L'ancien propriétaire du chemin de fer Québec Central, l'homme d'affaires beauceron Jean-Marc Giguère, veut relancer le transport ferroviaire dans Chaudière-Appalaches et en Estrie.

Transports Québec a lancé en septembre un appel de déclarations d'intérêt pour dénicher un nouvel exploitant du chemin de fer, qui est inexploité depuis trois ans.

" J'ai indiqué à Transports Québec et je suis prêt à reprendre l'aventure ferroviaire pour autant que la réouverture du réseau se fasse par étapes ", indique M. Giguère.

Ses intentions en étonneront plus d'un, compte tenu des tensions qui ont marqué ses rapports avec Transports Québec et qui ont conduit à un procès qu'il a gagné. "Nous avons eu nos bagarres, mais nous avons fait la paix. "

Racheté par Québec après avoir fait faillite

En 1999, M. Giguère a racheté le Québec Central du Canadien Pacifique pour environ 10 millions de dollars.

Durant ses meilleures années, le Québec Central a vu passer 4 500 wagons, alors que le seuil de rentabilité s'établissait entre 10 000 et 13 000 wagons.

La crise forestière et les grands projets industriels qui n'ont pas levé, comme l'usine Magnola à Asbestos, ont miné les perspectives d'affaires.

À la fin de 2006, incapable de le soutenir seul plus longtemps, M. Giguère plaçait le chemin de fer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. Le Québec Central avait accumulé un passif de 21,4 millions de dollars.

Ces dernières années, les conférences régionales des élus et les municipalités ont envisagé diverses hypothèses de reprise du chemin de fer, mais n'ont pas réussi à dégager un consensus entre les tenants de sa conservation à des fins de transport, et les tenants de la récupération de l'emprise à des fins récréotouristiques.

C'est finalement le ministère des Transports qui l'a racheté pour 18,3 millions de dollars, afin d'éviter qu'il ne soit vendu à des ferrailleurs qui l'aurait démantelé. Transports Québec n'entend pas le revendre à court terme, mais veut en impartir l'exploitation.

D'autres promoteurs sont intéressés

M. Giguère n'est plus seul à s'intéresser à la relance du Québec Central; d'autres entreprises ont répondu à l'appel d'intérêt de Transport Québec. Parmi elles se trouve une autre entreprise beauceronne, Chemin de fer Sartigan, fondée par les exploitants du Train touristique de Chaudière- Appalaches qui, entre 2000 et 2005, a roulé sur les voies du Québec Central.

La Société des chemins de fer du Québec a elle aussi manifesté son intérêt. Ce chemin de fer régional exploite depuis 10 ans les réseaux ferroviaires de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et le traversier-rail entre Baie-Comeau et Matane, et s'apprête à les revendre au Canadien National.

Le Québec Central se compose d'un réseau de voies et d'emprises de 284 kilomètres entre l'arrondissement Charny, à Lévis, et Sherbrooke, et d'un autre tronçon de 128 kilomètres entre Vallée-Jonction et Lac-Frontière. En mauvais état, le chemin de fer ne sert pas depuis 2005, à l'exception d'un tronçon de 17 kilomètres entre Joffre et Saint-Lambert-de-Lauzon. Ce tronçon est utilisé par un seul expéditeur, le négociant en grains Bunge, Leblanc & Lafrance.

Transports Québec a imparti l'exploitation de ce tronçon à Jean-Marc Giguère.

" Il y a 10 ans, la région n'avait pas conscience de l'importance d'avoir un chemin de fer ", indique M. Giguère. Le prix du carburant a changé la donne. " On sent qu'il y a une volonté régionale, mais il faudra des engagements fermes des expéditeurs. "

alain.duhamel@transcontinental.ca