La paix par l'industrie et l'emploi

Publié le 29/11/2008 à 00:00

La paix par l'industrie et l'emploi

Publié le 29/11/2008 à 00:00

Par Pierre Théroux

De son bureau juché sur les collines de la Galilée, Stef Wertheimer peut apercevoir le Liban, à environ 15 kilomètres. De là, des centaines de roquettes ont élé lancées, à l'été 2006, contre des villes et des villages du Nord d'Israël.

Mais le président fondateur d'Iscar, l'un des citoyens les plus riches d'Israël depuis le rachat de 80 % de sa compagnie par le célèbre investisseur américain Warren Buffett en 2006, ne souhaite rien d'autre que la paix.

Une paix qui, selon l'ancien militaire et membre du parlement, passe obligatoirement par l'industrialisation et le développement économique.

" L'éducation et le travail sont les seuls moyens de faire la paix. S'il y a prospérité économique, Juifs et Arabes seront occupés à travailler plutôt qu'à faire la guerre et réaliseront qu'il y aura beaucoup à perdre ", croit ce partisan des négociations israélo-palestiniennes, âgé de 82 ans.

Plan Marshall pour le Proche-Orient

En 2002, M. Wertheimer est même allé aux États-Unis témoigner devant le Congrès américain, pour plaider en faveur de l'adoption d'un nouveau Plan Marshall.

En effet, ce plan américain qui avait contribué à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale pourrait servir d'exemple pour le Proche-Orient.

Ce projet, version Stef Wertheimer, visait la pacification de la région par l'implantation de dizaines de parcs industriels. Les sites initialement proposés par l'industriel étaient ceux du port d'Aqaba en Jordanie, de Rafah dans la bande de Gaza, ainsi que certaines zones turques.

Stef Wertheimer espérait ainsi " voir les Américains s'attribuer le rôle de calmer la région, non pas par la diplomatie et les armes, mais par l'industrie et l'emploi ". Mais c'était peu de temps après septembre 2001 et la guerre avec l'Irak.

Deux ans plus tard, sur les lieux mêmes où Stef Wertheimer a établi les quartiers généraux d'Iscar et le parc industriel de Tefen, il réunissait des leaders politiques et d'affaires des États-Unis, d'Israël, de Jordanie et de l'Autorité palestinienne pour les convaincre du bien-fondé de sa démarche.

S'il croit encore dans la possibilité de mettre fin à des décennies de conflit en combattant la pauvreté, " le moment n'est peut-être pas propice ", admet Stef Wertheimer en faisant allusion à la deuxième Intifada et à la récente guerre avec le Liban.

Freiner l'exode de la population

Cet acteur du développement de la Galilée prêche par l'exemple. Il y a une vingtaine d'années, il a créé le parc industriel de Tefen, au sommet d'une montagne de la Galilée occidentale et dans une région rurale et peu développée, à environ une heure de Haïfa.

L'objectif : " stimuler la création d'entreprises pour freiner l'exode de la population et surtout des jeunes, qui ne pouvaient pas trouver d'emplois dans la région ",

Iscar et la soixantaine d'entreprises de cette zone industrielle y emploient aujourd'hui quelque 4 000 personnes, aussi bien Juifs qu'Arabes ou Druzes.

La forte demande pour l'accès à la zone industrielle de Tefen a amené M. Wertheimer à établir trois autres parcs industriels, dont deux en Galilée et un dans le désert du Néguev, dans le Sud d'Israël.

Plusieurs autres parcs, abritant des entreprises traditionnelles ou de technologie de pointe, ont depuis été aménagés sur le modèle de Tefen. Les bâtiments du parc y côtoient des musées et une école, au milieu d'espaces verts, de jardins, de sculptures, dans un panorama à couper le souffle.

Le drop-out milliardaire

Fils d'immigrants juifs allemands arrivés en Palestine en 1937, alors qu'il avait 11 ans, Stef Wertheimer quitte l'école à 16 ans pour travailler dans un magasin de réparation de caméras. De 1945 à 1948, il est officier et technicien dans diverses unités militaires.

Il trouve ensuite un emploi au sein de la société d'armement israélienne Rafael qui, lui reprochant son manque de formation, le met à pied.

Ce fut un mal pour un bien. En 1952, dans un garage situé derrière sa maison à Nahariya, il fonde Iscar, entreprise de fabrication et de réparation d'outils de coupe. Iscar est aujourd'hui l'une des plus importantes entreprises mondiales dans le domaine des outils métalliques de découpe. " Il fallait que je me trouve un autre emploi ", plaisante Stef Wertheimer.

En mai 2006, ce fleuron de l'économie israélienne séduit le réputé investisseur Warren Buffett. Sa société, Berkshire Hathaway, débourse quelque 4 milliards de dollars pour obtenir 80 % du groupe Iscar.

Cette vente a propulsé Stef Wertheimer et son fils Eitan, qui gérait l'entreprise, aux premiers rangs des grandes fortunes d'Israël. La famille entend d'ailleurs utiliser une partie de cet argent à des fins philanthropiques et de développement économique, pour la région et le pays.

Elle a notamment participé à la création d'un fonds d'investissement pour la région nord d'Israël. La moitié des sommes allouées par le fonds sera destinée au secteur arabe du Nord du pays.

pierre.theroux@transcontinental.ca

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