Gros plan sur les principaux projets miniers du Plan Nord

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 10:15

Gros plan sur les principaux projets miniers du Plan Nord

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 10:15

Vingt mois après l'annonce du Plan Nord du gouvernement Charest, il n'y a rien de plus difficile pour un promoteur minier que de boucler son financement. Ce qui devait être «le chantier d'une génération» s'est transformé en un territoire partiellement gelé, faute de fonds.

Le problème est d'abord planétaire : les investisseurs sont nombreux à délaisser les mines, à l'exception des gisements de classe mondiale - peu nombreux au Québec. Mais à ce problème s'ajoute la promesse d'un nouveau régime minier plus gourmand.

«Nommez-moi un projet minier au Québec dont le financement ne dépende pas de ce qu'il va y avoir dans la future politique de redevances ! Moi, je n'en connais pas», lance le président de Métaux Blackrock, Jean Rainville.

Même Patrick Godin, chef de l'exploitation de Stornoway, est inquiet malgré le feu vert reçu pour sa future mine de diamants. Il doit trouver 800 millions de dollars d'ici le démarrage de la mine l'été prochain, alors que la capitalisation boursière de l'entreprise a baissé à 120 M$. «Si on handicape le retour sur l'investissement, on a un problème», dit-il.

Dans le contexte politique actuel, tous ceux qui auront besoin d'argent en 2013 sont inquiets, convient-on dans l'industrie.

Alors qu'adviendra-t-il du développement minier ? La question reste posée. En attendant la réponse, voici où en sont rendus les principaux projets du Plan Nord.

1 Les affaires continuent chez Xstrata

Mine Raglan poursuit son expansion de 530 M$ US annoncée en 2011 : construction d'une deuxième mine et ouverture d'une nouvelle zone d'exploitation à la mine. On prévoit un déficit de nickel à partir de 2014, ce qui augure bien pour les futures affaires de la mine.

2 Les Chinois s'implantent

Première mine de nickel entièrement détenue par des intérêts chinois au Québec, Nunavik Nickel devrait démarrer ces jours-ci (voir texte page 28).

3 Expansion stoppée

L'expansion du complexe minier de Cliff Natural Ressources (fer) a été annulée pour 2013. Plusieurs analystes estiment que la société a payé trop cher pour acquérir ce projet de Consolidated Thompson.

4 Perte d'élan

Grande vedette du Plan Nord, ArcelorMittal Mines Canada poursuit l'expansion de son complexe minier sur la Côte-Nord, mais le projet de nouvelle usine de bouletage est en veilleuse. De plus, la société mère, accusant un déficit de 23 milliards de dollars, a cédé 15 % de ses actifs québécois aux aciéristes Posco et China Steel.

5 Audiences publiques retardées

Le projet d'apatite de Mines Arnaud, détenu par le gouvernement du Québec et la norvégienne Yara, accuse des retards et se heurte à une résistance de la population. Les audiences du BAPE sont maintenant prévues à l'automne 2013.

6 Une suite à la mine de fer indienne ?

La première mine à majorité indienne au Canada a produit ses premières 200 000 tonnes de fer à enfournement direct et s'attend à entrer en production commerciale à l'été 2013. Mais son propriétaire, Tata Steel Canada, n'est pas sûr de poursuivre avec les deux autres projets de plus grande envergure, Kemag et Labmag, dont la faisabilité est remise en question. Il lorgne le Brésil pour s'approvisionner en fer à moindre coût. Plusieurs analystes estiment que si le prix de la tonne de fer baisse à moins de 100 $, bien des projets dans la Fosse du Labrador ne seront plus concurrentiels.

7 Lac Otelnuk : très hypothétique

En vue de réaliser son mégaprojet de mine de fer qui livrera 50 millions de tonnes par an - au coût imposant de 13 milliards de dollars américains -, Ressources Adriana a assez d'encaisse pour entreprendre une étude de faisabilité. Mais l'entreprise a fait savoir que la hausse des redevances pourrait avoir «un impact significatif» sur l'avenir du projet, qui dépend du financement de l'aciériste chinois Wisco. Le démarrage de la mine était prévu pour 2016, mais les analystes ne le prévoient pas avant 2018.

8 Tout baigne au Lac Tio

Rio Tinto Fer et Titane poursuit ses investissements de 200 M$ sur cinq ans pour l'expansion de sa mine de fer et titane près de Havre-Saint-Pierre. La demande de titane continue à être très forte.

9 L'or a toujours la cote

La mine d'or Éléonore de Goldcorp est en construction (1,4 G$). Le démarrage est toujours prévu pour 2014.

