Il est encore temps de faire le plein d'actions américaines

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Il est encore temps de faire le plein d'actions américaines

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

À près d'un mois des élections, il est difficile d'y voir clair avec ses titres américains. Malgré les risques, ils demeurent attrayants, surtout avec un huard qui permet de se les procurer à meilleur prix. Trois portefeuillistes dévoilent leur stratégie et des choix de titres.

STEPHEN GAUTHIER,

vice-président et stratège de Fin-XO Valeurs mobilières

Cible les sociétés peu sensibles à l'économie

Comme il le fait depuis deux ans, Stephen Gauthier préfère les actions américaines aux canadiennes. « La dernière crise a aguerri les entreprises américaines. Elles s'en sont bien sorties, et aujourd'hui, elles sont bien armées pour faire face à une conjoncture qui s'annonce encore exigeante », dit-il.

Les entreprises américaines ont de l'argent en banque, en plus d'un bon accès au marché des capitaux, comme en témoigne l'avalanche d'émissions d'obligations de sociétés. Néanmoins, il vaut mieux faire encore preuve de prudence dans ses choix, parce que la Bourse se berce de l'espoir que les banques centrales veillent au grain en injectant des liquidités.

« On évite toujours le pire, mais ça ne fait rien pour les bénéfices des entreprises. Je crois que la Bourse reste vulnérable à toute mauvaise nouvelle », dit-il.

Dans un tel contexte, il vaut mieux cibler des sociétés rentables, moins soumises aux aléas économiques et qui possèdent des avantages concurrentiels. « Elles tireront mieux leur épingle du jeu. »

M. Gauthier se garde des munitions pour investir davantage dans des sociétés qu'il privilégie, dans l'éventualité où l'effervescence suscitée par la triple offensive de la Réserve fédérale, de la Banque centrale européenne et du gouvernement chinois s'estompe à cause de la détérioration de l'économie et des bénéfices.

Les investisseurs peuvent se procurer un fonds négocié en Bourse qui calque le S&P 500 ou encore se constituer un portefeuille de 20 à 25 sociétés solides.

M. Gauthier choisit des leaders dans différentes industries : Colgate-Palmolive (NY, CL, 107,28$US), Verizon Communications (NY, VZ, 47,81$ US), Oracle (Nasdaq, ORCL, 31,55$US), T. Rowe Price Group (Nasdaq, TROW, 63,67$US) et Exxon Mobil (NY, XOM, 91,92$US).

Les sociétés sélectionnées doivent passer le test de la création de richesse : leur rendement sur le capital investi doit être supérieur à leur coût en capital.

STEPHEN BOLAND, analyste, Odlum Brown

Favorise encore les blue chips

Malgré la bonne performance des blue chips américains cette année, l'analyste de la firme Odlum Brown croit que ces titres sont encore de bons choix de placement.

Il y a 10 ans, tout le monde se ruait sur les titres de premier ordre américains, quand ils se négociaient de 40 à 50 fois leurs bénéfices. Aujourd'hui, les investisseurs font la fine bouche, tandis qu'ils se négocient à des évaluations encore raisonnables de 16 à 18 fois leurs bénéfices, note Stephen Boland.

« Les investisseurs peuvent encore mettre la main sur de grandes entreprises solides et capables de faire croître leurs bénéfices à un rythme respectable de 8 à 10%, avec bien souvent en prime un bon dividende de 2,4 à 4%. »

Grâce à leurs revenus un peu partout dans le monde, les multinationales américaines sont moins vulnérables que d'autres au risque que le Congrès américain ne s'entende pas sur un moyen de régler le précipice fiscal d'ici le 31 décembre 2012.

À plus long terme, ces sociétés devraient continuer à bénéficier de la croissance de la classe moyenne dans les pays émergents. « Leur consommation par personne est encore très modeste par rapport à celle des pays avancés », fait-il valoir.

Leur bilan sain donne aussi à ces multinationales les moyens de continuer de croître et même de gagner des parts de marché en période de ralentissement.

L'approche d'Odlum Brown consiste à se constituer une brochette diversifiée d'entreprises : Kraft Foods (NY, KFT, 41,68$US), Procter&Gamble (NY, PG, 69,77$US), Coca-Cola (NY, KO, 37,98$US), ColgatePalmolive (NY, CL, 107,28$US), Johnson&Johnson (NY, JNJ, 68,43$US), 3M (NY, MMM, 93,83$US) et General Electric (NY, GE, 22,57$US).

Pour compléter la brochette, M. Boland ajoute le géant anglo-néerlandais Unilever (NY, UN, 36,22$US), ainsi que le chef de file mondial des spiritueux Diageo (NY, DEO, 113,39$US), qui commercialise notamment la vodka Smirnoff.

