À 63 ans, Alain Bouchard veut encore rester chef de la direction de Couche-Tard pour quelques années, mais il dit préparer sa sortie.
«J'aime bien ce qu'ont fait Rémi Marcoux [TC Transcontinental] et Serge Godin [Groupe CGI]. Ils ont préparé une jeune relève», dit-il, en précisant que, comme eux, il demeurera actif, mais d'une façon un peu plus détachée.
Un dauphin existe au sein de l'organisation de Couche-Tard, mais Alain Bouchard refuse pour l'instant de révéler publiquement son identité.
Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis 1977, alors que le jeune Alain Bouchard prenait possession d'un premier dépanneur, à Saint-Jérôme. Il occupait à l'époque un poste chez Provi-Soir et veillait au développement des magasins. Il s'est présenté à son employeur et lui a expliqué qu'il voulait se lancer à son compte. Provi-Soir a accepté, pourvu qu'il reste à son emploi encore un certain temps.
Alain Bouchard confie que les choses n'ont pas toujours été drôles. En 1992, l'industrie du dépanneur nord-américaine connaît des jours difficiles. Aux États-Unis, 7-Eleven est sous la protection de la loi sur les faillites, et les banques ont perdu confiance dans l'industrie. L'époque a changé, et les supermarchés sont désormais autorisés à ouvrir plus longtemps. Au Québec, de fortes taxes sur le tabac font en sorte que la clientèle se tourne vers la cigarette de contrebande.
«Je me souviens que la banque a transféré notre compte au centre-ville, et ce n'était pas parce qu'on avait une promotion !» relate-t-il.
Le banquier chargé du dossier déclare : «Je ne sais pas s'ils vont réussir, mais s'il y a une entreprise qui réussit dans le lot, ce sera eux».
Deux ans plus tard, les taxes sur le tabac baissent, et Couche-Tard achète La Maisonnée et Perrette. Elle est passée au travers de la crise. S'amorce alors une croissance qui fera forte impression sur la galerie. Tout comme sur son chef d'orchestre : «J'ai toujours eu des rêves assez excessifs, mais Couche-Tard est aujourd'hui nettement plus grosse que ce à quoi je rêvais».
