Le projet d'achats verts de Québec inquiète

Publié le 15/06/2013 à 00:00

Le projet d'achats verts de Québec inquiète

Publié le 15/06/2013 à 00:00

L'éventualité que le gouvernement du Québec se dote d'une politique d'approvisionnement respectant les principes de développement durable inquiète les Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI).

Au cours des prochains mois, le gouvernement Marois publiera sa nouvelle politique industrielle. Elle pourrait comprendre une directive stipulant que l'État québécois devra désormais privilégier les produits verts concernant ses achats.

Comme le Québec veut réduire ses émissions de gaz à effet de serre (de 25 % d'ici 2020 par rapport à 1990), cette stratégie serait l'une des solutions pour y arriver, selon Élaine Zakaïb, ministre déléguée à la politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec. «Les entreprises qui seront plus vertes, qui auront pris le virage de se verdir, pourront emporter une certaine préférence sur d'autres entreprises», a dit la ministre, en marge d'un colloque sur la politique industrielle qui a eu lieu récemment à Montréal.

Les MEQ ne s'opposent pas au principe de réduire les émissions de GES des entreprises québécoises, ni de les y inciter par l'intermédiaire d'une politique d'achat gouvernemental. C'est la vitesse à laquelle Québec souhaiterait y arriver qui risque de poser problème, souligne le président de l'organisme, Simon Prévost. «Il faut réfléchir à l'impact économique d'une telle mesure et la mettre en place d'une manière graduelle, dit-il. On ne serait pas plus avancé si le Québec était plus vert, mais que cela entraînait des fermetures d'usine !»

Concurrence des entreprises européennes

Martine Hébert, vice-présidente pour le Québec de la FCEI, est du même avis. À ses yeux, l'éventuelle politique pourrait avoir un impact négatif sur les entreprises qui ne seraient pas assez vertes. «Il ne faudrait certainement pas que cela se fasse au détriment d'entreprises bien ancrées au Québec», dit-elle.

Mme Hébert redoute la concurrence étrangère, en particulier européenne. En effet, Ottawa et Bruxelles sont sur le point de conclure un accord de libre-échange prévoyant l'ouverture des marchés publics des provinces aux entreprises de l'Union européenne.

Au Québec, la valeur des marchés publics - soit les achats de biens et de services ainsi que les travaux d'infrastructures du gouvernement - est évaluée à 29 milliards de dollars. Mais en tenant compte des exclusions (les achats d'Hydro-Québec et les contrats gouvernementaux inférieurs à 300 000 $ ne sont pas ouverts à la concurrence étrangère), ce marché s'élève en fait à 11 G$.

Simon Prévost et Martine Hébert disent espérer que le gouvernement Marois les consultera avant de mettre en place cette politique d'achats verts. Selon eux, le manque d'information crée beaucoup d'incertitude.

Le cabinet de la ministre Zakaïb est avare de détails. «Ça pourrait faire partie de la prochaine politique industrielle du Québec», s'est contentée de dire son attachée de presse, Danielle Rioux.

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