Les résidus de fruits et légumes valorisés

Publié le 27/03/2010 à 00:00

Les résidus de fruits et légumes valorisés

Publié le 27/03/2010 à 00:00

Nutra Canada a lancé en janvier dernier ses activités d'extraction de fruits et de légumes dans sa nouvelle usine de Champlain, en Mauricie, construite au coût de 5,2 millions de dollars. L'usine, la première du genre au Québec, peut traiter jusqu'à 2 000 tonnes de biomasse par an.

Les fruits et légumes de deuxième qualité et les résidus d'entreprises de transformation sont traités au bioréacteur, à l'extracteur, à l'évaporateur et à l'atomiseur. Il en résulte une poudre qui peut être intégrée dans des produits alimentaires, tels que jus, yogourts, biscuits et barres tendres.

Cette entreprise est le résultat d'un programme de R-D mené en collaboration avec le Conseil national de recherche du Canada et l'Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l'Université Laval. C'est André Gosselin, professeur titulaire au Département de phytologie de cette université, horticulteur et copropriétaire des Fraises de l'Île d'Orléans, qui en a eu l'idée.

Il y a une dizaine d'années, il a commencé à faire pousser des plantes médicinales dans l'érablière familiale de l'île d'Orléans. Il voulait les transformer en extraits, mais s'est rendu compte qu'il n'y avait aucune usine d'extraction au Québec. Il a donc entrepris des recherches pour mettre au point un procédé d'extraction. Les travaux se sont ensuite étendus aux fruits et légumes, et plus particulièrement aux petits fruits, riches en antioxydants.

M. Gosselin n'en est pas à sa première innovation. Par exemple, il a joué un rôle clé dans la mise au point d'une technologie d'éclairage photosynthétique pour les serres qui permet aux tomates, aux concombres, aux laitues et aux poivrons de pousser en toutes saisons au Québec. C'est aussi grâce à ses travaux de recherche que la culture du fraisier à production continue a été mise au point, de telle sorte qu'on peut désormais savourer des fraises du Québec de juin à septembre.

Enfin, il est à l'origine des premiers cultivars de fraisiers et de framboisiers nutraceutiques du monde, qui contiennent un taux élevé d'antioxydants. Le gouvernement du Québec lui a décerné le prix Lionel-Boulet 2009 pour son apport scientifique.

Valoriser les plantes d'ici

Pour le moment, Nutra Canada se concentre sur la production d'extraits de bleuets, de canneberges et de fraises. Elle passera ensuite aux oignons, aux épinards et au brocoli. D'autres espèces végétales suivront.

" Nous voulons valoriser uniquement des plantes qui poussent ici, dit M. Gosselin, qui est président de la PME. Il n'est pas question d'importer des végétaux, car ce serait contraire à nos principes de développement durable. "

Fruits d'Or, un important transformateur de canneberges et de bleuets établi à Notre-Dame de Lourdes, est pour l'instant son principal fournisseur. Mais d'autres transformateurs, notamment Bonduelle et Lassonde, fourniront prochainement les fruits et légumes de qualité moindre et les résidus dont Nutra Canada a besoin.

Plusieurs débouchés

M. Gosselin vise surtout un marché international, bien que certaines entreprises d'ici sont intéressées par ses produits. Biscuits Leclerc, notamment, a manifesté l'intention de les utiliser pour certaines de ses barres tendres. Ce fabricant de Saint-Augustin-de-Desmaures est un partenaire de recherche de Nutra Canada.

Les fabricants d'aliments fonctionnels et de produits de santé naturels en particulier sont dans la mire de la nouvelle entreprise.

" Il est prouvé que les antioxydants et les composés phénoliques des fruits et légumes peuvent prévenir certaines maladies, explique M. Gosselin. Nos extraits contiennent des molécules actives qui présentent ces bénéfices. "

L'industrie des cosmétiques est un autre débouché possible. " Certains fabricants voudront probablement remplacer les extraits d'origine animale qu'ils utilisent par des extraits végétaux. "

Nutra Canada a conclu des ententes avec des distributeurs du Québec, de l'Ontario des États-Unis et de France.

Encore des travaux de recherche

Parallèlement au démarrage de son usine, la jeune entreprise poursuit quelques projets de recherche et développement en collaboration avec divers partenaires.

Un de ces projets consiste à identifier des plantes forestières indigènes qui auraient des propriétés médicinales ou cosmétiques. Un autre porte sur l'emploi d'extraits de fruits et légumes pour prévenir la formation de molécules toxiques dans les viandes rouges.

Nutra Canada envisage déjà une expansion. M. Gosselin souhaite que les travaux commencent dès l'an prochain.

UNE USINE ALIMENTÉE AU BIOGAZ

Le procédé de fabrication de Nutra Canada s'appuie sur les principes de développement durable.

Ainsi, pour alimenter son usine en énergie, l'entreprise s'est installée à proximité du site d'enfouissement sanitaire de Champlain qui l'approvisionne en biogaz.

Les rejets des fruits et légumes traités (les rejets de rejets, donc) sont compostés.

" De plus, le fait de s'approvisionner en fruits et légumes auprès de transformateurs locaux et de valoriser des résidus et des rejets contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre ", insiste André Gosselin, président de Nutra Canada.

( PROFIL )

Nom : Nutra Canada

Activité : Production d'extraits de fruits, de légumes et de plantes médicinales

Siège social : Champlain

Effectif : 12 employés

Marché : International

Actionnaires : André Gosselin, Fraises de l'Île d'Orléans, Capitale Financière Agricole

Année de fondation : 2008

Site Web : www.nutracanada.ca

dossiers@transcontinental.ca

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