Les machines tournent au ralenti et les emplois s'envolent

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:30

Les machines tournent au ralenti et les emplois s'envolent

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:30

Le phénomène touche l'ensemble des États industrialisés, à quelques exceptions près, mais le Québec avait jusqu'ici relativement réussi à y résister. Plus maintenant.

Le déclin du secteur manufacturier se confirme. Les machines tournent au ralenti. On produit de moins en moins chez nous.

En mars, 19 500 emplois manufacturiers ont disparu au Québec, alors que le bilan global, pour le mois, signalait une perte nette de 16 800 emplois. L'hémorragie est donc venue du secteur de la fabrication qui n'arrive plus à reprendre pied. Durant les trois premiers mois de l'année, il aura éliminé pas moins de 38 900 emplois. C'est énorme. En tout, il n'en reste plus que 468 000. C'est à peine 12 % de l'ensemble de la force de travail. La chute a été brutale : cette proportion atteignait 18,6 % en l'an 2000.

Est-ce à cause de la faiblesse récurrente du secteur forestier ? De celle du textile ? De l'affaiblissement de la pétrochimie ? Chose certaine, c'est mauvais signe pour les régions, dont l'économie repose traditionnellement sur l'exploitation des ressources et leur première transformation. Quand l'emploi manufacturier se racornit, elles sont directement touchées, puisque les emplois liés aux services sont essentiellement concentrés dans les grands centres.

C'est dommage, parce que le Québec s'en était plutôt bien tiré au cours des dernières décennies. La part du secteur manufacturier dans son PIB avait même augmenté entre 1990 et le début des années 2000, passant de 17 à 24 %. En France, au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs dans le monde industrialisé (sauf en Allemagne), elle s'était affaissée. Ailleurs au Canada, on était à peu près resté sur ses positions. Mais cette méchante tendance à la baisse nous a maintenant rattrapés, et Dieu seul sait quand la glissade se terminera.

Évidemment, la vigueur renouvelée du dollar canadien n'aide pas. Le marché intérieur est limité, au Québec, et les machines tournent en bonne partie en vue de l'exportation. Or, le bilan commercial du Québec s'est inversé ces dernières années. Nos produits, devenus plus chers à cause du jeu des devises, sont moins concurrentiels. Un deuxième uppercut est venu des économies dites «émergentes», de plus en plus présentes dans les marchés internationaux.

Si elles devenaient encore plus productives, nos usines retrouveraient une partie de leur compétitivité. Mais ces gains ne se traduiraient pas forcément par de nouveaux emplois. En fait, c'est plutôt le contraire qui risquerait de se produire. Rio Tinto Alcan s'en tire bien au Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais son effectif direct a fondu. En 1984, l'entreprise y faisait travailler 12 000 personnes. Il n'en reste aujourd'hui même plus la moitié, alors qu'elle a sans cesse raffiné ses moyens de production. Et, avec le prix de l'aluminium qui demeure faible, on ne peut pas espérer d'embauches importantes de ce côté.

Le marché québécois de l'emploi est plus fragile qu'il ne l'était, mais nous sommes bien loin des désastres qui affligent plusieurs pays européens. Des industries jadis embryonnaires ont pris du galon et contribuent à transformer notre paysage économique. Il ne faudrait pas pour autant faire une croix sur les secteurs plus traditionnels de la fabrication. Il en va de l'équilibre entre les régions ressources et les grands centres urbains.

Parlez-en avec vos enfants

Allez ! Ce n'est pas un si vilain mot... Oui, on peut parler ouvertement d'argent avec ses enfants. À la longue, ils deviendront peut-être ainsi des consommateurs plus avisés, capables de faire la distinction entre les besoins réels et les simples désirs.

Le 17 avril, d'un bout à l'autre du pays, se déroule la première journée thématique «Parlons argent avec nos enfants». Les élèves de Secondaire I, à Montréal (et de la 7e année du primaire à Toronto), auront droit à une attention particulière. En effet, ils seront visés par le premier volet du programme scolaire, qui devrait ensuite s'étendre au reste du pays au cours des prochaines années.

Mais tout le monde, que ce soit à la maison ou à l'extérieur, est encouragé à aborder la question, quelle que soit la manière. Les allocations, l'épargne, le crédit, la valeur de l'argent, le coût des téléphones portables ou des vacances... tout pour que les enfants ne deviennent pas plus tard des «voisins gonflables» incapables de se contrôler. Il y en a déjà assez comme ça !

DE MON BLOGUE

L'économie de Québec

La région de Québec, numéro 1 de l'emploi : quel est son secret ?

La RMR (région métropolitaine de recensement) de Québec continue de faire des envieux dans tout le pays : son bilan net pour le premier trimestre de 2013 est de 9 400 emplois additionnels. Nulle part ailleurs au Canada on n'a fait mieux. En mars seulement, elle en a ajouté 4 900.

Vos réactions

«Je pense que le vieillissement compte pour beaucoup. Le chômage est toujours beaucoup plus élevé chez les jeunes, la relative rareté des jeunes influe beaucoup sur le taux de chômage. Comme les vieux commencent à prendre leur retraite, les jeunes les remplacent, ce qui pour le moment favorise l'emploi.»

- pbrasseur

«Depuis que le gouvernement a fortement diminué son offre d'emplois à vie, avec rémunération et fonds de pension exceptionnels, les gens de Québec ont décidé de se prendre en main et de cesser de dépendre de la bienfaisance gouvernementale.»

- jpthoma1

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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