Des infirmières et des médecins qui chantent tandis que de (faux) patients se raniment sur leur civière... Sur la chanson Un jour, un jour, de Donald Lautrec, le lipdub de l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal a fait l'effet d'une bombe... marketing. " C'était un pari risqué pour un hôpital à vocation universitaire comme le nôtre ", raconte Daniel Dubé, directeur des ressources humaines. Pourtant, l'équipe de l'établissement n'a pas hésité à participer bénévolement à cette vidéo, qui montre aux jeunes que travailler dans un hôpital peut être agréable.
Quelque 70 000 visionnements et 2 600 c.v. plus tard, c'est mission accomplie. " En six semaines seulement, nous avons réussi à recruter 200 employés, dont des infirmières, alors que l'embauche pour ces postes se concentre habituellement en mai, moment où les finissants décrochent leurs diplômes ", indique le directeur. L'initiative a d'ailleurs été récompensée par de nombreux prix, en plus d'avoir été relayée à l'étranger par l'Agence France-Presse.
Offensive Web à Québec
À Québec aussi, on tente de séduire la relève. " Depuis quelques années, nous embauchons près de 1 200 travailleurs par an et de ce nombre, 90 % ont moins de 25 ans ", dit Michel Boudreault, directeur des ressources humaines et du développement des compétences au Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ). Pour attirer ces futures recrues, le CHUQ a donc mis sur pied une importante offensive publicitaire sur certains sites ciblés, et à la radio dans la région. Les recruteurs sont même allés jusqu'à participer à des 5 à 7 dans les bars, où ils ont fait des entrevues sur place, explique M. Boudreault. " Disons que nous utilisons des moyens de recrutement auxquels nous n'aurions jamais pensé il y a cinq ans ! "
Des initiatives qui ont porté fruits. " Lors de nos campagnes de recrutement intensives des deux dernières années, nous avons reçu, en l'espace de quatre semaines, 2 200 c.v. en novembre 2009, et 2 800 en octobre 2008 ", précise-t-il.
Aux petits soins
S'il faut jouer des coudes pour attirer les jeunes, encore faut-il savoir les conserver. " D'un côté, la jeune génération accorde plus d'importance aux questions de conciliation travail-vie personnelle. De plus, le marché de l'emploi est très favorable pour eux ", indique M. Boudreault.
C'est une des raisons qui a poussé le CHUQ à implanter en 2009 le programme Privilèges, qui chouchoute les employés. " Nous offrons toute une gamme de services sur place, comme nettoyeur, cordonnerie, lavage de voiture, cours, etc. Les employés bénéficient également de rabais auprès de plusieurs partenaires, comme des magasins, des spas, précise le directeur des ressources humaines. Au total, le programme compte sur 110 partenaires. " L'établissement a aussi mis sur pied le programme Mon coach santé. Ce nouvel outil interactif permet à chacun de déterminer son profil santé, en plus d'offrir accès à des outils et des ressources dans ce domaine. Les utilisateurs peuvent même discuter en ligne avec une infirmière et une nutritionniste. Plusieurs mesures ont également été mises sur pied pour encadrer les recrues. " Ce sont des avantages qui attirent les jeunes et qui ont un effet positif sur le climat de travail ", soutient-il.
Horaires à la carte
Ce genre de programmes n'est pas unique au CHUQ. L'Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) offre également une multitude de services pour simplifier la vie de ses employés. Mais l'établissement montréalais a décidé de s'attaquer au problème de conciliation travail-vie personnelle. Dès ce printemps, un projet-pilote sera mis en place, notamment à l'urgence, pour limiter le temps supplémentaire.
" Il faut sortir des sentiers battus pour offrir des horaires plus souples et mieux adaptés à la réalité des travailleurs ", dit Sylvie Ménard, conseillère-cadre au développement organisationnel et à la gestion des talents. Une enquête est en cours pour comprendre la réalité du personnel. Par exemple, offrir un horaire sur quatre jours pourrait être intéressant pour les employés qui vivent loin de l'hôpital, ce qui leur permettrait d'éviter une journée de transport. " Si la plupartde nos employés ont la garde partagée de leurs enfants, peut-être aimeraient-ils travailler moins pendant la semaine qu'ils passent avec eux ", illustre la conseillère.
Si plusieurs options sont sur la table, rien n'est encore décidé, précise Mme Ménard. " Nous regardons toutes les ententes locales au Québec pour voir ce qui pourrait être appliqué chez nous. De plus, les solutions ne seront peut-être pas les mêmes à l'urgence qu'en hémodialyse, par exemple. "
LES BESOINS EN MAIN-D'OEUVRE AU QUÉBEC
2 100 médecins manquent au Québec, dont 1 000 spécialistes
3 000 infirmières sont recherchées et il en manquera près de 5 000 en 2014-2015
5 800 préposés aux bénéficiaires devront être remplacés d'ici 2014-2015
500 technologues du domaine de la santé manquent à l'appel pour 2010-2015
165 physiothérapeutes sont recherchés, tout comme 147 ergothérapeutes et 159 orthophonistes
145 postes de pharmaciens d'établissements de santé sont à combler, et il y en aura 266 en 2014-2015
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