Oubliez le sommet de près de 150 $ US le baril atteint en juillet 2008 et envisagez plutôt que le prix du pétrole s'établira entre 75 et 100 $ US pendant au moins un an, disent les experts.
Après avoir touché un creux de 33,20 $ US en début d'année, le baril de pétrole s'échange autour de 70 $ US depuis quelques semaines.
" Le marché utilise le pétrole pour spéculer sur le moment et la vigueur de la reprise économique ", commente Bob Gorman, stratège de portefeuilles en chef chez TD Waterhouse.
Selon lui, les dernières données sur les stocks et la consommation américaine de pétrole justifient plutôt un cours de 65 $ US. " Le prix du pétrole risque de perdre 10 à 15 % cet automne si les stocks s'avèrent plus élevés que prévu ", dit-il. Il entrevoit cependant un prix d'environ 75 $ US le baril d'ici un an.
Encore plus prudent, Stéphane Gagnon, gestionnaire de portefeuilles au Fonds des professionnels, estime la valeur fondamentale actuelle du baril à environ 50 $ US.
La relation inverse entre le dollar américain et le prix du pétrole explique la récente augmentation de ce dernier, selon lui. " Les spéculateurs prennent une position longue sur le pétrole et une position courte sur le dollar américain, ce qui amplifie les mouvements ", explique M. Gagnon.
Marc Dalpé, président du Groupe Dalpé-Milette, affilié à Valeurs mobilières Desjardins, voit plutôt l'avenir du pétrole d'un bon oeil. En plus de miser sur un dollar américain affaibli, il table sur une reprise de la demande plus rapide que celle de l'offre.
" Dès que l'économie recommencera à croître, la demande explosera. Redémarrer les projets d'exploitation abandonnés à cause de la crise économique exigera par contre plus de temps ", dit M. Dalpé. Une situation qui ramènera le prix du baril à 100 $ US. " Mais ça peut prendre un an, deux ans, trois ans. C'est difficile à dire maintenant. "
Prévoir le moment et l'ampleur de la reprise s'apparente à un sport extrême ces temps-ci. " Il y a trop d'éléments inconnus pour estimer les variations du baril de pétrole à court terme ", explique Stéphane Gagnon, qui préfère fixer une cible de 75 à 80 $ US d'ici trois à cinq ans.
Pour sa part, Charles Jenkins, premier vice-président, actions canadiennes, d'Investissements Standard Life, s'attend à ce que la demande s'accroisse pendant les deux prochains trimestres, cette période correspondant habituellement à un moment fort de l'année.
Conjuguée à une bonne gestion de l'offre par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), cette hausse de la demande devrait ramener les stocks à des niveaux plus serrés en 2010 et 2011. M. Jenkins prévoit ainsi un cours moyen de 85 $ US l'an prochain, " si l'économie ne reprend pas un autre bouillon... "
marie-claude.morin@transcontinental.ca
