Des lendemains favorables

Publié le 13/06/2009 à 00:00

Des lendemains favorables

Publié le 13/06/2009 à 00:00

La crise financière aura probablement pour effet de faire grimper le prix de l'or à des niveaux inégalés.

Les plus optimistes voient le métal jaune s'échanger à plusieurs milliers de dollars américains d'ici quelques années. La grande majorité d'entre eux voient son prix minimum à 900 $ US l'once.

Le cours récent de l'or semble confirmer leurs prévisions. Le métal a connu un sommet record de 1 011 $ US au London Metal Exchange en mars 2008. Il est redescendu à près de 700 $ US l'once pour ensuite remonter à 954,95 $ US.

Mais quel que soit son niveau, le prix de l'or continuera d'être très volatil. Selon Alexander Hacking, de Citi Investment Research, le métal jaune est l'une des matières premières les plus négociées sur la base de l'analyse technique, ce qui entraîne de fortes variations. (L'analyse technique est une méthode d'évaluation des valeurs et des tendances du marché fondée sur l'analyse statistique des fluctuations des cours, du volume des transactions et d'autres variables.)

L'or joue un rôle de monnaie et de valeur refuge dans les périodes de crise financière. Selon Benoit Gervais, gestionnaire du fonds Mackenzie Universal mondial de métaux précieux, l'or a parfaitement joué ce rôle dans la crise actuelle. « Ce qui compte pour ceux qui épargnent est de pouvoir utiliser un jour leurs économies pour acheter un bien. L'or leur a permis de conserver leur pouvoir d'achat », dit M. Gervais.

Assurance anti-inflation

L'or coûte cher, tant à trouver qu'à produire. En 2008, le coût moyen des grands producteurs a atteint 712 $ US l'once.

Selon M. Gervais, beaucoup d'investisseurs ont acheté de l'or ces deux dernières années pour se prémunir contre l'éventuelle faillite du système bancaire, la déflation et la dépression économique.

« Ces événements ne se produiront probablement pas. C'est pourquoi le rôle de l'or passera de celui de valeur refuge à celui d'assurance contre l'inflation », explique-t-il.

Il conseille à ses clients de consacrer 10 % de leur portefeuille d'actions aux titres aurifères. Dans ses portefeuilles de ressources, il peut lui-même en détenir jusqu'à 20 %.

Le raisonnement de M. Gervais est le suivant : un taux d'inflation annuel de 5 % par année composé pendant 10 ans diminuera le pouvoir d'achat de chaque dollar de 63 %. Ainsi l'emprunteur, qui effectue des paiements mensuels ou annuels sans faillir, rembourse sa dette avec des dollars de plus en plus dévalués. C'est pourquoi l'inflation permet de soulager le fardeau de la dette d'un emprunteur.

« Si un tel scénario d'inflation se réalise, je ne serais pas surpris de voir doubler le prix de l'or d'ici 5 à 10 ans », dit M. Gervais.

Mathieu D'Anjou est économiste principal au Mouvement Desjardins. Il écarte lui aussi le scénario déflationniste et surveille l'inflation, bien qu'aucun signe ne pointe dans cette direction pour le moment, hormis l'intérêt des investisseurs pour le métal jaune.

« Je pense que la relation inverse du prix de l'or et du dollar américain se poursuivra. En général, nous sommes pessimistes quant au dollar à moyen terme », dit-il.

Il s'attend à ce que le prix de l'or avoisine les 900 $ US l'once en 2009 avant de franchir le seuil de 1 000 $ US en 2010. Il doute que les banques centrales laissent volontairement régner une inflation de 5 % pendant une décennie.

Un cycle de 20 ans

Selon Charlie Gibson, analyste chez Edison Investment Research, à Londres, le cycle de l'or amorcé en 2001 présente une grande similitude avec celui de la période de 1971 à 1980. À l'époque, les États-Unis, empêtrés dans une guerre qui n'en finissait plus et frappés par la hausse du prix du pétrole, enregistraient d'importants déficits.

Le prix de l'once d'or avait été multiplié par 24, passant de 35 $ US en 1971 à un sommet de 850 $ US en 1980. Par analogie, M. Gibson prévoit un prix moyen de 1 000 $ US pour les 21 prochaines années, dont une moyenne annuelle de 1 561 $ US l'once au cours des deux prochaines années. Pour affirmer cela, M. Gibson se fonde sur le taux d'inflation moyen enregistré pendant les années 1970 et qui pourrait avoir cours dans le cycle actuel.

dossiers@transcontinental.ca

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