Quand on travaille dans une multinationale, la concurrence ne vient pas toujours de l'extérieur. Christian Giroux a dû faire preuve de stratégie à l'interne pour convaincre le siège social de Fujitsu à Tokyo d'inaugurer à Québec un centre d'innovation ouverte de 20 millions de dollars il y a deux ans.
«J'étais préoccupé par les projets et les ambitions des autres filiales nord-américaines. On aurait pu me dire qu'il y avait d'autres dossiers à piloter ou que c'était une bonne idée, mais qu'elle se réaliserait à Sunnyvale, en Californie, plutôt qu'à Québec», dit le premier vice-président, Est du Canada, de Fujitsu.
Pour séduire, M. Giroux a fait valoir les atouts de Québec, mais il s'est aussi obligé à mieux connaître le Japon et Fujitsu, la discrète société mère qui laisse beaucoup de liberté à ses composantes. «Je ne présentais pas qu'un dossier d'affaires, je pouvais le présenter de manière contextuelle», se souvient-il.
Avant de se rendre au Japon, Christian Giroux a lu sur l'histoire et la culture du pays et il est arrivé là-bas une semaine avant son rendez-vous, histoire de s'imprégner du milieu et de ses codes. «Même l'échange de cartes professionnelles se fait autrement là-bas, et il faut savoir comment s'y prendre.»
Finalement, il a gagné son pari : il a montré qu'un centre d'innovation ouverte à Québec ferait de Fujitsu un acteur du changement, un citoyen de la ville intelligente.
Un rêve de 400 employés
Christian Giroux continue aujourd'hui de faire rayonner Québec dans l'immense société informatique de 175 000 employés. Avec son équipe, il a aussi mis en place ces dernières années à Québec un centre de développement à distance, qui emploie 60 personnes (sur un total de 850 pour Fujitsu Québec).
«Mon rêve est d'avoir 400 employés dans ce centre. On a déterminé nos créneaux d'excellence, et nos clients sont d'autres filiales de Fujitsu», explique-t-il, ajoutant qu'il compte sur sa capacité d'offrir des services à taux avantageux.
Selon KPMG, il en coûte globalement 5,8 % moins cher d'exercer des activités à Québec que dans la moyenne des villes américaines. Dans certains secteurs, comme le développement de logiciels, l'écart est plus marqué.
Plus grande place d'affaires de Fujitsu au pays, Fujitsu Québec a une capacité de service beaucoup plus grande que le petit bureau de Toronto. Elle a récemment travaillé pour une banque ontarienne qui ne voulait pas faire comme la Banque Royale et déplacer des emplois en Inde. «Notre plan de croissance est de ramener à Québec des contrats pour des clients qui veulent du nearshoring. On a l'avantage concurrentiel.»