Pour une entreprise, se financer n'est jamais simple. Pour une entreprise autochtone, l'exercice peut s'avérer encore plus ardu.
L'insaisissabilité des biens indiens situés sur une réserve, une disposition de la Loi sur les Indiens, " rend difficile l'obtention de prêts auprès des sources traditionnelles de financement ", dit Jean Vincent, pdg de la Société de crédit commercial autochtone (SOCCA).
Cette organisation sans but lucratif a vu le jour, en 1992, justement pour surmonter ces embûches et favoriser un meilleur accès aux capitaux.
Un effet de levier important
Grâce à un capital initial de 5 millions de dollars provenant de fonds fédéraux, auxquels s'est ajoutée une autre somme de 2 millions, la SOCCA a depuis effectué des prêts totalisant 35 millions à des centaines d'entreprises.
" Nous avons prêté l'équivalent de cinq fois le capital initial ", souligne Jean Vincent.
La SOCCA dessert les Premières Nations abénaquise, algonquine, attikamek, huronne-wendat, malécite, micmacque, naskapie, ainsi que les membres en règle de l'Alliance autochtone du Québec.
Ses quartiers généraux sont situés à Wendake, mais elle compte aussi un point de service à Val-d'Or qui dessert les régions Outaouais, Abitibi-Témiscamingue et Grand Nord.
La Société octroie divers types de prêts aux entreprises commerciales, industrielles, communautaires ou institutionnelles à contrôle majoritairement autochtone. La limite d'emprunt, que ce soit pour démarrer, acquérir ou faire grandir une entreprise, est fixée à 400 000 $.
La SOCCA gère aussi un programme Jeunes entrepreneurs à l'intention des autochtones âgés de 18 à 35 ans qui désirent mettre sur pied leur propre entreprise.
Le montant maximal d'un prêt est de 15 000 $, consenti pour une période de 12 à 60 mois.
En février 2007, pour mieux desservir sa clientèle, la SOCCA et RBC Banque Royale ont signé une entente visant la création d'un premier Centre financier des Premières Nations.
Cet accord " nous permet d'offrir de nouveaux services, mais surtout d'avoir une participation financière accrue dans les projets de nos communautés ", dit Jean Vincent.
pierre.theroux@transcontinental.ca