10 La première mine d'or 100 % québécoise du Plan Nord

À la suite d'un investissement de 47 M$, la petite mine d'or Lac Bachelor, qui appartient à la société aurifère Ressources Métanor, a produit 1 700 onces d'or en novembre 2012. La production commerciale devrait démarrer cet été. Mais la hausse des redevances pourrait tuer la profitabilité de l'entreprise québécoise, a prévenu le dirigeant de la mine.

11 Un lien ferroviaire né dans le désaccord

Juste avant de perdre ses élections, le gouvernement Charest a annoncé la construction, sur la Côte-Nord, d'un chemin de fer multifonctionnel de 800 kilomètres qui serait détenu par le Canadien National et la Caisse de dépôt et placement du Québec. Plusieurs minières concernées ont rejeté la formule, préférant être elles-mêmes propriétaires, tout en bénéficiant d'un soutien gouvernemental. Deux minières ont même refusé de participer à l'étude de faisabilité attendue en juin 2013. Devant le coût très élevé du projet et son niveau de risque, le nombre de kilomètres a été réduit à 550. Même s'il progresse et même si un nombre suffisant de minières y adhèrent, le projet fera l'objet de laborieuses négociations sur le prix à la tonne, car dans le contexte actuel de ralentissement des investissements, les minières sont centrées sur la rationalisation des dépenses.

12 Décollage de la filière du lithium

La minière Canada Lithium a commencé, en décembre dernier, la mise en service de son projet Québec Lithium, qui comprend une usine de transformation. Les premières livraisons devraient être expédiées en mars. Québec Lithium n'est pas le seul projet de lithium au Québec. La société Nemaska Lithium a publié une étude économique préliminaire sur son projet minier Wahbouchi, qui prévoit la construction d'une usine de transformation à Salaberry-de-Valleyfield. Nemaska Lithium pourrait être une des premières minières à bénéficier du congé fiscal annoncé par le gouvernement Marois.

13 Relance du camp de Matagami

Le projet de mine de zinc et de cuivre Bracemac-McLeod, détenu par Xstrata Zinc (65 %) et Donner Metals (35 %), a décollé cet automne, redonnant vie au camp minier de Matagami. Anciennement établie à Vancouver, Donner Metals a déménagé son siège social à Montréal.

14 Champion Iron Mines en quête de financement

La canadienne Champion Iron Mines doit publier son étude de faisabilité ce mois-ci et se mettre à la recherche de financement pour son projet de mine de fer Fire Lake North. Elle est une des rares minières à ne pas avoir conclu d'entente d'achat avant d'arriver à l'étape de la faisabilité.

15 Un début pour le vanadium

Deux minières sont assises sur un gisement contenant du fer, du vanadium et du titane, tout près de Chibougamau. L'une d'elles, la montréalaise Blackrock, une société fermée détenue à 50 % par des intérêts étrangers (Chine et Moyen-Orient), promet de démarrer sa mine l'an prochain. Mais elle doit auparavant boucler son financement. L'autre société, de Vancouver, n'a même pas eu 1 M$ pour poursuivre l'exploration. On prédit un grand avenir au vanadium, qui sert à renforcer l'acier et à accumuler l'énergie verte. Et ce gisement du lac Doré serait le plus important à l'extérieur de l'Afrique du Sud.

16 Les Chinois investissent

En novembre, la minière canadienne Century Iron Mines a confirmé un investissement de 40 M$ de la société Wisco pour poursuivre l'exploration du dépôt de fer de Rainy Lake, sur la Côte-Nord. La minière détient aussi d'autres propriétés en exploration à la Baie-James et sur la Côte-Nord avec des intérêts chinois.

17 IOC optimise ses opérations

En 2011, le producteur de fer IOC à Labrador City, près de Fermont, lançait le projet Genesis, visant une expansion à 50 millions de tonnes par année pour 2016. Aujourd'hui, une expansion à 22 millions de tonnes est prévue pour 2013, alors que l'entreprise est engagée dans un processus de contrôle des coûts. Elle a toutefois conçu un nouveau système de livraison du minerai, un nouveau concasseur et un nouveau broyeur pour accompagner l'expansion.

18 Moins d'exploration pour Labrador Iron Mines

À l'automne 2012, touchée de plein fouet par la baisse du prix du fer, Labrador Iron Mines a réduit son budget d'exploration de 8 à 5 M$ et différé 52 M$ de dépenses au premier trimestre 2013.

19 Stornoway cherche 800 M$

Après deux ans d'études, la minière Stornoway a reçu en décembre 2012 sa Certification d'autorisation globale à l'égard du projet diamantaire Renard. Si tout se passe comme prévu, Stornoway pourrait commencer dès cet été la construction de la première mine de diamants au Québec. Mais elle a besoin de lever 800 millions de dollars d'ici là. Son projet de route a été réduit. De plus, elle vient de publier une révision à la baisse de ses dépenses pour la mine.

suzanne.dansereau@tc.tc

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