Vous venez d'acheter, avec cinq partenaires, les entreprises de construction de Tony Accurso, empêtré dans ses démêlés avec le fisc et la justice. Est-ce une opération cosmétique à la veille de l'attribution des contrats pour d'importants chantiers publics, comme ceux de l'échangeur Turcot et du pont Champlain ?
En matière de transparence, nous sommes des précurseurs, avec un conseil formé majoritairement d'administrateurs indépendants. Et nous venons de conserver au Québec la propriété de ces entreprises, en coiffant au fil d'arrivée des acheteurs potentiels américains et espagnols. Nous souhaitons maintenant avoir l'aval de l'Autorité des marchés financiers. Notre éthique sera irréprochable ; ce sera tolérance zéro. Il nous faut regarder vers l'avant. Et si nous avons mis notre chemise en garantie, c'est parce que nous croyons fermement dans nos chances de réussite.
Pourquoi avoir inclus dans le Groupe les deux fils Accurso, qui rappellent inévitablement le souvenir de leur père ?
Les deux ont été formés en ingénierie, et la construction fait partie de leur ADN. Et ils ne sont pas n'importe qui. L'aîné, James, est un des plus grands spécialistes dans la construction de tunnels. Il a travaillé aux projets de La Romaine et de SM3, sur la Côte-Nord, et sur de grands chantiers internationaux. Marco est lui aussi tombé dans la marmite quand il était plus jeune. Mais ils sont devenus du fait de leur nom de famille des victimes par association. Si on ne les prenait pas avec nous, ils risquaient de faire valoir leurs compétences ailleurs et de nous faire concurrence. Nous sommes conscients du risque de perception, mais ils ne siègent pas au conseil d'administration et ils demeurent minoritaires au sein du Groupe.
En quoi vos états de service antérieurs, à l'AMT et ailleurs, vous rendent-ils apte à diriger des entreprises de construction ?
Tout le monde n'est pas au courant, mais j'ai passé presque toute ma vie dans l'industrie de la construction. Mon grand-père a créé, en 1948, Dragon Construction, une entreprise qui existe toujours et qui était située à l'origine à Rigaud. Il l'a vendue en 1975 à cinq de ses fils, dont mon père. J'ai été élevé dans l'entreprise et j'y ai exercé à peu près tous les métiers, de chauffeur de camion lourd, du temps des chantiers à la baie James, à avocat pour les dossiers importants. À 25 ans, j'ai quitté l'entreprise familiale pour faire mon droit, en me spécialisant dans le droit de la construction. Je connais très bien l'industrie, j'ai représenté à peu près tous les gros joueurs... sauf, ironiquement, les entreprises liées à Tony Accurso.
CV
Nom : Joël Gauthier
Titre : Président et chef de la direction
Organisation : Groupe Hexagone
Joël Gauthier a été pdg de l'Agence métropolitaine de transport (AMT) de 2003 à 2012.
150 M$
Les six associés du Groupe Hexagone déboursent 150 millions de dollars pour racheter les entreprises de contruction de Tony Accurso.
