Innoventé produit de l'énergie verte à plus d'un titre

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Innoventé produit de l'énergie verte à plus d'un titre

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Débarrasser une communauté de ses résidus organiques, en tirer de l'électricité et récupérer la chaleur de la production pour faire pousser des légumes : Innoventé arrivera à faire tout ça à Saint-Patrice-de-Beaurivage, dans Chaudière-Appalaches, et bientôt à Trois-Rivières et ailleurs.

Ce n'est pas tout, car la société établie à Québec voit tellement vert qu'elle a recyclé et déménagé une usine de cogénération de Terre-Neuve plutôt que de bâtir du neuf.

«On a la même philosophie que Cascades, qui a toujours pris des actifs existants et les a remis en fonction. C'est avantageux sur le plan économique, mais aussi sur celui du cycle de vie. On pense pouvoir le refaire, car il y a des usines de cogénération qui ont fermé aux États-Unis et qui sont disponibles», dit le président d'Innoventé, Richard Painchaud, microbiologiste et entrepreneur en série dans les technologies propres (Alex, Biolix).

Sa première usine étant maintenant toute prête dans un champ de Saint-Patrice, Innoventé s'apprête à générer ses premiers kilowattheures (kWh). Ils seront tirés des biocombustibles qu'elle produit grâce à sa technologie brevetée de bioséchage des résidus organiques de l'agriculture, des industries (pâtes et papiers, agroalimentaire) et des municipalités. Le procédé SHOC d'Innoventé utilise jusqu'à six fois moins d'énergie que les méthodes traditionnelles de séchage, indique Richard Painchaud, ce qui permettra une production d'électricité rentable. Cette électricité sera vendue à Hydro-Québec à 12 cents le kWh pour les 25 prochaines années (contrat de 140 M$), un tarif comparable à ceux de l'énergie éolienne ou de celle qui viendra de la centrale hydroélectrique La Romaine.

Gestion des matières résiduelles

«La façon dont on se distancie des autres énergies vertes, c'est en offrant d'autres avantages. On règle un problème de gestion des matières résiduelles, car les sites d'enfouissement ne sont plus une solution, aujourd'hui. Et puis, on crée en région des emplois de qualité à long terme», souligne M. Painchaud, qui emploiera 30 personnes à Saint-Patrice.

Dans cette municipalité et celles des environs, de nombreux fermiers pourront désormais se défaire de leurs surplus de fumier à moindres coûts, grâce à la présence d'Innoventé. L'usine pourra traiter 10 000 tonnes de matières organiques résiduelles par année, ce qui permettra de générer 4,6 MW d'électricité, en plus de chauffer deux hectares de serres qui seront louées à un producteur maraîcher.

«Notre procédé fait disparaître toutes les odeurs et les pathogènes. De plus, le biocombustible brûle aussi bien que des écorces, précise l'entrepreneur. Si on n'avait pas eu de solution pour la gestion des mauvaises odeurs, le projet n'aurait pas pu se réaliser. Les mauvaises odeurs sont dirigées vers l'unité de cogénération et elles sont détruites. De plus, on n'empile pas de matières odorantes à l'extérieur.»

Pas à pas à l'international

Innoventé a la prétention de pouvoir biosécher tous types de matières organiques, mais ne prendra pas de produits pétroliers ou dangereux. À Matane, où l'entreprise projette d'acquérir une ancienne cartonnerie, les résidus de crevettes, entre autres, pourraient servir de combustible.

À Trois-Rivières, c'est l'administration municipale qui a approché Innoventé afin de générer plus proprement ses matières résiduelles. L'usine ouvrira en 2015 dans le parc industriel et produira 8,8 MW d'électricité.

«On a une propriété intellectuelle [brevet au Canada et aux États-Unis, brevet international en instance], et notre modèle peut être dupliqué partout dans le monde. On a la possibilité de bâtir une nouvelle façon de faire», entrevoit M. Painchaud. Le président d'Innoventé précise néanmoins avoir une stratégie des petits pas. Il s'agit d'abord d'être performant dans les premiers projets avant de mettre le pied sur l'accélérateur. Le marché canadien à lui seul offre beaucoup de potentiel : l'Ontario et les Maritimes cherchent des énergies vertes, et leurs programmes d'achat d'électricité prévoient des prix supérieurs à ceux d'Hydro-Québec (13,8 cents le kWh en Ontario, 17,5 cents en Nouvelle-Écosse).

Jusqu'ici, 30 M$ ont été investis chez Innoventé. Investissement Québec a contribué à hauteur de 5 M$, Financement agricole du Canada a fourni 3 M$, et Desjardins et la Banque Nationale comptent parmi les prêteurs. La Caisse de dépôt ainsi que Fiera Capital sont actionnaires de la société inscrite à la Bourse de croissance de Toronto depuis 2010.

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