GREG WOODARD, stratège, Napier Manning Advisors

Mise sur trois thèmes porteurs

Les actions américaines ne sont plus des aubaines, mais elles restent attrayantes par rapport à leur historique et à d'autres catégories d'actif.

« En raison des inquiétudes suscitées par le précipice fiscal, il est encore possible de se procurer des entreprises en croissance à prix raisonnable. C'est une occasion à saisir », fait valoir Greg Woodard, gestionnaire du fonds Ethical American MultiStrategy.

Ce n'est plus le moment de se réfugier dans les industries stables (pharmaceutique, télécommunications et consommation essentielle), ni dans les valeurs de premier ordre (blue chips) à forte capitalisation, car ces titres sont plutôt généreusement évalués. Il vaut mieux viser les sociétés qui peuvent croître indépendamment, du moins en partie, de la conjoncture.

Dans un climat d'après-crise, l'économie devrait tourner au ralenti longtemps, dit-il.

En technologie, Google (Nasdaq, GOOG, 760,52$US), EMC Corp. (NY, EMC, 27,47$US) et Qualcomm (Nasdaq, QCOM, 63,45$US) sont trois exemples d'entreprises qui bénéficient des tendances fortes de la publicité numérique, de l'informatique en nuage ou de la mobilité.

Leurs ventes mondiales leur assurent aussi une bonne diversité dans leurs sources de revenus.

Dans la santé, M. Woodard préfère les entreprises qui améliorent la prestation de soins et qui contribuent à diminuer leurs coûts, car ce sera une priorité du gouvernement pour longtemps.

Les fonds que gère M. Woodard possèdent notamment le spécialiste des logiciels de gestion pour le secteur de la santé Cerner (Nasdaq, CERN, 75,28$US) et le fournisseur de produits diagnostiques Becton Dickinson (NY, BDX, 79,08$US).

Dans le secteur de l'énergie, deux thèmes guident les choix de la firme new-yorkaise Napier Manning : l'approvisionnement restreint de pétrole à bon prix et le surplus de gaz naturel.

Le prix élevé du pétrole incite les producteurs à dépister de nouvelles sources de carburant, en zone moins accessible.

Les dépenses de forage et d'exploration profiteront à l'équipementier Cameron International (NY, CAM, 56,99$US) et au géant des services à l'industrie pétrolière et gazière Baker-Hughes (NY, BHI, 46,50 $ US).

À l'inverse, les prix modiques pour le gaz naturel alimentent la demande de ce carburant de la part des transporteurs et de producteurs d'électricité.

En même temps, certains producteurs commencent à réduire leur production, car le prix actuel n'est pas économique. Cela devrait éventuellement faire augmenter le prix du gaz naturel, sans toutefois étouffer la demande.

Puisque le gaz naturel gagne en valeur, M. Woodard achète des titres de producteurs, qui possèdent et explorent des gisements, tels que Apache Corp. (NY, APA, 86,31$US), Range Resources (NY, RRC, 67,52$US) et EOG Resources (NY, EOG, 113,32$US).

VENTS DE DOS

La Fed injecte 85 milliards de dollars américains par mois dans le système financier américain, sans s'imposer de date butoir, en rachetant des titres hypothécaires et des obligations.

La Fed promet des taux près de zéro jusqu'au milieu de l'année 2015.

En juillet, le prix des maisons dans 20 villes a augmenté le plus depuis août 2010. Excluant l'effet d'un crédit d'impôt en 2010, c'est la première fois que les prix augmentent deux mois consécutifs.

Les actions américaines du S&P 500 se négocient à un multiple de 12,6 fois leurs bénéfices prévus dans douze mois, le plus élevé depuis novembre 2011. C'est une évaluation jugée encore raisonnable par rapport à leur moyenne de 14,3, depuis 10 ans.

VENTS DE FRONT

Le S&P 500 et le Dow Jones se négocient déjà près d'un sommet depuis décembre 2007, le Nasdaq, depuis novembre 2000.

Les bénéfices des entreprises américaines baisseront de 2,2 % au troisième trimestre. C'est la première baisse depuis la crise de 2008-2009.

L'Iowa Electronics Markets, un marché de contrats à terme piloté par l'Université d'Iowa, prédit la réélection de Barack Obama et l'élection d'un Congrès à majorité républicaine, ravivant les craintes que les politiciens ne pourront s'entendre pour éviter le précipice fiscal, soit la hausse des impôts et la baisse des dépenses publiques, ni une récession l'an prochain.

À long terme, l'injection massive de liquidités pourrait générer une inflation néfaste qui appauvrirait à la fois les porteurs d'obligations américaines et les consommateurs américains.

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