L'intimidation et la violence ruinent la crédibilité syndicale

Publié le 05/11/2011 à 00:00

L'intimidation et la violence ruinent la crédibilité syndicale

Publié le 05/11/2011 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

L'intimidation et la violence pratiquées par les gros bras de la construction pour combattre le projet de loi 33 visant à interdire le placement syndical dans leur industrie se sont révélées une vraie catastrophe pour le mouvement syndical.

On est loin du temps où Dédé Desjardins (leader du local 144, affilié à la FTQ) et ses fiers-à-bras faisaient la pluie et le beau temps, allant jusqu'à intimider les députés dans l'enceinte même de l'Assemblée nationale. La plupart du temps, le gouvernement finissait par reculer pour acheter la paix.

Ce temps est révolu. Comme l'a démontré la commission parlementaire du 26 octobre, le président de la FTQ, Michel Arsenault, est apparu plutôt démuni face à la détermination, à l'aplomb et au calme affichés par la ministre du Travail, Lise Thériault. Comme s'il avait été poussé dans ses derniers retranchements, le chef syndical a même joué une carte patronale en déclarant que le projet de loi menaçait des centaines d'entreprises. Ce n'était pas crédible, comme ne l'était pas la menace de mort du syndicalisme évoquée par les chefs syndicaux lorsque Québec a modifié, en 2004, l'article 45 du Code du travail pour faciliter la sous-traitance. Rien de cela n'est arrivé.

On comprend la FTQ-Construction et l'International de vouloir préserver leur contrôle sur le placement syndical. Quand un syndicat fournit des travailleurs sur un chantier, il a un intérêt évident à recommander des travailleurs qu'il représente, puisque les cotisations syndicales suivent. C'est le nerf de la guerre. Des 66 millions de dollars (M$) de cotisations syndicales que la Commission de la construction du Québec (CCQ) a perçues en 2009, 28,3 M$ sont tombés dans la caisse de la FTQ-Construction et 17,2 M$, dans celle de l'International, qui représentent ensemble 69 % des travailleurs de l'industrie. C'est avec cet argent qu'ils administrent leurs affaires, qu'ils font la police sur les chantiers et qu'ils sélectionnent les travailleurs de leur clan, lesquels sont adressés aux employeurs qui achètent la paix. Un bref rappel : des syndiqués CSN de la Gaspésie n'avaient pu oeuvrer sur le chantier de la Gaspesia. On avait plutôt fait venir de Montréal des membres des bons syndicats. La gestion du chantier avait été si bordélique qu'on a dû le fermer, entraînant une perte monumentale de 253 M$.

De la collusion syndicat-employeur

Le placement syndical a aussi d'autres effets pervers, telles l'imposition d'avantages supplémentaires par les syndicats, ce qui accroît les coûts de construction, et la discrimination parmi les employeurs : on fournit les meilleurs travailleurs à ceux qui collaborent, refilant les moins bons aux autres. C'est de la collusion syndicat-employeur (des dirigeants syndicaux ont déjà séjourné sur le bateau de l'entrepreneur Tony Accurso dans les Caraïbes !).

Le placement des travailleurs par la CCQ permettra de combattre le favoritisme et la discrimination sur les chantiers et de rétablir le droit de gérance des employeurs, ce qui fera baisser les coûts de construction. Des syndicats et des agents syndicaux pourront recommander des travailleurs à la CCQ une fois que ces derniers auront rempli certains critères (ni condamnation criminelle ni fraude fiscale depuis cinq ans). Contrairement aux prétentions syndicales, rien ne permet de croire que ce système ne peut pas fonctionner. La CCQ gère déjà la qualification des travailleurs, leur rémunération et les conventions collectives.

La gouvernance de la CCQ sera renforcée. Elle aura désormais à son conseil des membres indépendants. On améliore aussi le processus de négociation des conventions collectives, la tenue des scrutins, la gestion de la formation des travailleurs, la gestion des plaintes et la reddition financière des associations syndicales et d'employeurs.

Ajoutées au ménage qui se fait dans cet organisme et au nettoyage de la liste des entrepreneurs inscrits à la Régie du bâtiment (projet de loi 35 de la ministre du Travail), l'abolition du placement syndical et l'amélioration de la gouvernance de la CCQ contribueront sûrement à l'assainissement de l'industrie.

Par ailleurs, le gouvernement doit clarifier la gestion de la commission d'enquête sur la construction qu'il a créée par décret. Au moment d'écrire ces lignes, la question de l'assignation de témoins et de leur immunité est toujours dans les limbes. Alors que ce décret n'a pas été modifié, le premier ministre a chargé la juge (pouvoir judiciaire) qui va présider la commission de décider d'éléments qui relèvent plutôt du pouvoir exécutif. À suivre...

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