Des joueurs technos peu nombreux, mais importants

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Des joueurs technos peu nombreux, mais importants

Publié le 23/02/2013 à 00:00

Yannis Mallat : «Quelle place occupe l'industrie du jeu vidéo dans l'économie québécoise, en comparaison d'autres secteurs bien connus comme l'aéronautique ou le pharmaceutique ?»

Malgré ses réussites internationales et la place très importante qu'occupe Mont-réal dans l'univers du jeu vidéo, ce secteur ne sera jamais «un substitut pour le secteur manufacturier», convient le ministre des Finances, Nicolas Marceau, en entrevue avec Les Affaires.

La dernière recension officielle des employés du secteur du jeu vidéo au Québec, menée par TECHNOCompétences, en dénombrait 7 966 en 2011. À titre comparatif, selon Montréal International, l'industrie aéronautique emploie 40 000 personnes dans la région de Montréal et celle des sciences de la vie, 43 000. Le secteur des technologies de l'information et des communications, qui englobe le jeu vidéo, en compte 120 000.

«Nous avons réussi à constituer une masse critique dans ce secteur, explique le ministre. C'est très difficile à faire, mais maintenant, cela rend encore plus facile la tâche d'attirer d'autres entreprises.»

Une étude publiée en 2011 par l'Association canadienne du logiciel de divertissement estimait à 60 450 $ le salaire moyen gagné dans l'industrie au Québec. En comparaison, le salaire hebdomadaire moyen dans la province s'élevait à 759,83 $ en 2011, pour un salaire annuel d'environ 39 500 $.

Le nombre d'emplois, lui, continue de croître, mais à un rythme moins élevé. «Nous avions prévu une croissance d'environ 15 % en 2012, mais ce sera pas mal moins, probablement 5 ou 6 %», avoue Vincent Corbeil, gestionnaire de projet chez TECHNOCompétences, qui termine une mise à jour de l'étude déjà citée. «C'est cependant encore excellent par rapport au reste des TI, dont la progression a été de 1,6 %, ou de l'ensemble de la main-d'oeuvre québécoise, qui a augmenté de 0,8 %», ajoute-t-il.

Les grandes entreprises à propriété étrangère restent, et de loin, les principaux employeurs du secteur. Leur impact économique serait-il plus grand si elles étaient québécoises ?

«C'est évident que, si elles étaient québécoises, nous aurions ici des centres de profit plutôt que des centres de coûts», avec l'imposition que cela entraîne, note Pierre Lebel, conseiller en développement économique pour le secteur multimédia au ministère des Finances et de l'Économie. «Sans oublier l'impact dû à la présence d'un siège social», dit-il.

Le ministre Marceau, lui, est moins convaincu. «C'est vrai que leurs profits ne sont pas tous consommés au Québec, mais leur main-d'oeuvre est québécoise et elles ont beaucoup investi ici. Avec le temps, un plus grand nombre d'entreprises québécoises émergeront, mais il faut d'abord une masse critique, que nous sommes chanceux d'avoir.»

Émergence de petites québécoises

Président de 3pod, une firme de recrutement spécialisée dans le jeu vidéo, Frédérick Brassard voit lui aussi poindre plusieurs nouvelles petites entreprises québécoises. «Il y aura une émergence de studios québécois, ça commence déjà.»

Pour l'instant, l'impact économique de ces très petits studios, notamment en ce qui concerne les emplois, reste «très marginal : 5 % au gros maximum des quelque 8 500 emplois en 2012», estime Vincent Corbeil.

L'industrie québécoise a vécu un «tremblement de terre» l'an dernier avec la restructuration d'Electronic Arts, des réductions d'effectifs chez Funcom et la faillite de THQ, note M. Brassard. «Une chance que THQ Montréal a été rachetée [par Ubisoft], parce que ça aurait fait très mal à l'industrie. Mais on va s'en remettre.»

Malgré ces réductions, «c'est aberrant le nombre de postes qui restent ouverts», estime-t-il. Et il s'agit dans la grande majorité de postes nécessitant plusieurs années d'expérience.

L'INDUSTRIE DU JEU VIDÉO QUÉBÉCOISE

7 966 Nombre d'employés

733 M $ Dépenses de l'industrie au Québec

Sources : TECHNOCompétences et Association canadienne du logiciel de divertissement

SON COMMENTAIRE

Au cours des 10 dernières années, l'industrie québécoise du jeu vidéo a connu une forte croissance. Si le nombre d'emplois actuel ne peut se comparer à celui qui a cours dans les secteurs dits traditionnels, il n'en demeure pas moins que nous avons contribué à la vitalité économique du Québec. Certes, créer de l'emploi direct est au centre de notre système économique. Mais j'aime croire qu'une industrie comme celle du jeu vidéo a permis à de jeunes Québécois d'inscrire leur créativité, leur savoir-faire et leur passion dans une économie moderne. Aujourd'hui, le talent d'ici fait partie de l'élite mondiale. Cela contribue, au-delà de la question économique, aux facteurs de croissance que sont pour moi la confiance et la fierté. Et si c'était ça, la principale contribution de notre industrie ? Avoir réuni les éléments pour aider des jeunes d'ici à briller aux yeux du monde. N'est-ce pas structurant, comme apport ?

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