Entrepreneurs, l'heure est à la contre-offensive

Publié le 19/02/2011 à 00:00

Entrepreneurs, l'heure est à la contre-offensive

Publié le 19/02/2011 à 00:00

L'heure est à la contre-offensive.

Le manque d'entrepreneurs risque d'entraver sérieusement la course du Québec vers la prospérité. L'avertissement a été servi sur de nombreuses tribunes depuis quelques années, mais le ton a monté récemment, peut-être parce que l'échéance se fait plus pressante. En novembre, la Fondation de l'entrepreneurship et la Caisse de dépôt et placement rendaient public un sondage alarmant : d'ici 2020, il manquera 38 000 repreneurs dans la province pour reprendre la barre d'entreprises existantes. 38 000 ! Sans compter qu'il faudrait d'autres candidats pour créer de nouvelles entreprises innovantes.

Le défi est grand. Où allons-nous trouver tous ces champions ?

Ici et ailleurs. " Les compétences sont au rendez-vous et les solutions existent ", disait la Fondation de l'entrepreneurship. On pourrait aussi mieux encadrer les immigrants investisseurs qui arrivent par milliers au Québec, mais qui sont malheureusement trop nombreux à s'en aller quelques années plus tard. De 1998 à 2007, nous en avons ainsi perdu 90 %, vient de rappeler le Conseil des relations interculturelles.

Le Québec doit réagir et Les Affaires entend faire sa part. Dès la semaine prochaine, nous lançons notre grande Opération Relève, qui s'inscrit dans la tradition de notre Tournée du Québec. Sauf que, cette année, toute l'attention sera portée sur l'enjeu de la relève. Au lieu de simples - mais instructives - rencontres matinales, nous consacrerons toute une journée dans chaque région, avec ateliers et conférences pour creuser le sujet et comprendre les dynamiques particulières.

Partout dans les milieux d'affaires, on prend conscience d'un double blocage potentiel : les entrepreneurs qui vont devoir tôt ou tard prendre leur retraite sont souvent dépassés par la complexité du transfert éventuel de leur entreprise, et la préparation de ceux et celles qui pourraient les remplacer est défaillante. Et ce, à supposer qu'on en trouve, une relève !

Nous irons chez vous

Notre caravane s'ébranle le 23 février avec un premier arrêt à Dorval, en banlieue de Montréal. Suivront des rencontres à Joliette, Drummondville, Québec et ainsi de suite jusqu'au 4 octobre, alors que nous terminerons notre tournée à Sherbrooke. En tout, Opération Relève visitera 13 villes.

Notre équipe ne fera pas que glaner des renseignements. Au contraire : nos partenaires feront profiter les participants de leur savoir et de leurs compétences sur des questions liées au transfert d'entreprises. Cette année, l'accent sera mis sur la formation.

Des experts de la firme d'avocats BCF, du cabinet-conseil Raymond Chabot Grant Thornton et du Fonds de solidarité FTQ seront sur place lors de chaque rendez-vous pour partager leur expérience et leur savoir-faire. Et pas de façon désincarnée : nous venons de présenter un webinaire (séminaire en direct sur le Web) sur le sujet ayant pour thème : " Le transfert d'entreprises, une affaire de coeur autant que de tête ".

Autrement dit, il ne faut surtout pas sous-estimer la dimension humaine de toute cette démarche qui peut être déchirante si elle n'est pas bien menée, ce qui vaut autant pour la cession d'une entreprise que pour les tentatives d'en acquérir une. Le transfert s'effectuera-t-il dans la famille ? À quelles conditions ? Ou faudrait-il passer le relais à des employés clés ? Mais avec quel financement ? Et à partir de quand devrait-on commencer à penser à la suite des choses ?

Des montagnes de soucis, apparemment... Et pourtant, les inquiétudes font place au soulagement lorsque la transmission est bien comprise et soigneusement encadrée. À l'inverse, l'improvisation mène à l'impasse. Il circule un chiffre désastreux quant au taux d'échec des transferts d'entreprises de la première à la deuxième génération : 70 % ! C'est exagéré, a-t-on entendu dire lors du webinaire, mais il est certain que le risque est grand si la jonction ne s'effectue pas entre ceux qui partent et ceux qui pourraient arriver.

Maintenant que la récession est terminée, bien des entrepreneurs qui avaient remis à plus tard la passation des pouvoirs sont à la croisée des chemins. Comme il ne se crée pas tant d'entreprises qu'on le souhaiterait au Québec, il ne faudrait pas que celles qui existent s'écroulent. De là la pertinence de notre Opération Relève (www.operationreleve.com). Rendez-vous chez vous un peu plus tard !

DE MON BLOGUE

Faire mieux pour l'avenir

Ça ne clique pas entre les immigrants investisseurs et le Québec

De 1998 à 2007, 11 170 immigrants investisseurs sont entrés au Québec. 10 070 sont partis, soit 90 %. On perd des gens et du capital : environ 1 milliard de dollars par année, selon le Conseil des relations interculturelles, qui souligne qu'il faudrait mieux encadrer les immigrants investisseurs. C'est beau d'attirer plus de gens intéressés à s'installer ici, mais encore faut-il que la jonction s'effectue...

Vos réactions

" Ma conjointe et moi-même faisons partie des immigrants investisseurs que le Québec a accueillis. Arrivés en juillet 2004 avec 1 million de dollars (dont l'origine a été vérifiée), nous sommes harcelés depuis trois ans par Revenu Québec par un contrôle fiscal pour les années 2005, 2006 et 2007. Revenu Québec reconnaît (verbalement) que notre contestation est fondée, mais il nous en coûterait beaucoup plus cher d'engager des procédures à leur encontre que de payer les sommes (indûment) réclamées. Nous sommes plusieurs petits investisseurs français dans cette situation, c'est pourquoi, comme 90 % des investisseurs, nous nous préparons à quitter le Québec une fois le racket terminé. "

- Champignon

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

rene.vezina@transcontinental.ca

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