Le Québec manque d'entrepreneurs

Publié le 23/10/2010 à 00:00

Le Québec manque d'entrepreneurs

Publié le 23/10/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Selon un sondage réalisé pour la Fondation de l'entrepreneurship, 7,8 % des Québécois ont l'intention de se lancer en affaires. Cette proportion est de 14,1 % dans le reste du Canada. Cet écart s'est élargi en 2009.

Cette situation est corroborée par une autre enquête, réalisée pour la Banque de développement du Canada, selon laquelle la proportion de personnes qui souhaitent démarrer une entreprise atteint 6,9 % au Québec, 11,1 % en Ontario et 16,9 % dans l'Ouest du pays.

Pourtant, il fut une époque où le Québec était l'une des terres entrepreneuriales les plus fertiles au Canada. Où sont les nouveaux Pierre Péladeau, Bernard Lemaire, Rémi Marcoux, Bernard Lamarre, André Chagnon, Marcel Dutil, Hervé Pomerleau, Marcel Deslauriers et autres ? Certes, de jeunes entrepreneurs québécois s'affirment et réussissent très bien, mais il n'y en a pas assez.

Est-ce plus difficile aujourd'hui ? Oui, car les marchés se sont mondialisés, ce qui a accru la concurrence des sociétés étrangères dans notre marché. Mais ce phénomène s'applique aussi dans les autres provinces, où il y a beaucoup plus de dynamisme entrepreneurial.

Autre signe de nos lacunes à ce sujet, 4,6 % des Québécois s'affairaient à créer une entreprise au moment du sondage (mars 2010), par rapport à 7,5 % dans le reste du Canada. Par ailleurs, 19,4 % des démarcheurs québécois envisageaient d'acheter une entreprise au lieu d'en lancer une, alors que cette proportion est de 9,7 % dans les autres provinces. Enfin, les entrepreneurs en puissance du Québec sont moins ouverts à l'international, seulement 24,9 % ayant l'intention d'exporter, par rapport à 32,6 % pour leurs autres entrepreneurs canadiens.

C'est ce portrait décevant qui a mené le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac, à lancer une consultation sur l'entrepreneuriat. M. Gignac veut évaluer la culture entrepreneuriale des Québécois et trouver des moyens d'accroître le taux entrepreneurial, de diminuer le taux d'échec et d'améliorer la transmission de la propriété de nos PME à des repreneurs québécois (enfants, cadres et employés, entrepreneurs du milieu). La situation actuelle est désolante, car Québec a soutenu pendant plusieurs années le programme Défi de l'entrepreneuriat jeunesse, qui a réalisé des activités de sensibilisation dans toutes les régions. La situation est surtout inquiétante, car l'entrepreneuriat est la base de la création de richesse dans notre société. L'esprit entrepreneurial est également un facteur d'innovation, clé essentielle de notre compétitivité.

La croissance de l'entrepreneuriat est d'autant plus importante que les entreprises établies font peu de recherche et développement (R-D), malgré les sommes importantes que les gouvernements fédéral et québécois y investissent. Notre tissu industriel est en effet fortement contrôlé par des multinationales étrangères, qui n'ont pas intérêt à réaliser leurs travaux de R-D au Québec.

Une autre raison de promouvoir l'entrepreneuriat est le fait que nos écoles de gestion ne s'y intéressent pas vraiment, préférant de loin former des gestionnaires et des financiers pour les grandes entreprises.

C'est cette lacune qui a mené des entrepreneurs beaucerons, dont Marc Dutil, président de Canam, à créer l'École d'entrepreneurship de Beauce. Entièrement financée par le privé, cette école offre depuis cet automne des programmes de formation qui répondent aux besoins réels des personnes qui projettent de créer une entreprise ou reprendre les rênes de l'entreprise familiale. Il ne faut pas s'étonner que cette école ait vu le jour dans le terreau entrepreneurial de la Beauce.

L'entrepreneuriat est une affaire de culture avant d'en être une d'argent, ce qui ne signifie pas que le soutien de l'État soit négligeable. Malheureusement, les capital-risqueurs boudent les phases de prédémarrage et de démarrage d'une entreprise.

Souhaitons que cette consultation réussira à scruter l'âme des entrepreneurs, ceux qui ont réussi comme ceux qui ont connu l'échec. On les sait différents des autres personnes : ils sont créatifs, déterminés et combatifs, mais, surtout, ils veulent être maîtres de leur destinée, s'enrichir et, par ricochet, enrichir leur entourage. Ils sont capables de prendre des risques et ne comptent pas sur l'État pour réaliser leurs ambitions. La société québécoise bénéficierait grandement d'un plus grand nombre de ces êtres d'exception.

J'AIME

L'administration Obama lèvera le 30 novembre le moratoire sur l'octroi de permis de forage dans le Golfe du Mexique. Elle resserrera toutefois les règles : il faudra un permis pour chaque forage et on devra démontrer que l'équipement utilisé permettra d'empêcher une explosion comme celle survenue sur la plateforme Deepwater Horizon. Il appert que cet accident isolé résulte de négligences et qu'on peut forer de façon sécuritaire.

JE N'AIME PAS

Selon un sondage de l'Institut de la statistique du Québec, 35 % des travailleurs québécois de 50 à 54 ans désirent prendre leur retraite avant d'avoir 60 ans, alors que 24 % des Ontariens prévoient faire de même. De bien mauvaises surprises attendent les Québécois, car il serait étonnant qu'ils épargnent plus que les Ontariens. Les Québécois compteraient-il davantage sur l'État pour rester en santé et maintenir une qualité de vie élevée ?

jean-paul.gagne@transcontinental.ca

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