Des partenariats trop peu nombreux

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Des partenariats trop peu nombreux

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Pour assurer leur rayonnement, la plupart des universités misent sur le développement de leurs activités de recherche. Et pour ce faire, la voie privilégiée, même si elle est encore timide, est la collaboration avec le secteur industriel.

Cependant, le monde des affaires se montre plutôt tiède face à cette perspective. Un peu moins de la moitié des entreprises québécoises ont déjà noué des partenariats avec des universités pour développer leur R-D. Elles sont 47 %, contre 54 % dans le reste du Canada, selon une étude récente menée par Léger Marketing. Le type de collaboration le plus répandu demeure l'accueil de stagiaires (36 %), loin devant la recherche collaborative (13 %).

Néanmoins, c'est «un bon taux» selon Daniel Zizian, président-directeur général de la CREPUQ (Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec). Il fait valoir que, selon l'étude, 80 % des entreprises qui ont vécu cette expérience en sont sorties satisfaites. Par conséquent, un gros travail reste à faire auprès de celles qui n'ont encore jamais collaboré, car seulement 5 % d'entre elles indiquent qu'elles ont l'intention de le faire au cours des prochaines années.

Pourtant, le partenariat entre l'industrie et les universités à des fins d'innovation est une solution satisfaisante pour tous. «Les chercheurs aiment les vrais problèmes. Les entreprises doivent innover, mais pour beaucoup, ce ne serait pas viable de le faire à l'interne. L'université est un milieu propice à la recherche d'idées et à l'innovation», estime François Gagnon, professeur et titulaire de la Chaire CRSNG Ultra Électronique de l'ÉTS. Et pour les étudiants, il est plus intéressant de faire de la recherche en lien avec les industries. «Je reçois entre trois et quatre demandes d'étudiants pour travailler dans ma chaire chaque jour», ajoute le professeur.

Quant à l'université, non seulement elle assure sa mission de transfert des connaissances, mais en plus, par la publication du fruit de ses recherches et, le cas échéant, par les brevets et les ventes de licence pour une découverte, elle acquiert une réputation internationale. Ce qui attire vers elle des étudiants aux cycles supérieurs, mais aussi au premier cycle, en raison de perspectives intéressantes quant à la poursuite de leurs études.

Contrats de recherche

La collaboration entre les universités et les entreprises prend plusieurs formes. Elle passe notamment par des contrats de recherche ponctuels (d'une durée de 6 mois à 2 ans) avec certaines chaires pour des montants variant de 15 000 $ à 500 000 $. Les entreprises peuvent également collaborer à plus long terme en finançant des chaires de recherche pour des périodes renouvelables. La chaire de François Gagnon et Ultra Électronique fêteront leurs dix ans de collaboration cette année. L'entreprise verse environ 250 000 $ par an, une somme qui permet de couvrir les aides financières aux étudiants et le salaire du personnel «technique».

Chaires industrielles

Les projets de recherche issus de tels partenariats peuvent être d'envergure. À preuve, la nouvelle entente signée récemment entre Polytechnique et le Groupe Safran, une multinationale française qui possède plusieurs usines au Québec, dont Turbomeca et Messier-Dowty. «L'accord porte sur un montant de plusieurs millions de dollars et prévoit la création de deux chaires industrielles», explique Gilles Savard, directeur de la recherche et de l'innovation de l'École. L'entente découle d'une longue collaboration avec le groupe français et d'une équipe de recherche de Polytechnique experte en matériaux composites. L'intérêt porte notamment sur un procédé (Polyflex) développé à Polytechnique.

À l'Université de Sherbrooke, la moitié des 70 chaires de recherche sont financées par des donateurs externes, pour la plupart issus du privé. Elle est partie prenante dans le C2MI, le Centre de Collaboration MiQro Innovation, à Bromont, avec plusieurs partenaires industriels (Teledyne DALSA inc. et l'usine IBM de Bromont). Le Centre, qui a été créé en 2009 et dont l'université est propriétaire du bâtiment comme de l'équipement, est «un centre de recherche majeur en microélectronique», souligne Jacques Beauvais, vice- recteur à la recherche de l'Université de Sherbrooke. Travaillant sur la mise sous boîtier des prochaines générations de puces, il regroupe 250 scientifiques. De 25 à 30 chercheurs qui sont aussi professeurs de l'Université y participent, ainsi que 150 étudiants de deuxième et troisième cycles. «La mission du Centre est de faire de la recherche en amont de la démonstration de principe. Mais on peut aller jusqu'au prototype», ajoute M. Beauvais.

Bref, les avantages d'une collaboration entre les entreprises et les équipes de recherche des universités sont nombreux. En faisant moins appel aux universités que leurs consoeurs du reste du Canada, les entreprises québécoises «se privent d'un allié essentiel», estime Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, à l'occasion de la sortie de l'étude de Léger Marketing que l'institution a commandée

Question de culture

Depuis une dizaine d'années, de plus en plus d'entreprises pensent à faire appel aux universités pour mettre au point des innovations ou résoudre des problèmes pointus. Mais il y a encore des progrès à faire. Seulement 5,5 % du budget pour la recherche de l'Université McGill, qui a 154 chaires, provient des entreprises, selon Heather Munroe-Blumv, principale et vice-chancelière. Ainsi, sur un budget de près de 470 M$, 26 M$ sont apportés par les entreprises.

«Actuellement, encore 80 % de nos activités de recherche sont financées par des subventions, et la totalité de nos financements ne couvre pas tous les frais indirects de nos activités de recherche», regrette Guy Breton, recteur de l'Université de Montréal. La solution : établir des partenariats avec le secteur privé et les institutions où l'expertise universitaire peut servir. Pourquoi, dans ce cas, cela reste-t-il l'exception ? «Ce n'est pas encore dans la culture de l'université ni dans celle des entreprises, qui redoutent la complexité administrative d'une boîte comme la nôtre. Nous avons encore des devoirs à faire et nous nous y attelons...», dit le recteur.

62 % Pourcentage des entreprises qui jugent la collaboration entre les entreprises et les institutions universitaires favorable à leur développement. Source : Léger Marketing

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