Donner aux nerds les moyens de leur créativité

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Donner aux nerds les moyens de leur créativité

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Depuis 1998, le Massachusetts Institute of Technology offre le cours «How to make (almost) anything» à ses étudiants. Il offre aux nerds et geeks en tous genres les outils pour exprimer leur créativité débordante. Un succès tel qu'une version étendue de ce cours est désormais offerte en ligne à des internautes de 30 pays.

«Un jour, nous n'aurons plus vraiment besoin de manufacturiers pour produire les objets dont nous avons envie, raconte le professeur Neil Gershenfeld, directeur du Center for Bits and Atoms au MIT. Chaque foyer sera équipé d'un centre de fabrication personnel. Celui-ci saisira le design de notre choix et le transformera en un produit fini composé des matériaux que nous lui aurons fournis.»

Le professeur Gershenfeld estime que la créativité humaine est sans limites... pour peu qu'on offre aux gens les outils nécessaires à l'expression de la leur. C'est pourquoi il a créé le cours «How to make (almost) anything» en 1998. Imaginé pour permettre aux designers, ingénieurs, architectes et artistes de se familiariser avec l'univers de la fabrication de masse et ses énormes machines, ce cours se voulait surtout théorique. Les étudiants étaient assis et écoutaient sagement le professeur Gershenfeld. Mais le contenu aussi bien que son contenant ont rapidement pris une autre direction. Les étudiants ne se contentaient pas d'écouter sagement, ils voulaient expérimenter. Ils ne désiraient pas apprendre comment on fabrique des produits en série, mais plutôt comprendre comment réaliser leurs propres créations.

C'est ce que le cours MAS 863 permet désormais. Il répond à la devise «demo or die» ! On y apprend les rudiments de la programmation, du design, de la modélisation 3D et de la fabrication. On a aussi pensé à inclure des notions relatives à la propriété intellectuelle et à la gestion de projets.

Une centaine de Fab Labs

Le MAS 863 n'est que la pointe de l'iceberg. Son succès auprès des geeks et nerds en tous genres du MIT - et même de plusieurs artistes - a donné lieu à une minirévolution dans l'univers de la créativité. Pourquoi en limiter l'accès à ce savoir aux seuls étudiants du MIT ? Des gens créatifs, il y en dans tous les secteurs et dans tous les pays. Ainsi est née la Fab (fabrication) Academy. Celle-ci se compose de 100 Fab Labs répartis dans 30 pays. Chacun est rattaché à une maison d'enseignement. Le Canada n'en compte aucun pour l'instant, mais parmi la vingtaine de nouveaux Fab Labs qui devraient ouvrir cette année, deux sont prévus à Vancouver.

Tous les mercredis pendant six mois, de Barcelone à Pune, de Vestamannaeyjar à Nairobi, les étudiants de la Fab Academy suivent en ligne une extension du cours «How to make (almost) anything». Chaque Fab Lab possède tout l'équipement requis pour leur permettre de passer de la théorie à la pratique. Toutefois, ce cours, contrairement au MAS 863, ne donne pas droit à des crédits. Il n'est pas inclus dans un programme d'enseignement officiel. Mais les étudiants y trouvent leur compte de toute façon.

Un cours pour tout fabriquer

Le cours «How to make (almost) anything» permet d'apprendre à fabriquer des objets, toutes sortes d'objets. Pas seulement des applications pour iPhone ou des gadgets technos, précise Tomas Diez. Cet urbaniste, rattaché à l'Institute for Advanced Architecture qui chapeaute le Fab Lab de Barcelone, enseigne le cours MAS 863 aux étudiants du MIT aussi bien qu'à ceux de la Fab Academy.

«Il faut se donner les moyens d'être créatif, souligne Tomaz Diez. Ce cours vous donne les outils pour créer des objets sur mesure, adaptés à une situation ou un contexte particulier que vous avez déterminé.» Certains étudiants ont créé une antenne Internet sans fil pour permettre les communications en Afghanistan. D'autres, une maison que l'on peut télécharger à partir d'Internet et bâtir soi-même. D'autres enfin, des senseurs pour mesurer la qualité de l'air et des prothèses à bas coût pour les marchés de l'Inde et de l'Indonésie.

Le monde ne se divise pas entre les créatifs et les non-créatifs, estime Tomaz Diez. Il y plutôt ceux qui ont la volonté de l'être et ceux qui ne l'ont pas. «Et parmi ceux qui expriment cette volonté, plusieurs ignorent tout ce qu'ils peuvent réaliser, parce qu'ils ne possèdent pas les outils nécessaires pour passer au prochain niveau. Il faut donner aux gens le pouvoir d'être créatifs, d'aller au bout de leur créativité.»

Offert à tous les étudiants du MIT, le cours MAS 863 comporte 12 séances de trois heures, auxquelles s'ajoutent de nombreuses heures de laboratoire.

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