Les professions liées au génie attirent encore trop peu de femmes

Publié le 05/09/2009 à 00:00

Les professions liées au génie attirent encore trop peu de femmes

Publié le 05/09/2009 à 00:00

En 2008, les femmes ingénieures ne formaient que 9,5 % de l'effectif de la profession au Canada. Au Québec, où la proportion des ingénieures en exercice est la plus élevée au pays, elles ne représentaient que 11,1 % des membres de l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ).

Pourtant, depuis 1987, l'augmentation de la représentation féminine est au tableau des priorités d'action de cet ordre professionnel.

" La marche est très longue, convient Maud Cohen, qui vient d'être élue à la présidence de l'OIQ. L'avancée est lente, mais elle est régulière au fil des ans. "

Les compilations de l'OIQ pour l'année 2009 établissent à un peu plus de 12 % la proportion des femmes dans la profession, qui compte au total plus de 57 600 membres.

Chez les architectes, qui côtoient fréquemment les ingénieurs, la proportion des femmes s'élevait à 24,6 % au Canada selon les données de Statistique Canada pour l'année 2007.

" Il y a eu progression, mais il est clair que d'autres professions, la médecine, par exemple, ont été plus efficaces pour attirer les étudiantes, soutient Étienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour aller chercher notre part dans la population étudiante. "

Préjugé tenace

La désaffection relative des étudiantes du secondaire et du collégial pour les disciplines des sciences appliquées s'expliquerait en bonne partie par la perception qu'elles ont de la pratique professionnelle. Le génie ne leur inspire ni l'idéal des disciplines de l'éducation ni l'attrait social des professions de la santé.

" C'est une profession beaucoup trop anonyme, croit Darlene Hnatchuk, du Centre des carrières en génie de l'Université McGill. Beaucoup de gens ne savent pas ce que les ingénieurs accomplissent concrètement. "

Ingénieurs Canada, l'organisme qui regroupe les associations professionnelles du génie au pays, déplore qu'une large majorité des jeunes femmes associe encore la pratique du génie aux machines, à la construction, au travail en plein air ou au travail de bureau enfermé dans un cubicule, rivé à un ordinateur, peut-on lire dans son Étude sur le marché du travail dans les domaines de l'ingénierie, publiée en mai dernier.

" Il faudrait au moins que les jeunes filles renoncent au génie en connaissance de cause et pour de bonnes raisons ", croit Diane Riopel, ingénieure, professeure à l'École Polytechnique de Montréal et titulaire de la Chaire Marianne-Mareschal, vouée à la promotion du génie auprès des femmes. La Chaire participe chaque année aux tournées de promotion du génie dans les écoles secondaires et les collèges afin de montrer aux étudiantes toute la diversité des champs de pratique des ingénieurs.

Préparer la relève

" Il y a une constante, dit Maud Cohen. Les jeunes femmes se dirigent majoritairement vers des études traditonnelles, en santé et en éducation par exemple, parce qu'elles ont le sentiment qu'elles contribueront davantage à l'amélioration de la vie des gens. Elles ne perçoivent pas toutes les retombées sociales de notre profession. "

Aux yeux de la présidente de l'Ordre, le recrutement des jeunes femmes dans la profession doit s'accentuer et constituera un élément clé d'une campagne plus large en vue de préparer une relève dans la profession.

Au Québec, quelque 18 600 ingénieurs, hommes et femmes, sont âgés de plus de 50 ans, ce qui représente plus du tiers des membres de l'OIQ.

Des signes encourageants

La cause n'est pas désespérée. En effet, des signes avant-coureurs tendent à montrer que les femmes continueront de grossir les rangs professionnels. Selon la compilation la plus récente (juin 2009) d'Ingénieurs Canada, la proportion des ingénieures stagiaires en entreprise était deux fois plus élevée que la proportion des femmes ingénieures dans la profession, ce qui laisse entrevoir un rééquilibrage progressif à mesure que les stagiaires deviendront des ingénieures en exercice.

L'an dernier, il y avait dans les écoles et les universités québécoises 2 370 femmes inscrites au premier cycle universitaire; elles se concentraient dans le domaines du génie électrique, du génie mécanique et du génie civil. " Cette spécialité comprend le génie de l'environnement, qui attire beaucoup les jeunes femmes par sa dimension sociale ", croit Mme Cohen.

Le même intérêt pour les aspects sociaux de la profession a dû jouer à l'École Polytechnique de Montréal : l'an dernier, les deux tiers des inscriptions en génie biomédical, une nouvelle spécialité offerte pour la première fois, étaient des étudiantes. " Il faut leur dire que le génie comprend une multitude de champs d'intérêt et qu'elles pourront le faire évoluer comme elles le veulent ", poursuit Mme Cohen, pour qui le génie n'a pas été le premier choix. Passionnée par les sciences, elle se destinait à la médecine. " Au collège, j'étais dans les sciences de la santé. C'est là que j'ai commencé à connaître les sciences appliquées. Alors, après mon cours collégial, j'ai bifurqué vers le génie, qui m'intéressait davantage. "

EN MANQUE DE MODÈLES FÉMININS

Selon Ingénieurs Canada, l'une des causes de la faible représentation des femmes réside dans l'absence de modèles féminins. Denis Giroux, vice-président, ressources humaines, de Dessau, croit que le mouvement s'accélérerait si la profession valorisait davantage celles qui se démarquent. " Quand des femmes accèdent à des postes clés ou deviennent actionnaires d'une firme, cela donne beaucoup d'espoir à celles qui suivent ", dit-il.

Près du cinquième des ingénieurs de cette société lavalloise sont des femmes; chez celles qui comptent moins de cinq ans d'expérience, la proportion grimpe à près de 31 %.

" La profession a la réputation de n'être pas très accueillante aux femmes. Mais selon nos sondages, les femmes sont heureuses dans la pratique du génie. La majorité d'entre elles recommanderaient cette profession à leurs filles ", dit Maud Cohen, de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

dossiers@transcontinental.ca

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