Quand Joanne Lalumière a passé l'entrevue d'embauche pour le poste de directrice générale du Zoo de Granby en 2003, sa vision tenait à trois mots clés : animaux, biodiversité et environnement. Dix ans plus tard, à la veille de sa retraite, en juin, elle peut dire : «Mission accomplie !»

«À six ans, je découpais des articles sur l'environnement, dit la dirigeante de 62 ans. J'ai étudié en géographie, en environnement, en aménagement du territoire. La relation de l'homme avec la nature m'a toujours préoccupée.»

Joanne Lalumière est d'ailleurs arrivée au Zoo forte de plusieurs réalisations en environnement, elle qui avait piloté des études d'impact et instauré un système de gestion environnementale chez Hydro-Québec.

Le parc animalier, de son côté, avait fait un bout de chemin en développement durable. La réduction du gaspillage et la réutilisation étaient déjà ancrées dans les habitudes, les ressources étant limitées. «Chaque bout de bois, chaque vis étaient gardés au cas où», dit la directrice générale.

La règle du 80-20

Mais en matière d'économie d'énergie, d'eau et de gestion des matières résiduelles, il y avait beaucoup à faire. Joanne Lalumière a décidé de se concentrer là-dessus, plutôt que sur l'adoption d'une politique de développement durable. Pour elle, il était alors plus urgent de passer à l'action que de s'asseoir autour d'une table pour discuter de mots. Résultat ? Les premières mesures d'économie d'eau ont réduit de 70 % la consommation sur deux ans.

«Je crois à la règle du 80-20. Commençons par obtenir des gains rapides en nous occupant des améliorations les plus évidentes. Après, penchons-nous sur le 20 %», dit celle dont l'un des premiers gestes a été d'embaucher un coordonnateur à l'environnement.

La directrice générale a aussi insisté pour que la modernisation du zoo, amorcée peu après son entrée en fonction, se réalise dans le respect des principes de développement durable.

Cette cure de rajeunissement, effectuée au coût de 60 millions de dollars de 2004 à 2010, a d'ailleurs permis de diminuer de 21 % la production de gaz à effet de serre, bien que la consommation d'énergie ait augmenté du fait de l'ajout de pavillons. Le choix de la géothermie et la démolition des bâtiments chauffés au gaz naturel expliquent en grande partie ces résultats.

Mme Lalumière a aussi imposé la géothermie dans les nouveaux bâtiments, contre l'avis de l'ingénieur de projet. «J'ai tenu mon bout.» Elle s'en félicite : la géothermie génère des économies de 300 000 $ par an en énergie. «Sur 40 ans de vie utile, cela représente 12 M$ !»

Afin de favoriser les retombées régionales, le Zoo, qui emploie jusqu'à 600 personnes l'été, a procédé par appels d'offres sur invitation pour la réalisation des travaux. Quelque 70 % des montants ont ainsi été investis dans un rayon de 50 km autour de Granby.

C'est finalement en 2009 que le Zoo adopte sa politique de développement durable. L'année suivante, au lieu de remplacer le poste de coordonnateur à l'environnement devenu vacant, Joanne Lalumière préfère lancer la balle dans le camp de ses directeurs. Désormais, un comité sur l'environnement établira les actions d'amélioration, puis les directeurs de chaque service disposeront d'un budget pour les appliquer.

«Ça incite chacun à s'approprier le développement durable, un aspect qui fait d'ailleurs partie des objectifs de performance», explique-t-elle.

Recherche et conservation

Elle augmente aussi le budget consacré à la recherche et aux projets de conservation des espèces menacées, la modernisation ayant doublé le chiffre d'affaires qui atteint 22 M$. Aujourd'hui, le parc collabore avec 5 universités au lieu d'une il y a 10 ans, et le nombre de projets est passé de 4 à 14.

À la demande de sa directrice générale, l'entreprise sans but lucratif a embauché en janvier son premier directeur de la recherche et de la conservation. Une initiative en accord avec le plan stratégique 2012-2020 qui prévoit développer davantage le pôle scientifique, lequel regroupe l'éducation, la recherche et l'environnement.

Après avoir orchestré un virage vert et conduit le Zoo de Granby à un niveau international, Joanne Lalumière peut partir la tête haute. La transition se fera en douceur pour celle qui a eu droit à une ovation lors de l'annonce de son départ aux employés. Elle oeuvrera en effet comme conseillère stratégique auprès du CA jusqu'à la fin de 2014.