanthrope modèle

Publié le 19/10/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Le décès de Paul Desmarais fournit l'occasion de prendre la mesure de ce grand Canadien français, comme il se définissait lui-même. Né en Ontario, c'est au Québec qu'il a choisi de vivre, c'est à Montréal qu'il a établi le siège social de son conglomérat et c'est dans Charlevoix qu'il a établi sa résidence secondaire.

Il aurait pu s'installer ailleurs, payer ses impôts ailleurs et faire profiter d'autres peuples de sa philanthropie. Mais non, il nous a choisis par attachement à son pays et à la vie culturelle du Québec. Toutes les communautés avec lesquelles il a été en contact ont grandement bénéficié de son engagement.

Son apport à notre société n'a pas toujours été reconnu à sa juste valeur, les militants de gauche l'ayant associé à la droite radicale, les leaders syndicaux l'ayant décrit comme un capitaliste pur et dur et les ténors indépendantistes l'ayant vilipendé pour sa défense de l'unité canadienne. Aux yeux de plusieurs, Paul Desmarais symbolisait l'argent et le pouvoir financier, qui faisaient peur.

Cette diatribe a disparu du paysage québécois, mais certains esprits à la recherche de complots n'en continuent pas moins d'y aller d'insinuations ridicules. Si Paul Desmarais est resté un ennemi pour la «gau-gauche» et certains souverainistes, c'est à cause de sa crédibilité. On le savait capable d'exprimer ses vues sur les grands enjeux, une marque de courage trop peu imitée par les gens d'affaires.

Un entrepreneur exceptionnel

Paul Desmarais s'est d'abord illustré par ses capacités entrepreneuriales exceptionnelles. Parti de rien, il a défoncé des portes, acheté, vendu et redressé de nombreuses entreprises, négocié des financements audacieux. Il a foncé, mais il a su aussi s'incliner devant les murs que certains milieux (Bay Street) ont dressés sur sa voie et devant les interdits des gouvernements. Il ne s'est pas entêté, sachant que d'autres occasions se présenteraient.

Paul Desmarais est probablement le plus grand financier canadien, car il a réalisé des centaines de transactions et a eu recours à plusieurs tactiques (achats par endettement, prises de contrôle inversées, échanges d'éléments d'actif, etc.) pour en faire des réussites.

Il a pris son virage financier avec l'achat en 1968 de Power Corporation. C'est après cette transaction qu'il a fait le ménage dans les sociétés industrielles acquises au fil des ans pour se concentrer sur le secteur financier (avec les achats de Great-West, London Life, Irish Life, Investors, Mackenzie, Putnam Investments) et sur l'acquisition de participations minoritaires dans de grandes sociétés européennes (Total, Lafarge, Imerys, GDF Suez, Pernod Ricard). Il a montré qu'il ne fallait pas tomber amoureux d'actifs et qu'il fallait savoir s'en départir au moment opportun. Ainsi, n'ayant pu fusionner Domtar, que contrôlait le gouvernement du Québec, et Consolidated Bathurst, qu'il contrôlait, il a revendu cette dernière juste avant que le marché des pâtes et papiers ne s'effondre.

Il a investi dans l'industrie des médias, mais Power ne détient plus que des quotidiens francophones du Québec et d'Ottawa. L'avenir dira si les fils de M. Desmarais auront le même intérêt que lui pour leur maintien au sein de l'empire.

Un modèle sur plusieurs plans

Son succès financier reposait sur six principes, qu'il a énoncés dans un discours en 1998, et qui devraient inspirer autant les gestionnaires que les investisseurs individuels : acheter des actifs de qualité à prix raisonnable, cibler son action, viser le long terme, être prudent en matière de financement, s'entourer de bons gestionnaires et contribuer au bien-être de la collectivité.

Il a probablement été le plus grand philanthrope du Québec. Plusieurs de ses dons à l'éducation, à la santé et aux arts sont connus, mais il a préféré la discrétion pour de nombreuses contributions.

Paul Desmarais se définissait davantage comme propriétaire que comme gestionnaire de ses sociétés. Il pouvait ainsi se concentrer sur l'analyse des tendances et des marchés, les grandes orientations, les stratégies, les transactions ainsi que les relations d'affaires et gouvernementales.

Aucun financier canadien n'a tissé autant de liens avec des chefs de gouvernement. Pionnier des relations d'affaires avec la Chine, il a montré que le repli sur soi était une erreur.

Pour toutes ces raisons, il restera un citoyen modèle qui devrait tous nous inspirer.

jean-paul.gagne@tc.tc

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