La Suède, un modèle dans l'utilisation des biogaz

Publié le 24/10/2009 à 00:00

La Suède, un modèle dans l'utilisation des biogaz

Publié le 24/10/2009 à 00:00

Il y a une vingtaine d'années, Göteborg était considérée comme la ville la plus sale de Suède. Les brusques changements de température fréquents dans la vallée, combinés aux importantes émissions des industries et des transporteurs, créaient un énorme problème de smog. Les déchets et la pollution de l'eau étaient également devenus ingérables.

Les choses devaient changer. Entre autres mesures, la Ville de Göteborg, puis tout le Sud de la Suède, ont décidé d'utiliser les résidus des usines d'épuration d'eau pour produire du biogaz et alimenter des véhicules. Le coeur industriel du pays veut ainsi remplacer une partie du pétrole qu'il utilise et réduire du même coup ses émissions de gaz à effet de serre et de particules de smog.

La municipalité s'est attelée à mettre sur pied un réseau de stations-services pour alimenter les véhicules, en utilisant le réseau de gazoduc (le gaz naturel est chimiquement identique aux biogaz nettoyés).

" L'une des deux premières stations-services a ouvert en 1988 à Göteborg ", dit Göran Värmby, un ancien de Greenpeace embauché à l'époque par le ministère de l'Environnement de Suède pour améliorer le bilan environnemental de la région.

Créer de toutes pièces une nouvelle industrie

À l'époque, le maire de Göteborg voulait mettre sur pied une nouvelle industrie basée sur les énergies renouvelables. " Il a eu l'idée de faire participer Volvo au projet ", dit M. Värmby, qui participait à la Conférence internationale en écologie industrielle de Sorel-Tracy, qui a eu lieu les 14 et 15 octobre.

Volvo a alors commencé à fabriquer des véhicules pouvant rouler au gaz. Mais en 2005, le propriétaire de Volvo Cars, l'américaine Ford, a mis fin au programme. Le nombre d'utilisateurs de véhicules fonctionnant au gaz a alors chuté, mais les constructeurs allemands Mercedes et Volkswagen ont pris la relève en commençant à exporter des véhicules au gaz en Suède.

Aujourd'hui, le pays compte 120 stations-services pour véhicules au biogaz, dont 35 à Göteborg. Environ 7 000 véhicules roulent au gaz dans la région.

Mais ce n'est pas assez. La Suède veut réduire d'ici 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport à 1990. Elle aura donc besoin de beaucoup de biogaz.

" Les fermiers seront une source très importante, comme l'industrie agroalimentaire ", souligne M. Värmby. Le fumier des bêtes et les restes de nourriture des usines peuvent fournir d'importantes quantités de méthane.

Mais surtout, la Suède mettra à contribution les débris de son importante industrie forestière. " À lui seul, ce secteur pourrait fournir assez de biogaz pour remplacer la moitié de toute la consommation de pétrole de la Suède ! " dit M. Värmby.

La Ville de Göteborg travaille d'ailleurs aux plans d'une nouvelle usine reposant sur cette filière. Elle veut produire assez de biogaz pour alimenter 75 000 véhicules d'ici 2015.

Un projet pilote à Thetford Mines

Il n'y a encore rien de comparable au Québec. Des industriels commencent tout de même à prendre conscience de l'important potentiel des biogaz pour les transports.

À Thetford Mines, les entreprises Probiom et Valbio Canada prévoient démarrer dès janvier la construction d'une usine de production de biogaz à partir de boues industrielles d'abattoir, de boues municipales de la Ville de Thetford Mines et de graisses provenant de restaurants.

" C'est un projet de démonstration de 7,5 millions de dollars ", précise Christian Perron, coordonnateur chez Probiom.

Le nouveau Centre de production de biométhane de la région de Thetford produirait 600 000 mètres cubes de biométhane par année pour alimenter des camions à ordures hybrides. Ces véhicules fonctionneraient avec un mélange constitué à 80 % de gaz et à 20 % de diesel.

Le Groupe Labrie, de Lévis, qui fabrique des camions à ordures alimentés au gaz naturel depuis 2000, travaille d'ailleurs en collaboration avec Probiom et Valbio pour convertir des camions classiques afin qu'ils puissent rouler avec ce carburant.

hugo.joncas@transcontinental.ca

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