Jean Coutu : fin d'un suspense, début d'un autre

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:09

Jean Coutu : fin d'un suspense, début d'un autre

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:09

Voilà, le suspense est désormais levé. Jean Coutu rachètera finalement de ses actions et versera un dividende spécial à ses actionnaires. Depuis plusieurs mois, les spéculations allaient bon train dans les coulisses sur ce que ferait le Groupe avec ses liquidités excédentaires. Plusieurs scénarios ont fait l'objet de discussions.

Un analyste avait notamment avancé la possibilité que la famille Coutu lance elle-même une OPA sur l'entreprise, en profitant du bilan de la société pour la financer.

Avec l'annonce du rachat d'actions (22 millions) et du dividende spécial de 0,50 $ par action, une opération de plus de 500 M$, ce scénario est désormais assurément écarté.

Personnellement, on se demandait si Jean Coutu n'était pas en train d'accumuler des munitions pour éventuellement retourner aux États-Unis, grâce à une acquisition plus petite que celle de l'époque Eckerd.

Il y a deux ans, un passage de la biographie de M. Coutu nous avait en effet étonné. «Nous avons beaucoup appris de cette expérience (aux États-Unis) et nous comptons bien demeurer vigilants afin qu'elle nous serve tout à la fois de tremplin et de balise lorsque de prochaines possibilités d'expansion en sol américain se présenteront à nous», écrivait-il.

Il semble que nous devons désormais écarter ce scénario.

Que penser de l'opération et quelle sera la suite ?

En déclarant un dividende spécial de 0,50 $ par action, la direction se trouve théoriquement à ajouter un rendement de 2 % à ses actionnaires. En vertu du rachat d'actions, elle donne un levier à son bénéfice par action de 10 % à 12 %, ce qui devrait, théoriquement, faire avancer le titre du même ordre de grandeur.

Le mot «théoriquement» est employé deux fois dans le paragraphe précédent parce que, pour en bénéficier, il fallait déjà posséder le titre depuis quelque temps. L'opération était en effet déjà pleinement anticipée par le marché, comme en fait foi le recul du titre lors de l'annonce du 9 octobre.

Certains trouveront curieux que Jean Coutu s'engage à racheter 21 des 22 millions d'actions de la Fondation Marcelle et Jean Coutu à un prix déterminé de 18,50 $. Ils auraient préféré que ces actions soient rachetées aléatoirement sur les marchés au cours des prochains mois.

C'est effectivement une opération qui soulève certaines interrogations. Il est difficile de ne pas noter que l'action du Groupe se négocie maintenant à un prix moindre que ce que la Fondation recevra, elle, pour ses actions (18,50 $).

En théorie, tous les investisseurs peuvent se prévaloir de l'offre à 18,50 $, mais, comme le dividende spécial (0,50 $) n'est payable qu'après la fermeture de celle-ci, il est probable que la plupart ne s'en prévaudront pas.

Peut-être le groupe Jean Coutu pourrait-il racheter à moins cher ces actions dans les prochains mois - et obtenir un levier sur les bénéfices plus importants - s'il rachetait à la valeur du marché, sans qu'un prix de rachat n'ait été préalablement établi (les 18,50 $). Peut-être, mais peut-être pas non plus. Le titre s'est récemment promené au-dessus des 19 $. Racheter d'un coup 10 % des actions de l'entreprise à 18,50 $ permet aussi d'assurer qu'on ne rachètera pas à un prix plus cher dans l'avenir.

Disons que la discussion est intéressante, mais qu'il n'y a pas matière à faire de vagues.

Quel plan de croissance ?

Cela nous amène à s'interroger sur le plan de croissance du pharmacien. Si le coffre-fort de l'entreprise est grandement dégarni, d'où viendra la croissance et comment la financera-t-on ?

Jean Coutu est libre de dette. Le Groupe a une marge de crédit de 500 M$, des actifs immobiliers de plus de 500 M$, et il bénéficie toujours de solides flux de trésorerie annuels (200 M$). C'est encore suffisant pour faire des acquisitions.

La question est, où et quoi ?

François Jean Coutu a évoqué quelques acquisitions potentielles, en faisant allusion à des pharmacies indépendantes.

Or, le potentiel semble limité de ce côté.

Notre impression est plutôt que Jean Coutu cherche des fabricants de produits auxquels il pourrait procurer un levier grâce à son réseau de magasins. C'est ce qu'il a fait avec Pro Doc, le fabricant de médicaments génériques, qui est un véritable succès de croissance. Plus récemment, il a aussi pris une participation de 50 % dans Médicus, un fabricant d'appareils orthopédiques et d'appareils de réhabilitation.

Là pourrait être le potentiel.

Ce n'est en tout cas sûrement pas pour rien que le Groupe a choisi de construire un nouveau centre de distribution et un siège social de 190 M$ à Varennes, avec une capacité de stockage nettement plus grande.

Restons à l'antenne. Pour l'instant, la décision de retourner de l'argent aux actionnaires donne l'impression d'une société qui a atteint la maturité et la stagnation, mais les investissements qu'elle réalise envoient encore un signal de croissance.

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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