«Le Québec pourrait devenir un chef de file en matière de finance islamique» - Walid Hejazi, de la Rotman School of Management

Publié le 14/09/2013 à 00:00, mis à jour le 12/09/2013 à 10:19

«Le Québec pourrait devenir un chef de file en matière de finance islamique» - Walid Hejazi, de la Rotman School of Management

Publié le 14/09/2013 à 00:00, mis à jour le 12/09/2013 à 10:19

Pourquoi croyez-vous qu'il serait avantageux pour le Canada de faire preuve de plus d'ouverture à l'égard de la finance islamique ?

L'industrie conforme à la charia est en croissance rapide à l'échelle mondiale. Aujourd'hui, il y a quelque 2 000 milliards de dollars dans les produits conformes à la charia. Or, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie sont beaucoup plus attrayants que le Canada pour les investisseurs islamiques. Ces pays ont fait en sorte que tous les investisseurs soient traités de la même manière sur le plan fiscal, qu'ils soient conformes à la charia ou non. Le Canada a besoin de dizaines de milliards d'investissements et il y a des milliards de dollars dans le Golfe qui ne demandent qu'à venir au pays.

Pourquoi les grandes banques canadiennes n'offrent-elles pas de services bancaires conformes à la charia ?

Le problème ne vient pas des banques, mais des lois en matière de fiscalité. Notamment, les investisseurs islamiques sont soumis à une double taxation. Par exemple, si un entrepreneur islamique veut emprunter 10 millions de dollars, il devra transférer dans une entité à vocation spéciale des actifs d'une valeur équivalente, puis les racheter au terme de l'emprunt. Dans l'intervalle, il devra payer un loyer pour utiliser ces actifs, ledit loyer remplaçant les intérêts, qui sont proscrits en finance islamique. Le problème, c'est que des taxes de vente seront imposées deux fois sur le montant du prêt. Il y a toujours moyen de créer des structures à l'étranger pour fabriquer des instruments financiers conformes à la charia, mais c'est aussi compliqué que coûteux. De plus, les sociétés qui le font sont mal encadrées et il y a un risque de fraude. Ce qu'il faudrait, c'est faire en sorte que les grandes banques offrent des instruments conformes à la charia, pas pour être gentils, mais parce que c'est rentable de le faire.

Le projet de charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois fera-t-il reculer les investissements islamiques au Québec ?

C'est un risque, mais on peut aussi y voir une occasion. Si cette charte est accompagnée d'une législation facilitant l'accès aux instruments financiers islamiques, le Québec pourrait au contraire attirer ces investisseurs. De plus, si les institutions traditionnelles offraient des produits conformes à la charia, tous les musulmans pourraient effectuer leurs opérations bancaires à l'extérieur de leur communauté. C'est une approche qui favorise l'intégration et ce n'est pas un avantage qu'on confère aux musulmans, mais une option que les institutions offriraient à tous leurs clients, quelle que soit leur religion. En Grande-Bretagne, 40 % des hypothèques conformes à la charia qui sont accordées le sont à des non-musulmans.

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