Le sans-fil, une vague porteuse pour Exfo

Publié le 15/05/2010 à 00:00

Le sans-fil, une vague porteuse pour Exfo

Publié le 15/05/2010 à 00:00

Exfo vient de franchir discrètement une étape importante. Le 12 mars dernier, le fournisseur québécois d'équipement de tests pour les réseaux de télécommunications a mis la main sur NetHawk, un spécialiste finlandais des tests pour le sans-fil. Le pdg-fondateur d'Exfo, Germain Lamonde, classe cette transaction parmi les trois acquisitions les plus marquantes des 25 années d'existence de l'entreprise, qui figure parmi les cinq plus importants acteurs dans le marché global des instruments de contrôle pour les télécommunications.

" NetHawk nous procure une présence beaucoup plus importante auprès des fournisseurs de services sans fil ", dit le dirigeant de 51 ans. Exfo offrait déjà des tests dans le sans-fil, mais cela représentait une part marginale de ses activités. Forte de 19 ans d'existence et de revenus de 28,5 millions d'euros en 2009, NetHawk est, quant à elle, bien implantée dans ce créneau.

" Grâce à l'acquisition de NetHawk, Exfo entre vigoureusement dans le marché des tests de protocole sans fil ", estime Olga Yashkova, analyste chez Frost & Sullivan. L'entreprise y affrontera toutefois des concurrentes solides, comme Tektronix et Ixia, prévient-elle.

Puisque NetHawk et Exfo n'avaient pas la même clientèle, la transaction offre un bon potentiel de synergies, souligne Chris Umiastowski, analyste chez TD Newcrest. Exfo vend ses instruments aux exploitants de réseaux comme Verizon et AT&T, tandis que NetHawk réalise 70 % de ses ventes auprès d'équipementiers comme Nokia, Alcatel et Ericsson.

Numéro deux mondial dans son créneau, NetHawk dispose de solutions de tests pour la technologie de transmission de données de troisième génération (3G), qui est en déploiement, ainsi que pour la prochaine génération, le 4G.

Comme la technologie du 4G est encore en développement, les ventes se font auprès des équipementiers précurseurs. " Ericsson, Nokia et Alcatel utilisent les produits de NetHawk dans leurs laboratoires ", explique Germain Lamonde, qui s'attend à ce que le marché du 4G prenne son envol en 2011.

Par ailleurs, les exploitants de réseaux cherchent à harmoniser leurs activités filaires et sans fil, ce qui offre des occasions de croissance pour Exfo, croit M. Lamonde. " Cette meilleure communication entre les réseaux a besoin d'un arbre de transmission, et Exfo est un des leaders mondiaux de cette technologie [appelée IMS]. "

Toutes les cartes en main

À la suite de l'achat de NetHawk, Exfo est bien positionnée dans tous les créneaux que son pdg juge pertinents. " Notre structure est vraiment solide et nous permettra de croître à l'interne. " Si l'entreprise réalise d'autres acquisitions, elle ciblera surtout de petites entreprises détentrices de technologies clés, précise M. Lamonde.

Exfo occupe le premier rang dans le créneau des tests optiques portatifs, avec environ 35 % des parts du marché. Elle est deuxième dans le secteur des appareils de tests portables destinés aux exploitants de réseaux.

" Les chiffres montrent clairement qu'Exfo est un leader dans son industrie ", commente Valérie Ceccheni, portefeuilliste chez Investissements Standard Life.

L'acquisition de NetHawk a permis à l'entreprise de Québec de hausser ses prévisions pour 2010 à 2012. Les nouveaux objectifs : accroître annuellement les ventes d'au moins 25 %, et les marges bénéficiaires, de 30 %.

" Nous avons les outils nécessaires pour réaliser éventuellement des revenus annuels de 400 ou 500 millions de dollars (M$). Et, pourquoi pas, peut-être un milliard de dollars un jour ? " affirme M. Lamonde.

À son dernier exercice, clos en août 2009, Exfo a affiché des revenus de 173 M$ US.

Pour atteindre son but, Exfo devra cibler les bonnes technologies dans cette industrie qui croît et évolue rapidement. " Il faut être assez visionnaire pour comprendre quelles seront les prochaines vagues et bien les surfer ", explique l'énergique homme d'affaires.

Pour Robertson Valez, analyste principal au Groupe Investors, il n'y a pas de doute que l'avancée technologique d'Exfo lui permet de tenir tête à des géants comme JDS Uniphase, dont les revenus annuels s'élèvent à 1,3 milliard de dollars américains. " Exfo cible le marché haut de gamme et y est bien positionnée ", estime M. Valez.

Les exploitants de réseau recommencent à investir

Même si l'industrie des télécommunications a suspendu de nombreux projets d'investissement en immobilisations pendant la récession, le pdg d'Exfo parle positivement de la tourmente : " Nos revenus ont légèrement décliné [de 6 %], alors que ceux de nos principaux concurrents ont chuté de 20 ou 25 %. Nous avons donc augmenté nos parts de marché pour la 24e année consécutive, ce qui est probablement ma plus grande fierté. "

Les nuages semblent s'être dissipés. À son deuxième trimestre, clos en février, Exfo a affiché des ventes de 54,1 M$ US et présenté un carnet de commandes de 57,8 M$ US, deux records. " Pour nous, les télécoms sont vraiment relancées ", affirme M. Lamonde.

Chez Exfo, ce ne sont pas tant les investissements globaux des exploitants qui comptent, mais plutôt le déploiement du 3G et la demande de bande passante. Les nouvelles applications Internet, comme la vidéo et le transport de données, consomment beaucoup de bande passante et obligent les exploitants à améliorer leurs réseaux afin de maintenir la qualité de leurs services. Résultat, ils concentrent de plus en plus leurs investissements dans les nouvelles technologies.

Les fournisseurs de services commencent également à déployer la fibre jusqu'aux maisons (fiber to the home, ou FTTH). Ce créneau représente un vecteur de croissance important à long terme aux yeux de M. Lamonde, puisque la FTTH n'est déployée qu'à 10 % de son potentiel à l'échelle mondiale. " Exfo est de loin de leader mondial dans ce créneau. Notre entreprise détient 75 % du marché des appareils de test ", précise le pdg.

61,6 %

Pourcentage des actions d'Exfo détenues par Germain Lamonde. Grâce à ses actions à droits de vote multiples, le pdg-fondateur détient 94,16 % des droits de vote d'Exfo.

marie-claude.morin@transcontinental.ca

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