Des occasions d'affaires à saisir du côté des déchets dangereux

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:24

Des occasions d'affaires à saisir du côté des déchets dangereux

Publié le 19/10/2013 à 00:00, mis à jour le 17/10/2013 à 09:24

À la suite de la tragédie de Lac-Mégantic, Solva-Rec a dû traiter près de 30 millions de litres d'eaux usées. L'entreprise de Saint-Jean-sur-Richelieu gère annuellement plus de 15 000 tonnes de matières dangereuses résiduelles (MDR).

Jean-Marie Audet, son fondateur et président, estime que le Québec a des normes environnementales sévères. «Le problème, c'est qu'il ne se donne pas le moyen d'en assurer le suivi», dit l'homme d'affaires qui oeuvre dans le secteur depuis plus de 35 ans.

«Nous sommes l'unique État en Amérique du Nord à ne pas avoir de manifeste pour suivre les MDR lors de leur transport», dit-il.

Pourtant, le Québec est la province canadienne qui importe la plus importante quantité de MDR. Mais il est le seul État en Amérique du Nord à ne pas assurer la traçabilité de ces matières durant le transport. Un laxisme qui coûte cher aux entreprises respectant les normes environnementales.

Des occasions d'affaires perdues

En 1997, le gouvernement de Lucien Bouchard avait aboli le manifeste, un document que devait remplir l'émetteur afin de fournir tous les renseignements nécessaires sur les substances transportées : nature, toxicité, quantité, origine, lieu de destination, nom du transporteur, etc.

«La décision avait été prise, à l'époque, pour des raisons d'efficacité. Il n'y avait qu'une personne au ministère pour traiter toutes ces données, ce qui ralentissait les activités», se rappelle Josée Lacoursière, directrice, affaires gouvernementales et relations avec la communauté, chez Newalta, une entreprise environnementale canadienne qui traite les résidus industriels et dangereux.

Depuis, il est difficile, voire impossible d'évaluer les écarts de conduite dans la gestion des déchets dangereux. «On peut présumer qu'il y a un risque que les matières se perdent étant donné qu'il n'y a pas de manifeste», dit Mme Lacoursière. Autant d'occasions d'affaires qui glissent entre les doigts des entreprises respectant la réglementation québécoise.

Newalta, qui est présente dans d'autres provinces, utilise son propre système électronique pour colliger l'information relative à la matière transportée. Newalta juge que le Québec devrait resserrer la vis et réimplanter le manifeste.

Son de cloche similaire de la part de Jean-Marie Audet, qui raconte une anecdote révélatrice des effets négatifs du manque de règlements : «Un client qui générait des eaux usées a préféré se tourner vers une autre entreprise.»

Un manifeste aurait permis de comparer les informations inscrites quant au type d'eaux usées et de réaliser que le taux de toxicité avait changé. On aurait ainsi pu éviter que les eaux soient traitées chez un concurrent qui n'avait pas la technologie nécessaire. Résultat : Solva-Rec a perdu un client, et les eaux se retrouvent dans la rivière sans avoir été traitées adéquatement, note-t-il.

Le Québec, champion de l'importation de matières dangereuses résiduelles

Une situation préoccupante si on considère que le Québec est la province qui importe la plus grande quantité de MDR au pays. Avec l'Ontario, le Québec totalise 92 % des importations de MDR, loin devant la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick.

Au Québec, le manifeste a été remplacé en 1997 par un rapport annuel. Par la nature même de ce document, les données relatives aux matières dangereuses ne peuvent être à jour, dit Pierre Légo, chimiste et directeur chez Stablex, une entreprise de traitement chimique des résidus dangereux établie à Blainville.

Encore faut-il s'y intéresser, note M. Audet : «Ces documents sont-ils consultés ou sont-ils de la paperasse qui finit par être déposée sur une tablette ?»

S'inspirer de l'Ontario

Depuis près d'une décennie, le Conseil des entreprises de services environnementaux (CESE) exerce des pressions auprès du ministère de l'Environnement pour qu'il durcisse les règles. En vain.

Lorsqu'on leur demande ce que le Québec pourrait faire pour améliorer la situation, les entreprises québécoises citent en exemple l'Ontario, dit Francis Bérubé, directeur des communications au CESE. L'Ontario a mis en place depuis plusieurs années un Réseau électronique d'information sur les déchets dangereux (REIDD). Ce système permet aux producteurs, aux transporteurs et aux réceptionnaires de MDR d'enregistrer en ligne leurs activités auprès du ministère de l'Environnement de l'Ontario.

L'objectif est double. Premièrement, le REIDD permet à l'industrie de réduire les coûts liés à la tenue des dossiers et à la déclaration des données. Mais le plus important, c'est qu'il permet d'accumuler des renseignements plus complets sur les déchets dangereux. Mieux connaître pour mieux encadrer.

«Uniformiser le système sur l'ensemble du territoire canadien permettrait une gestion plus efficace des données relatives aux MDR», souligne Pierre Légo, de Stablex.

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