Des terres rares au Nunavik, une usine à Montréal

Publié le 02/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/02/2013 à 09:20

Des terres rares au Nunavik, une usine à Montréal

Publié le 02/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/02/2013 à 09:20

La volonté de transformer nos minerais au Québec est plus que jamais d'actualité. Voilà qui sert les intérêts de Quest Rare Minerals, une société d'exploration minière canadienne, détentrice d'un vaste gisement de terres rares au Nunavik, qui entend bâtir une usine près de Montréal pour transformer le minerai.

Contrairement au fer, où l'industrie doute de la rentabilité d'aciéries bâties au Québec, la transformation des terres rares serait parfaitement jouable ici, soutient Peter Cashin, président de Quest Rare Minerals. En fait, «cette filière pourrait faire du Québec un leader mondial», affirme-t-il lors d'une entrevue avec Les Affaires.

Le gisement de Quest Rare Minerals est à Strange Lake, à quelque 220 kilomètres au nord de Schefferville et à 125 kilomètres à l'est de la baie de Voisey, au Labrador. Il contient un demi-milliard de tonnes de minerai pouvant livrer 15 000 tonnes de terres rares par année pendant 25 ans. Si la mine démarre en 2017, elle deviendrait «la plus importante mine de terres rares à l'extérieur de la Chine», allègue M. Cashin.

La société est à finaliser son étude de préfaisabilité. Elle aurait trouvé la bonne solution métallurgique pour récupérer les métaux du gisement. Le procédé a fait l'objet de cinq ans de recherche par l'ancien détenteur des titres miniers, IOC. Puis, une société japonaise a poursuivi les recherches pendant trois ans, pour aboutir à un procédé qui n'était pas économique. C'est ce procédé que Quest Rare Minerals a passé deux ans et demi à peaufiner, explique M. Cashin. «Le risque métallurgique est passé», clame-t-il.

Quest vient de démarrer une usine pilote à Mississauga dans le but d'optimiser son processus de récupération. On évalue le projet à 1 milliard de dollars. Quant à sa rentabilité, M. Cashin assure qu'elle est prouvée : «notre scénario de base a été élaboré selon des prix deux à trois fois plus élevés que le prix spot d'aujourd'hui».

Profiter d'un congé fiscal de 10 ans

Certes, Strange Lake est loin des infrastructures. Mais qu'importe, dit M. Cashin : il ne lui faudra parcourir que 160 kilomètres par la route pour se rendre à la baie. Le minerai serait ensuite chargé sur un bateau en direction de la région de Montréal, où le concentrateur et l'usine de transformation seraient bâtis. Et c'est à cette étape que Quest Rare Minerals pourrait profiter du congé fiscal de 10 ans que le gouvernement Marois a adopté l'automne dernier afin de stimuler l'industrie de la transformation des métaux.

Financée par des crédits d'impôt canadiens et des intérêts américains et européens, Quest Rare Minerals dispose présentement de 26 M$ d'encaisse. «Suffisamment d'argent pour nous rendre à l'étape de la faisabilité» prévue pour l'automne 2013, précise M. Cashin. Mais Quest Rare Minerals n'a pas encore d'acheteur.

Le Québec héberge d' autres gisements de terres rares. Un des projets les plus avancés est celui de Kipawa en Abitibi, qui compte 16 millions de tonnes de minerai. Ce projet, appartenant à la minière québécoise Matamec, fait l'objet d'une entente d'approvisionnement avec le constructeur d'automobiles Toyota. La faisabilité devrait être prête en juin 2013. Mais le projet Kipawa ne prévoit pas d'usine de transformation, outre le concentrateur. Un autre gisement, appartenant à la torontoise Iamgold, contiendrait 460 millions de tonnes de minerai. On attend l'étude économique préliminaire. Un gisement plus petit est à Montviel, près de Lebel-sur-Quévillon.

UN DÉFI ENVIRONNEMENTAL

Même si les terres rares sont associées aux technologies vertes, leur exploitation en Asie et aux États-Unis a été très polluante. Les rejets, contenant des substances toxiques - dont des éléments radioactifs - ont été mal gérés.

En Malaisie, le gouvernement a dû fermer la raffinerie d'Asia Rare Earth dans les années 1980, à la suite des pressions de la population exposée aux radiations. En 2008, il a autorisé le démarrage d'une autre raffinerie par l'australienne Lynas. En 2010, des fuites dans le système d'écoulement d'eaux usées ont pollué le site.

En Californie, dans les années 1990, le gouvernement a fermé l'usine de Molycorp après l'explosion de conduites d'eaux usées. Le nettoyage n'est pas encore terminé, mais Molycorp a rouvert l'usine en 2007, et ses installations seraient plus sécuritaires.

Que doit-on craindre ici ?

Les accidents du passé se sont produits dans des «contextes de réglementation environnementale et à une époque moins sévères», signale d'entrée de jeu Peter Cashin. Il promet que l'étude d'impact environnemental de Quest Rare Minerals «déterminera le design d'entreposage le plus sécuritaire pour protéger l'eau et le sol environnant». En outre, la société s'engage à «répondre» aux normes prévues au Canada ou à les «dépasser».

M. Cashin explique que la nature du gisement de Strange Lake fait en sorte que «les risques environnementaux potentiels sont moins significatifs» qu'en Asie ou aux États-Unis. Des analyses préliminaires ont d'ailleurs calculé «un taux de radioactivité moins de deux fois inférieur à ce que permet la Commission canadienne de sûreté nucléaire».

Des métaux omniprésents dans les véhicules automobiles

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suzanne.dansereau@tc.tc

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