Impartir, ce n'est pas signer un chèque en blanc

Publié le 26/11/2011 à 00:00

Impartir, ce n'est pas signer un chèque en blanc

Publié le 26/11/2011 à 00:00

La crise a amplifié l'obsession de réduire les coûts dans les entreprises. Plusieurs d'entre elles comptent sur l'impartition pour y arriver, notamment dans le secteur des technologies. Mais l'effet est parfois inverse, par manque de suivi, révèle la deuxième étude internationale du cabinet Norton Rose sur l'impartition dans ce domaine.

La pression sur les coûts s'est accentuée entre la première édition de cette étude, qui fut réalisée avant la crise, et celle de cette année, explique Mike Rebeiro, associé au bureau de Londres. Une pression ressentie de manière asymétrique, selon le côté de la table où l'on se trouve. Ainsi, 62 % des fournisseurs affirment que les donneurs de contrats ont considérablement durci leur style de négociation. Chez les clients, seulement 41 % reconnaissent cette nouvelle réalité. Les entreprises canadiennes et britanniques seraient celles qui saignent le moins leurs fournisseurs.

Cette pression sur les prix risque d'engendrer une consolidation chez les sous-traitants. Loin de gagner, les clients verront leur choix de fournisseurs diminuer. Une situation qui pourrait être évitée, estime Jacques Lemieux, associé au cabinet de Montréal. «Lorsque les coûts sont élevés, c'est souvent parce que le risque est mal réparti entre le client et son fournisseur, explique cet avocat spécialiste des institutions financières. Les clients manquent de réalisme. Vous ne pouvez pas pelleter la plupart de vos risques dans la cour de votre sous-traitant et vous attendre à ne rien payer en contrepartie. De toute façon, pour assurer le succès du contrat, de nombreux risques devraient continuer à être imputés au client.»

Suivi des risques

L'étude révèle que, parmi les donneurs d'ordre, 42 % n'ont pas de responsable du suivi des risques associés à l'impartition. Plus encore, dans la moitié des cas, les entreprises clientes n'ont tout simplement pas de procédures de suivi des risques. Un constat troublant, tandis que le recours à l'impartition enregistre une croissance depuis la crise économique, même en Europe, auparavant réticente à adopter cette pratique.

Toutefois, les déboires associés aux contrats d'impartition prennent racine bien avant la signature du contrat. Les deux tiers des clients n'effectuent pas, ou très peu, de vérification diligente des personnes clés qui exécuteront leur contrat d'impartition. «Les fournisseurs affirment que le processus de vérification diligente est au mieux inutile et, au pire, antagoniste !» résume Mike Rebeiro. Cette vérification diligente aurait avantage à inclure la culture du fournisseur et son arrimage avec celle du client. «Si vous avez le bon partenaire, la relation sera beaucoup plus facile à gérer», constate Marc Tremblay, associé au bureau de Montréal.

Cette relation, comment la qualifier ? Les 75 entreprises qui ont répondu à l'étude de Norton Rose hésitent entre un partenariat et une simple relation client-fournisseur. Et pour cause... La transparence n'est pas toujours au rendez-vous : à peine 35 % des sous-traitants acceptent de dévoiler leur marge bénéficiaire à leur client. Et nombre de fournisseurs déplorent le manque de disponibilité de leurs clients. «Ils veulent que nous prenions le temps de les comprendre, mais lorsque nous frappons à la porte, personne n'ouvre», signale Mike Rebeiro.

30

Pourcentage des entreprises qui impartissent certaines activités, et dont les facteurs de motivation comprennent le désir de réduire leur empreinte environnementale.

Source : Norton Rose

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