Mieux vaut louer à Sept-Îles... si possible !

Publié le 06/04/2013 à 00:00

Mieux vaut louer à Sept-Îles... si possible !

Publié le 06/04/2013 à 00:00

La firme d'ingénierie Golder Associates a envoyé Jonathan Martel dans la métropole de la Côte-Nord pour un contrat temporaire. À peine descendu de l'avion, le bureau local lui a fait une offre difficile à refuser. Mais pour se loger, bonne chance !

«Ils m'ont dit : "Si tu veux rester ici, t'as un job permanent !" raconte le Sherbrookois d'origine. C'est intéressant pour moi : ça me fait faire un bond de cinq ou six ans dans ma carrière, pour ce qui est des responsabilités, des salaires...»

En janvier 2012, il se cherche donc un toit à Sept-Îles. Mais son magasinage l'a vite découragé d'acheter. «Pour acquérir un bungalow au prix du marché, on aurait dû réduire nos sorties dans le sud du Québec. C'était au moins 250 000 $... Pour une maison à deux étages, c'était 400 000 $ et plus, dit Jonathan Martel. Ce qui coûte 350 000 $ à Sherbrooke, ici, c'est 600 000 $.»

Les statistiques lui donnent raison. Au 31 décembre 2012, le prix médian d'une maison unifamiliale avait grimpé de 14 % sur un an dans la capitale du fer, pour atteindre 235 000 $. Selon les chiffres de la Fédération des chambres immobilières du Québec, la ville est devenue la plus chère après les régions de Montréal et Québec.

Découragés par le prix des maisons, Jonathan Martel et sa conjointe ont décidé de louer la maison mobile du frère d'un collègue, dans le secteur Place de la Boule, loin de tous les services, à 15 minutes de route de la ville. «On paye 1 265 $ par mois, dit-il. C'est cher, mais dans le marché septilien, c'est quand même raisonnable.»

Avec le boom minier dans le nord de la Côte-Nord et au Labrador, la quantité de minerai qui transite au terminal minéralier de Pointe-Noire a augmenté de 49 % en 2012. Mais le prix des métaux baisse et l'industrie commence à ralentir. Au Mouvement Desjardins, l'économiste Chantal Routhier prévoit d'ailleurs une stagnation du marché immobilier dans les villes où a lieu le boom minier, comme Sept-Îles et Port-Cartier, sur la Côte-Nord, mais aussi Rouyn-Noranda et Val-d'Or, en Abitibi. «Pour 2013, je m'attends à un maintien ou à un recul des prix», dit-elle.

Quelques jours après son entretien avec Les Affaires, Cliffs Natural Resources annonçait la fermeture de ses installations de bouletage de la Pointe-Noire, dans la Baie des Sept Îles.

Un douloureux rappel des sombres années 1980, quand une autre usine de bouletage, celle de l'Iron Ore Company, avait fermé ses portes. Environ 700 personnes avaient alors perdu leur emploi, et la population de la ville était passée de 31 000 à environ 20 000 habitants.

Ruée vers l'aluminium

Cela dit, l'économie de la ville est plus diversifiée qu'à l'époque. Depuis les années 1990, le plus grand employeur à Sept-Îles est l'Aluminerie Alouette, qui doit s'agrandir d'ici 2019. Si le projet va de l'avant, des milliers de travailleurs afflueront. Dans un tel scénario, les problèmes de logement deviendront cauchemardesques. Jonathan Martel veut trouver une solution. Avec quelques collaborateurs, il planche sur une coopérative de 20 à 30 appartements. Plusieurs entreprises participent aux discussions : l'ajout de logements faciliterait leur recrutement. Mais les terrains sont rares à Sept-Îles, et Jonathan Martel ne sait toujours pas où la coopérative pourrait s'installer.

Avec un taux d'inoccupation de 0,2 % dans le locatif, les entrepreneurs devraient accourir. Mais le spectre des années 1980 les refroidit, dit Denis Clements, directeur général adjoint de la Ville. «Pour l'instant, il y a une demande pour des investissements dans la région. Mais y en aura-t-il dans quatre, cinq ans ?» Les gens d'affaires semblent répondre par la négative. Cette année, la municipalité a offert en appel d'offres des terrains pour y construire des appartements. «Nous avons envoyé les documents à 50 entreprises, à deux reprises, raconte Denis Clements. Nous n'avons eu aucune proposition.»

+ 14 %

Le prix moyen des unifamiliales (235 000 $) à Sept-Îles a augmenté de 14 % au quatrième trimestre de 2012 par rapport au trimestre précédent. Source : Fédération des chambres immobilières du Québec

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