Le Registraire des entreprises ne répond plus

Publié le 09/04/2011 à 00:00

Le Registraire des entreprises ne répond plus

Publié le 09/04/2011 à 00:00

Comme si le Québec pouvait se permettre de décourager les nouveaux entrepreneurs ! Et ce n'est pas la première fois qu'un système informatique implanté à coup de millions de dollars (M$) dans l'appareil gouvernemental connaît des ratés.

Je vous explique. Depuis la mi-février, l'immatriculation de nouvelles entreprises, au Québec, se fait au compte-goutte. Le site Web du Registraire des entreprises ne suffit pas à la tâche. Les délais s'étirent, les gens attendent désespérément que les démarches aboutissent et les conséquences sont sérieuses.

Imaginez, comme citoyen, que vous ayez besoin d'un extrait de naissance pour obtenir un nouveau passeport. Vous faites votre demande en hiver, parce que votre voyage est prévu en juin. Mais les mois passent et vous attendez toujours... d'autant plus qu'il faudra ensuite attendre de nouveau, cette fois la délivrance du passeport en question. Cela suffit pour consulter le calendrier avec anxiété et vous interroger sur ce qui bloque.

C'est exactement ce qui arrive aux entrepreneurs dont les demandes sont immobilisées depuis février au Registraire des entreprises. Une entreprise qui n'est pas enregistrée n'a pas d'identité formelle : on ne peut donc pas ouvrir de compte bancaire, obtenir des numéros de TPS et de TVQ, être inscrit à la CSST... En un mot, impossible de faire des affaires. Il faut d'abord venir au monde avant de faire ses premiers pas. Et, ces temps-ci, ça n'accouche pas vite au Registraire.

Dominic Mercier, lui, en a assez. Administrateur agréé de métier, il a décidé de donner un coup de main à son père retraité qui veut se lancer en affaires. Son ambition ? Monter une entreprise spécialisée en entretien ménager en Beauce.

Mais la machine ne suit pas. M. Mercier attend depuis près de deux mois la confirmation de sa fameuse inscription au registre. Les délais lui ont déjà coûté un premier contrat. Il ne peut même pas embaucher de travailleurs : dans son domaine, les employés doivent absolument être couverts par la CCST, et pas de CSST sans enregistrement préalable au registre. « Sans identité corporative, tu n'es qu'un Jos Bleau, ça ne fait pas sérieux », dit son fils, qui ajoute que « le plus frustrant, c'est le manque de transparence, le sentiment que le Registraire se fout des conséquences pour les petites entreprises. »

Même son de cloche du côté de Me Pascal Côté, du cabinet CDG Avocats, qui pilote son dossier. Il a enregistré des tonnes d'entreprises, mais à ses yeux, ce qui arrive dépasse l'entendement. « Quand on téléphone pour savoir ce qui se passe, on nous met en attente jusqu'à ce que la ligne coupe... Je n'ai jamais vu ça. » Et d'ajouter : « Avant de rêver à un système performant, il aurait au moins fallu s'assurer qu'il soit fiable. » Il n'est pas le seul à déplorer la situation, d'autres avocats sont aux prises avec le même problème.

Rater la cible

Tout a commencé lorsque Revenu Québec a décidé, en juillet 2009, d'améliorer l'efficacité du processus en y investissant 21,3 millions de dollars (M$), dont 14,4 M$ à LGS pour le gros du contrat. Nom de code : MIRE, pour Modernisation et intégration du registre des entreprises. Le travail devait aboutir en février.

L'intention était louable. On voulait du même coup éliminer la paperasserie. Au fédéral, on peut encore utiliser l'option papier pour enregistrer son entreprise, mais au Québec, tout doit maintenant se faire en ligne. Encore faut-il que le système réponde aux attentes.

À Revenu Québec, responsable du Registraire, on explique qu'un nombre anormalement élevé de requêtes a engorgé la machine, mais que tout est en train de revenir à la normale. Question de rodage, dit-on, en précisant que malgré leur nombre élevé, tous les dossiers en souffrance devraient être traités d'ici la fin avril. Il faut l'espérer. Le Québec ne peut se permettre de décourager les intentions entrepreneuriales de ses citoyens.

Pour l'instant, si vous allez sur le site du Registraire, vous y verrez cet avis : « Soyez assuré que nous nous efforçons de traiter les demandes le plus rapidement possible », parce qu'évidemment, les réclamations pleuvent. Cependant, c'est déjà mieux que la semaine dernière, où l'on signalait des retards dus à l'abondance de cas pendants. Aux dernières nouvelles, Dominic Mercier et son père, eux, attendaient toujours...

DE MON BLOGUE

Énergie et écologie

Les écolos parisiens n'aiment pas les cafés-terrasses

Lu sur le site Web du quotidien Le Monde, lundi, cette nouvelle invraisemblable : « Le Conseil de Paris a présenté, lundi 28 mars, un nouveau règlement qui interdira, d'ici deux ans, le chauffage des terrasses parisiennes par des appareils fonctionnant au gaz. Ce règlement prohibe également des espaces bâchés par du plastique. »

Vos réactions

« Vous n'avez jamais remarqué qu'à Paris et en France, quand vous empruntez un escalier d'immeuble, la lumière peut s'éteindre au milieu des étages que vous avez à parcourir ? Eh bien, ce n'est pas tellement confortable, mais c'est une mesure antigaspillage qui a été prise il y a plus de 30 ans. Cela ne représente peut-être pas grand-chose en matière d'économie d'énergie, mais c'est une mentalité à adopter. »

- Olivier M.

« Invraisemblable! Déjà que les Parisiens sont "imbuvables" (quant aux services), si maintenant on prive les visiteurs de ce qui fait le charme des saisons dites froides... Voilà ce qui arrive quand les écolos se mêlent de tout. »

- Isabo

« Soyons sérieux ! Chauffer le dehors est du crétinisme de pays riche. »

- bberni

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@transcontinental.ca

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