«Nos prochaines acquisitions seront dans des secteurs connexes à l'impression» - François Olivier, pdg de TC Transcontinental

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:36

«Nos prochaines acquisitions seront dans des secteurs connexes à l'impression» - François Olivier, pdg de TC Transcontinental

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:36

François Olivier, président et chef de la direction de TC Transcontinental, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires, tenu le 19 septembre à Montréal. Il a répondu aux questions de notre journaliste Dominique Beauchamp.

Les Affaires - Pour croître dans les secteurs en déclin de l'impression et des médias traditionnels, il vous faut des acquisitions. Quels sont vos projets ?

François Olivier - Puisque les secteurs de l'impression et des médias sont déjà consolidés, nous regardons dans deux autres directions : offrir de nouveaux services à nos clients existants ; et mettre notre savoir-faire manufacturier à contribution. Le premier axe consisterait à proposer de nouveaux services aux grands détaillants qui nous fournissent déjà 900 millions de dollars de notre chiffre d'affaires. Depuis peu par exemple, nous produisons toutes les semaines du matériel promotionnel de point de vente pour les magasins de quatre clients, Shoppers, Future Shop/Best Buy, Metro et Canadian Tire. Ces contrats représentent déjà des revenus de 25 millions de dollars, et l'usine pourrait tripler ses revenus d'ici trois ans. Nous pourrions combler d'autres besoins de la chaîne d'approvisionnement des détaillants. Pour ce qui est de transformer notre compétence manufacturière en une nouvelle source de revenus, nous sommes encore au début de notre réflexion. D'ici trois ans, on déploiera nos capitaux dans ces idées-là.

L.A. - Est-ce que ces projets d'acquisitions coïncident avec l'achèvement en 2014 des synergies de 50 millions de dollars de l'intégration de l'imprimeur Quad/Graphics ?

F.O. - Pas du tout. Ces projets ont plus à voir avec l'évolution récente de l'entreprise. Nous avons mené à bien un programme d'immobilisations de 700 millions de dollars, de 2007 à 2010, et notre exploitation dégage maintenant des flux de trésorerie excédentaires d'environ 200 M$ par année. Nous avons les moyens d'investir dans une nouvelle plateforme de croissance tout en distribuant des dividendes croissants.

L.A. - Les analystes indiquent que vous avez offert des mesures incitatives à la signature de contrats, après l'achat de Quad. Qu'en est-il ?

F.O. - Avec l'achat de Quad, on est devenu l'imprimeur de 70 % des détaillants du pays. On a partagé une partie des synergies de l'intégration de Quad avec eux en offrant des mesures incitatives aux clients qui signaient des contrats à long terme. Tout le monde a renouvelé son engagement avec nous. En retour, on leur propose d'autres produits de notre portefeuille de solutions marketing, comme le matériel de point de vente, par exemple. De cette façon, on sécurise nos flux de trésorerie pour plusieurs années. Ils ont aussi une raison de moins d'aller voir nos concurrents américains.

L.A. - En quoi la croissance de l'édition scolaire est-elle stratégique ?

F.O. - L'impression de manuels scolaires fait partie des sources de revenus que nous recherchons pour équilibrer notre portefeuille, parce les revenus ne dépendent pas de la publicité. Nous avions déjà Chenelière Éducation et nous avons acquis le plus important éditeur de ressources pédagogiques de langue française du Canada, les Éditions Caractère, ainsi que notre principal rival, Groupe Modulo. On fera d'autres achats. On investit aussi. Même si l'adoption des tablettes en milieu scolaire est encore lente, tous nos livres sont offerts en version tablette. Nos médias spécialisés interentreprises (B2B) font aussi partie de ce groupe en croissance. Par exemple, nous avons déposé une soumission pour le site d'appel d'offres dans la construction en Ontario, avec le Groupe CGI, qui est notre partenaire pour le système électronique d'appel d'offres du gouvernement du Québec. Cette division représente des revenus de 100 millions de dollars qui sont appelés à croître.

L.A. - Avez-vous réussi à combler la perte du contrat d'impression et de distribution des circulaires de Zellers ?

F.O. - Le plus gros impact de la perte de ce contrat a été ressenti au troisième trimestre que nous venons de terminer. L'impact sera bien moindre au prochain trimestre. (Même si Québecor vient d'obtenir la distribution des circulaires de Target au Québec), on espère qu'à mesure que le détaillant déploiera son réseau de 125 magasins au Canada, il percevra l'avantage de faire imprimer ses circulaires dans notre réseau pancanadien, de manière efficace. Dans les journaux, nous venons d'obtenir le contrat d'impression du Calgary Herald pour cinq ans. Chaque journal qui a encore ses propres presses est un client potentiel pour nous. Au Canada, Postmedia (The Gazette, Vancouver Sun, The Province, The Edmonton Journal, Ottawa Citizen, etc.) et le Toronto Star impriment encore leurs journaux.

UN TITRE QUI DIVISE LES ANALYSTES

Après avoir bondi de 86 % depuis un an, le titre de l'imprimeur et éditeur TC Transcontinental (Tor., TCL.A, 14,95 $) divise les financiers. Leurs cours cibles varient en effet de 9 à 16 $.

Tous saluent les économies importantes que la société tire de l'acquisition de l'imprimeur Quad/Graphics, mais les analystes ne sont pas tous convaincus qu'elles seront suffisantes pour contrer le déclin de ses revenus internes, une fois que l'effet des synergies s'estompera à partir de l'an prochain.

Si on élimine l'effet des acquisitions, les revenus d'impression déclinent depuis quatre trimestres, note Colin Moore, de Credit Suisse.

«Il sera crucial que l'entreprise reste concentrée sur ses coûts, étant donné le déclin des revenus d'impression», indique M. Moore.

Au cours actuel, Paul Steep, de Banque Scotia, est neutre à l'égard du titre, parce que «les pressions sur les revenus d'impression et de publicité pourraient faire échec aux synergies du réseau d'imprimerie», dit-il.

Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity, recommande de vendre le titre. Il prévoit un recul de 3,7 % du bénéfice d'exploitation en 2014, en raison d'une baisse prévue de 3 % des revenus d'impression, même en tenant compte des nouveaux contrats de Shoppers Drug Mart et du Calgary Herald, au Canada, et de la chaîne de supermarchés Safeway, aux États-Unis.

Hausse possible de 10 à 20 % du dividende

Les analystes les plus optimistes soulignent surtout la capacité de l'entreprise de procurer un rendement à ses actionnaires.

Ainsi, Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, indique que les flux de trésorerie excédentaires prévus en 2014 équivalent à 20 % du cours de l'action et que le dividende actuel de 0,58 $ par action représente à peine 24 % de ces flux. À moins d'une acquisition majeure, l'analyste croit possible que la société augmente son dividende de 20 %, en mars 2014.

M. McReynolds s'attend aussi à ce que la concurrence plus intense entre les détaillants stimule la demande de circulaires, de coupons et d'autre matériel imprimé ou virtuel.

Le titre est très sensible à son évaluation : chaque hausse de 0,5 du ratio cours/bénéfice d'exploitation ajoute 1,75 $ à la valeur de l'action de l'entreprise.

Les revenus de l'imprimeur devraient aussi profiter du fait que les contrats renouvelés après l'achat de Quad/Graphics, en mars 2012, ne contiennent plus les concessions de prix accordées lors de leur signature, dit Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.

Il mise sur une hausse annuelle de 10 % du dividende en 2014 et en 2015. La société rachète aussi environ 5 % de ses actions par année. D.B.

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