Les apprentissages de la SAQ

Publié le 30/05/2009 à 00:00

Les apprentissages de la SAQ

Publié le 30/05/2009 à 00:00

La Société des alcools du Québec (SAQ) s'est retrouvée sous les feux de la rampe en matière de développement durable à plusieurs reprises au cours des derniers mois. Il y a eu le retrait des sacs à usage unique, effectif depuis le 1er janvier. L'opération, une première au Québec pour une bannière commerciale, a fait grand bruit et vient d'être récompensée par un prix de développement durable au troisième Gala de reconnaissance en développement durable de Montréal.

Mais la couverture médiatique de l'impact environnemental de la socitété d'État n'a pas été que flatteuse : un reportage diffusé l'hiver dernier à l'émission J.E., sur les ondes de TVA, montrait du doigt la société d'État en matière de recyclage. On y voyait le journaliste fouiller dans les rebus, y trouvant plusieurs boîtes de carton et des bouteilles de verre. On y dénonçait notamment le fait que seulement la moitié des succursales s'adonnaient au recyclage...

L'incident a fait rejaillir l'une des hantises des entreprises qui se positionnent en développement durable : celle de prêter ainsi le flanc aux accusations. Retour sur les événements avec Isabelle Mérizzi, directrice des affaires publiques, et Mario Quintin, directeur du développement durable de la SAQ.

Les Affaires - Quelle a été votre réaction concernant ce reportage ?

Isabelle Mérizzi - Nous ne nous sommes pas sentis pris en défaut, pour un raison simple : nous venons d'adopter un plan d'action en développement durable qui s'attaque entre autres à la question du recyclage. Cela nous a permis d'en parler.

Mario Quintin - Recycler, ça paraît évident, mais vous savez, les camions de recyclage ne passent qu'une fois par semaine. Cela est clairement insuffisant pour nous. La SAQ doit donc développer son infrastructure et trouver des recycleurs disposés à passer plus souvent. Comme il n'y avait pas de marché, ils étaient très peu nombreux. Mais ça change.

JLA - Certains craignent que ce type de reportages ne décourage les entreprises à faire des efforts en matière de développement durable...

I.M. - Je leur dis de continuer, d'être avant-gardistes et de ne pas avoir peur de répondre aux questions. Lorsqu'on explique les choses, les gens comprennent. Nous avons dit à J.E. : " Instaurer le recyclage dans toutes nos succursales nous prendra deux ans ". Nous avons fait part de notre agenda et de nos objectifs.

M.Q. - Quand on parle de développement durable, on ne change pas les choses du jour au lendemain, c'est un processus. Par exemple, nous n'aurions pas pu retirer les sacs il y a deux ans. Les consommateurs n'étaient pas prêts.

JLA - Parlons du processus de retrait... D'abord, comment avez-vous conclu qu'il fallait les retirer complètement ?

M.Q. - Nous avons beaucoup consulté nos employés et les groupes environnementaux. C'est un élément très important pour susciter l'adhésion. Nous les avons interrogés sur ce que nous devions changer. Le problème relatif aux sacs revenait souvent. Leur retrait s'est imposé.

JLA - Qu'est-ce qui a contribué au succès de l'opération ?

I.M. - L'un des secrets est d'avoir annoncé nos couleurs. Notre décision a été rendue publique dès février 2008, 11 mois avant le retrait des sacs. Et nous avons procédé par étapes. D'abord, en distribuant gratuitement des sacs réutilisables. Puis, nous avons mis sur pied des caisses rapides où l'on ne donnait pas de sacs. En septembre, nous avons commencé à rendre payants les sacs à usage unique.

M.Q. - Dans chaque succursale, nous avions aussi des ambassadeurs, pas des gestionnaires mais des gens qui avaient la fibre verte et qui répondaient aux questions des employés et des consommateurs.

JLA - Y a-t-il eu des surprises ?

M.Q. - Étonnamment, le fait de vendre les sacs, ne serait-ce que 5, 10 ou 15 ¢, a eu un effet très dissuasif. Juste avant le retrait, 94 % des clients ne prenaient pas de sacs !

I.M. - En fait, les clients étaient surtout très suspicieux de ce que nous allions faire des revenus issus de la vente de sacs. Lorsque nous répondions que la totalité était versée à des causes environnementales, cela passait très bien.

M.Q. - La communication est un enjeu clé en développement durable. Celui-ci n'est pas que l'affaire de Mario Quintin. Notre plan d'action est mis en oeuvre par 19 personnes de la direction.

JLA - Quels sont les enjeux sur lesquels vous vous penchez ?

M.Q. - Environ 84 % des bouteilles sont recyclées dans les résidences, mais il y a beaucoup de progrès à faire dans les bars, dans les restaurants et dans les hôtels. Ces établissements font face au même problème que nos succursales : les recycleurs ne passent pas assez souvent.

Nous avons contribué au lancement d'un consortium dont le fonds de 6 millions de dollars encourage le recyclage. Pour les inciter à faire des collectes plus fréquentes, le programme offre 200 $ à l'établissement qui s'y inscrit et 800 $ à leur compagnie de recyclage. C'est un coup de pouce, et la réaction est très bonne.

Un autre enjeu : le financement de la recherche afin de trouver des débouchés pour le verre. La SAQ finance notamment une chaire de 1 million de dollars à l'Université de Sherbrooke. Celle-ci travaille par exemple à intégrer du verre pulvérisé dans la fabrication du béton - une approche très avant-gardiste.

JLA - La SAQ travaille-t-elle beaucoup en aval ?

M.Q. - En effet, pour trouver des solutions différentes, c'est important. Et c'est aussi crucial de créer des partenariats. Cela a été le cas pour la conception du premier camion hybride au Québec : nous avons notamment travaillé avec Projet Innovation Transport. Ce fut tout un défi technologique puisque les moteurs hybrides ne sont, au départ, pas très puissants et qu'on parle ici de transporter une charge de 50 000 livres... Nous avons aussi établi un partenariat avec d'autres grandes entreprises pour développer l'approvisionnement responsable.

JLA - C'est l'un des enjeux de l'heure, en effet. Mais dans l'industrie viticole, c'est délicat. Comment refuser un millésime sous prétexte qu'il n'est pas biologique ?

M.Q. - D'abord il y existe plusieurs vins agrobiologiques sur le marché. Nous venons même de créer une section en succursale qui leur est consacrée. Et de façon générale, au lieu de refuser catégoriquement certains producteurs qui utiliseraient des engrais chimiques, nous accordons dans nos évaluations des points bonis à ceux qui ont une approche axée sur le développement durable. Cela peut faire la différence entre deux vins de bordeaux par exemple. Donc, là encore, nous visons une approche progressive.

dossiers@transcontinental.ca

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