Histoire d'une délocalisation inversée

Publié le 31/08/2013 à 00:00

Histoire d'une délocalisation inversée

Publié le 31/08/2013 à 00:00

Mission impossible de produire à moindre coût que les Mexicains et d'être plus efficace que les Américains ? L'usine de poulies Baldor, à Sainte-Claire, dans Chaudière-Appalaches, a prouvé le contraire. Tant et si bien qu'elle a convaincu sa société mère aux États-Unis qu'elle pouvait faire mieux que ses filiales soeurs. Résultat ? La délocalisation... vers le Québec.

«Quand Baldor a acheté Poulies Maska en 2008, la première réaction des employés a été la crainte de perdre leur travail. Ils pensaient que la production serait rapatriée en Caroline du Nord», dit Pierre Boutin, directeur général de Baldor.

Lui aussi partageait l'inquiétude, mais il n'entendait pas se laisser abattre. Dans les mois suivant l'acquisition, il a fait une première tentative de récupérer la production de l'usine mexicaine de Baldor. Sans succès. Il y avait une crise économique, et l'entreprise restait prudente pour ce qui est de ses projets. Finalement, Baldor a été rachetée par la société suisse ABB, spécialisée dans l'automation, à la fin de 2010.

Cette année-là, Pierre Boutin est revenu à la charge, pour ravir à la Caroline du Nord la production de moyeux.

«J'y suis allé avec un plus petit projet et c'est passé. Ils avaient un procédé de fabrication manuel alors que nous étions robotisés. Ça a fait toute une vague, car c'est très rare qu'une production soit transférée des États-Unis vers le Canada. Mais ça a été un succès. On a livré ce que nous avions promis en [matière de] coûts et en efficacité.»

Plus de production, plus de ventes

Chez Baldor, les directeurs des ventes et du marketing ont apprécié : plus de production, plus de ventes. Ainsi, en 2011, l'usine de Sainte-Claire a été mise en concurrence avec celle de la Caroline du Nord pour évaluer laquelle des deux serait la plus performante si la production mexicaine devait être transférée.

«On a vu que c'était une occasion qu'on ne pouvait pas laisser passer. Si on perdait, notre concurrent interne allait grossir, mais pas nous», souligne M. Boutin. L'usine de Sainte-Claire a pu démontrer qu'elle aurait assez de capacité de production et qu'elle pouvait produire à des coûts inférieurs.

Pierre Boutin a aussi travaillé en collaboration avec le personnel d'ABB pour convaincre Investissement Québec (IQ) de donner un coup de pouce. IQ a accepté de subventionner 10 % des investissements de 6 millions de dollars prévus pour moderniser les équipements de l'usine et augmenter sa capacité de production.

Consolider 175 emplois et en créer 12 autres

Le transfert de la production mexicaine, en cours depuis janvier, accroîtra le chiffre d'affaires de Sainte-Claire de 15 %, en plus de consolider 175 emplois et d'en créer une douzaine d'autres.

Les travaux de modernisation, dont certains ont été entrepris il y a quelques années, font que la seule usine de poulies du Canada, et une des rares en Amérique du Nord, compte sur cinq cellules de travail robotisées. «Ça nous a permis de rester concurrentiels face aux Asiatiques», note le dirigeant, en ajoutant que la robotisation a amélioré la productivité de 30 à 50 %.

Actuellement, 40 % de la production de poulies et de moyeux provient des cellules robotisées, et cette proportion est appelée à augmenter, car une équipe de R-D composée d'ingénieurs en robotique travaille à concevoir d'autres systèmes. Mais tout ce processus d'automatisation se réalise sans mises à pied.

L'usine de Sainte-Claire compte aussi sur la méthode Toyota pour réduire ses coûts de production. Le système de gestion au quotidien encourage aussi un engagement plus important des employés grâce à des objectifs précis, établis selon les jours, en santé et sécurité, en qualité ou en ressources humaines. La boîte à suggestions est un vrai succès : depuis le début de l'année, 163 suggestions ont été faites et la direction a pu en appliquer une centaine.

À son arrivée dans le groupe Baldor, l'usine de Sainte-Claire s'était classée 13e sur 26 à l'audit en production allégée (lean manufacturing). Trois ans plus tard, en 2012, elle accédait au premier rang.

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