L'éthanol, responsable de tous les maux ?

Publié le 22/11/2008 à 00:00

L'éthanol, responsable de tous les maux ?

Publié le 22/11/2008 à 00:00

La demande accrue de biocarburant serait un des facteurs principaux de la crise alimentaire, selon Jacques Diouf, directeur général du Programme alimentaire mondial des Nations unies.

En 2007, 100 millions de tonnes de céréales ont servi au développement des biocarburants, selon la Banque mondiale. L'organisme estime que l'essor des biocarburants a compté pour 75 % de l'augmentation de 140 % des prix des denrées alimentaires entre 2002 et 2008.

"Malgré une récolte mondiale record de céréales en 2008, en hausse de 4,9 %, la demande mondiale reste forte et les prix élevés. L'industrie de l'éthanol, responsable d'une grande partie de l'augmentation de la demande, contribue à maintenir la pression sur les prix", dit Mathieu D'Anjou, économiste au Mouvement Desjardins.

Le gouvernement canadien vise à ce que l'essence vendue au pays contienne en moyenne 5 % d'éthanol d'ici 2010.

Environ un million de tonnes de maïs et 500 000 tonnes de blé produites au Canada étaient destinées à la production d'éthanol en 2006, selon une étude de Douglas Auld, professeur à l'Université de Guelph.

L'universitaire montre que l'éthanol, en exerçant une pression à la hausse sur les prix des denrées, contribue à accroître de 400 millions par année la facture alimentaire des Canadiens.

Les jours de l'éthanol-maïs sont comptés

Cela favorise le développement de la deuxième génération de biocarburants, faits de produits non issus de cultures alimentaires.

Le ton a été donné par les États-Unis en 2007, avec l'adoption de l'Energy Independence and Security Act, qui fixe à 15 milliards de gallons (environ 57 milliards de litres) la production d'éthanol de première génération (à base de céréales), sur l'objectif de 36 milliards de gallons (136 milliards de litres) de biocarburants visé d'ici 2022.

Le gouvernement du Québec veut que l'essence vendue dans la province contienne en moyenne 5 % d'éthanol d'ici 2012. Pour atteindre cet objectif, il faudra 400 millions de litres d'éthanol par année.

Or, la première usine construite par Éthanol GreenField, à Varennes, peut produire environ 120 millions de litres par an à partir de maïs-grain. Québec veut plutôt privilégier la filière de l'éthanol cellulosique, produit à partir des rebuts de l'industrie forestière qui n'ont pas de valeur commerciale, ainsi que des déchets de consommation.

Cette filière permettrait de récupérer entre autres la moitié des 6 à 7 millions de tonnes de déchets enfouies chaque année au Québec, selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune.

Du côté de l'industrie forestière, la récupération de tous les résidus permettrait de produire jusqu'à 1,6 milliard de litres d'éthanol, soit l'équivalent de 20 % de la consommation annuelle d'essence au Québec.

Des déchets transformés en carburants

"La vague de la deuxième génération de carburants alternatifs est bien lancée", dit Marie-Hélène Labrie, vice-présidente d'Enerkem. Cette entreprise québécoise produira 5 millions de litres d'éthanol cellulosique par année à partir d'anciens poteaux de téléphone en bois dans sa nouvelle usine qui entrera bientôt en activité en Estrie.

La prochaine étape : la production de biocarburants à partir des résidus de déchets domestiques. Enerkem mettra en chantier au début de 2009 une usine d'une capacité annuelle de 36 millions de litres, en partenariat avec la Ville d'Edmonton.

Le mouvement est également amorcé à Montréal. La Ville vient de demander au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) de mettre au point un procédé afin de transformer en combustible une partie des déchets destinés à l'enfouissement.

Des hausses de coûts qui frappent durement le Québec

Tant pis pour les pertes subies cette année. La boulangerie Première Moisson s'est résignée et attend la prochaine année pour combler en partie le manque à gagner.

Face à une hausse générale des coûts de 20 % en 2008 en raison des prix du blé, de l'énergie et des emballages de plastique, Première Moisson a augmenté une première fois ses prix l'hiver dernier et effectué un autre rajustement en cours d'année.

Toutefois, elle s'est résignée à absorber le manque à gagner inévitable découlant de la hausse des coûts. "La hausse du prix du blé est si forte qu'il est impossible de la refiler toute aux consommateurs", dit Bernard Fiset, vice-président de Première Moisson.

L'entreprise a donc mis en place une série de mesures pour réduire ses coûts de production, en s'attaquant surtout à une dépense qu'elle peut contrôler : l'électricité, dont elle a réussi à réduire de 6 % la facture.

Coup dur pour les producteurs de viande

Autre secteur de l'industrie, autre problème.

L'augmentation du prix des céréales fait également mal aux quelque 200 propriétaires de parcs d'engraissement de veaux d'embouche québécois, déclenchant une réaction en chaîne dans l'industrie.

"Ces exploitants doivent consacrer une part plus importante de leur budget à la nourriture de leurs bêtes, ils ont donc moins d'argent pour acheter des veaux", dit Ann Fornasier, agroéconomiste à la Fédération des producteurs de bovins du Québec. Du coup, ce sont donc 5 000 petits producteurs de veaux qui connaissent des temps difficiles.

Ironiquement, la situation aurait dû tourner en leur faveur. Puisque moins de veaux sortent des étables, les prix auraient dû augmenter sur le marché. C'était sans compter avec la crise financière qui freine la consommation et les investissements.

Les producteurs de porcs poursuivent quant à eux leur chemin de croix. Ils font les frais de l'augmentation du prix du maïs, qui entre pour 40 % dans la composition de la moulée servie aux cochons.

Afin de limiter les effets de l'augmentation des prix, les producteurs de porc travaillent avec l'ensemble des acteurs de la filière à mettre sur pied une gestion équilibrée de la production, notamment avec les abattoirs. C.L.H

450

Quantité de maïs requise, en livres, pour produire l'éthanol nécessaire au remplissage du réservoir d'un véhicule utilitaire-sport.

Source : Institut économique de Montréal

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