Épicerie : Target n'aura pas carte blanche

Publié le 16/02/2013 à 00:00, mis à jour le 14/02/2013 à 09:52

Épicerie : Target n'aura pas carte blanche

Publié le 16/02/2013 à 00:00, mis à jour le 14/02/2013 à 09:52

Tandis que Walmart accroît le nombre de ses épiceries complètes au Québec, la stratégie alimentaire de sa future grande rivale, Target, demeure mystérieuse. Seule certitude : le géant américain n'aura pas carte blanche.

Parmi les 25 succursales Target qui ouvriront au Québec d'ici la fin de l'année, 14 seront situées dans des centres commerciaux où se trouve déjà un supermarché (IGA, Maxi, Super C ou Adonis). Cette statistique n'est pas anodine. Car, règle générale, les baux de ces épiciers leur assurent l'exclusivité de la vente de produits frais et d'autres aliments.

Même si Target voulait vendre des fruits, des légumes et de la viande dans tous ses magasins, ce ne serait donc pas possible. L'offre variera-t-elle d'un magasin à l'autre, en fonction des obligations contractuelles héritées de Zellers (qui a vendu ses baux à Target) ?

«C'est ça, la question. Est-ce que Target s'en vient ici avec un, deux ou trois concepts ? s'est demandé le pdg de Metro, Eric Richer La Flèche, au cours d'un entretien avec Les Affaires. Quand tu commences, tu ne commences pas avec trois concepts, il me semble. Il faudra attendre qu'ils ouvrent pour voir ce qu'ils vont faire.»

De l'avis du dirigeant, la logique veut que l'offre alimentaire de Target soit similaire à celle de Zellers, donc assez limitée. Mais rien n'est coulé dans le béton. «Target a demandé aux centres commerciaux d'avoir plus de latitude. Ça a fait partie des discussions. Mais ce n'est pas facile d'enlever un privilège qui a déjà été consenti. Il faut avoir quelque chose à donner en contrepartie», révèle une source de l'industrie, sous le couvert de l'anonymat. Target n'a pas voulu commenter, les négociations avec ses partenaires immobiliers étant confidentielles.

Élément stratégique

Le détaillant promet toutefois que son éventail de produits «sera similaire partout au pays», sauf certaines «nuances», compte tenu de la taille des magasins et des goûts locaux, indique son porte-parole, Sébastien Bouchard. Il ajoute que son objectif est d'offrir aux Québécois «une expérience de magasinage aussi similaire que possible à celle que nous offrons dans nos magasins des États-Unis», où l'on vend «du lait frais, du jus, du fromage et d'autres aliments de base».

«La nourriture est un élément clé de notre stratégie et sera offerte dans tous les magasins Target qui ouvriront au Québec en 2013», poursuit-il.

Si Target refuse de préciser davantage sa stratégie (nombre de produits, superficie consacrée à la nourriture, noms des fournisseurs locaux), on sait qu'une entente «à long terme» a été signée avec Sobeys. Le grossiste l'approvisionnera en aliments surgelés, en produits laitiers et en épicerie sèche, ce qui ne veut pas dire que ces trois catégories seront vendues dans tous les magasins.

Même situation chez Walmart

Walmart doit composer avec le même problème que Target. Des experts croient d'ailleurs que les clauses restrictives dans les mails encouragent Walmart à préférer les mégacentres, où il y a moins de contraintes.

Mais le géant américain minimise les inconvénients suscités par les clauses de non-concurrence. La vice-présidente de Walmart au Québec, Chantal Glenisson, refuse d'ailleurs de dire qu'elle ne pourrait jamais convertir tous ses magasins en Supercentres. «Je ne dirais pas "jamais"», sans expliquer comment elle s'y prendrait.

La dirigeante admet toutefois que dans les 39 Zellers convertis en Walmart au Canada depuis un an, il y a «des limites», surtout en ce qui concerne la vente de produits laitiers et de surgelés, «mais les baux ne sont pas toujours pareils». De toute façon, dit-elle, les locaux sont trop petits pour y vendre des fruits et des légumes frais. Elle n'a pas été en mesure de nous dire quelle proportion des magasins ne sont pas autorisés à vendre de l'alimentation fraîche.

«C'est sûr que Walmart négocie pour faire réduire les clauses d'exclusivité. C'est évident que ça les embête. La nourriture, ça augmente la fréquentation, car c'est quelque chose qu'on achète chaque semaine», affirme Jean-Claude Dufour, expert en distribution alimentaire à l'Université Laval. Après avoir transformé sept magasins en Supercentres l'an dernier au Québec, Walmart prévoit en aménager une dizaine d'autres en 2013.

LES CLAUSES DE NON-CONCURRENCE, UNE QUESTION D'ÉQUILIBRE

Les clauses de non-concurrence servent «à maintenir un certain équilibre dans les centres commerciaux. Le mix marchands, c'est important», explique Guy Charron, vice-président exécutif, exploitation - commerce de détail chez Cominar, propriétaire de centres commerciaux. Aucun locateur ne veut se retrouver avec trois animaleries, mais aucun magasin de souliers. Les clients veulent une offre aussi variée que complète. «C'est donnant, donnant. On accorde, par exemple, l'exclusivité à un détaillant qui s'engage à ne pas ouvrir d'autre point de vente dans un rayon donné.» Ainsi, un magasin Sports Experts est obligé, en vertu de son bail, de vendre des articles de sport. Il ne peut pas sous-louer à la SAQ demain matin. De même, il n'a pas été facile pour Zellers d'obtenir l'autorisation de vendre des médicaments, une exclusivité réservée à la pharmacie. Les propriétaires de centres commerciaux ont dû négocier avec les pharmaciens...

25 Target prévus au Québec

11 dans des centres commerciaux sans épicerie

14 dans des centres commerciaux avec une épicerie : 6 Maxi (propriété de Loblaw) 4 IGA (propriété de Sobeys) 3 Super C (propriété de Metro) 1 Adonis (propriété de Metro)

marie-eve.fournier@tc.tc

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