Fondé en 1986, Alto Design est le plus grand studio de design industriel du Québec. Contrairement à d'autres firmes qui ont poussé à cette époque, elle n'est pas associée à un designer vedette, et aucun objet emblématique ne vient spontanément à l'esprit quand on parle de ce studio. Sauf que cette entreprise promet de durer au-delà du mandat de son président.

C'est pourquoi Mario Gagnon, 60 ans, a maintenant deux associés : Patrick Mainville, 44 ans, vice-président design, qui va lui succéder, et Richard Paré, 34 ans, vice-président ingénierie.

«Les donneurs d'ordres sont préoccupés par la pérennité de leurs fournisseurs, explique M. Gagnon. Ils veulent bâtir des relations à long terme avec eux.»

La firme, que M. Gagnon a fondée seul dans son sous-sol, a pris son essor avec l'avènement de la plasturgie au Québec. Son premier contrat, elle l'a conclu avec un fabricant de piscines.

Depuis, le studio a étendu son expertise dans plusieurs secteurs de fabrication, notamment les appareils médicaux et le transport. Ainsi, les prochains autobus de la STM, fabriqués par Nova Bus, ont été conçus par Alto Design, tout comme le nouveau dôme des taxis de Montréal. Le studio est aussi à l'origine de l'intérieur du futur «hôtel dans le train» de Via Rail, qui est en cours de réalisation et qui devrait être dévoilé l'an prochain.

La firme vient par ailleurs de décrocher un contrat pour Bombardier Transport, dont elle ne peut dévoiler la teneur pour l'instant. «Nous avons eu une croissance lente et solide», dit Mario Gagnon. Et ce, grâce à une foule de produits de tous les jours : panier d'achat en résine, cafetière commerciale, robinetterie, arrache-pissenlit, etc.

Forte présence de l'ingénierie

L'un des facteurs de réussite de l'entreprise, selon lui, est le fait qu'elle offre aussi des services d'ingénierie à l'interne. «La plupart des studios de design industriel ne font que du design. Ils embauchent parfois des ingénieurs à la pige. Notre modèle d'affaires est différent : nous avons nos propres ingénieurs, ce qui nous permet d'offrir des solutions clés en main.»

C'est ainsi que Richard Paré, un ingénieur pour le fabricant d'appareils médicaux Stryker, a été embauché en 2006 et est devenu associé en 2010. «Le fait d'avoir les deux expertises à l'interne présente un avantage, dit-il. Quand je travaillais chez Stryker, les ingénieurs concevaient l'équipement. Ensuite, on disait aux designers : dessinez-nous quelque chose de beau. Ici, les deux expertises travaillent ensemble dès le départ. Le résultat est plus riche.» La boîte est donc divisée en deux : l'équipe technique et de génie, et l'équipe de designers et de graphistes.

Les appareils médicaux, un créneau d'avenir

Jusqu'à tout récemment, Alto Design n'avait pas de responsable du développement des affaires. «Plus de 85 % de sa clientèle est récurrente», dit M. Gagnon. Aujourd'hui, elle en fait plus, mais elle n'a toujours pas de visée internationale. «Il y a encore beaucoup de beaux projets à faire ici», fait valoir Mario Gagnon.

L'expansion d'Alto passera plutôt par un accroissement de la gamme de produits sur lesquels la firme travaillera. Le secteur des appareils médicaux lui semble très porteur, surtout dans le cas d'appareils possédant un écran tactile comme interface.

D'ailleurs, Alto Design vient de remporter un prix RedDot - un prestigieux concours international de design - pour la conception de deux simulateurs médicaux (endoscopie et laparoscopie) fabriqués par CAE Samsung, à Montréal. «Cela fait plaisir de voir qu'on se compare aux Samsung, Siemens et Philips», indique Patrick Mainville. Qui a besoin du vedettariat avec une si forte reconnaissance ?