Des Jeux, des géants et votre portefeuille

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Des Jeux, des géants et votre portefeuille

Publié le 21/07/2012 à 00:00

Par Marie-Claude Morin

Vous verrez sans relâche le logo des commanditaires des Jeux olympiques de Londres durant les prochaines semaines. Est-ce à dire que vous devriez songer à les ajouter à votre portefeuille boursier ?1

N'affiche pas qui veut durant un événement sportif de l'envergure des Jeux olympiques. Il faut allonger une somme considérable, gardée confidentielle, en plus de développer des produits et des campagnes publicitaires spécialement pour l'occasion. «Les entreprises qui commanditent souvent les Jeux olympiques sont des marques mondiales. Sinon, l'investissement ne serait pas rentable», observe Nadim Rizk, gestionnaire principal en actions étrangères chez Fiera Capital. Quelques entreprises moins globales y investissent, mais ce sont des exceptions ayant généralement leur siège social dans le pays hôte.

En plus de stimuler l'appétit des consommateurs, l'omniprésence de ces logos bien connus pourrait titiller des investisseurs en quête d'idées de placement. Les Affaires a soumis la liste des commanditaires cotés sur des Bourses nord-américaines à des gestionnaires de portefeuille. Six de ces entreprises ont retenu l'attention pour leurs qualités fondamentales, quoique leur évaluation soit parfois jugée plus ou moins attrayante.

Comme le remarque Alain Chung, vice-président exécutif chez Claret, ces très grandes entreprises sont suivies de près par plusieurs analystes. «Les sous-évaluations flagrantes sont donc rares», prévient-il. Les investisseurs qui s'y intéressent gagneront à répartir leur placement dans une dizaine de titres de ce type tout en gardant 20 à 30 % d'encaisse pour profiter des corrections temporaires et accroître leurs positions, suggère le gestionnaire. M. Chung écarte les titres de Lloyds, BP et Panasonic, qu'il juge trop risqués.

Coca-Cola (NY, KO, 77,28 $)

Rendement du dividende 2,6 %

Variation depuis un an 14,1 %

Recommandations des analystes

18 acheter ; 8 conserver ; 0 vendre. Le cours cible moyen est de 81,00 $ dans un an.

Une foule de consommateurs boivent les nombreux produits de Coke, peu importe le climat économique. Même s'il lui préfère Nike et McDonald's, Nadim Rizk, chez Fiera, apprécie le côté défensif de Coca-Cola. «Si on entre dans une nouvelle récession, Coca-Cola souffrira moins que Nike ou McDonald's.» Il juge par contre le titre un peu cher et attendrait une baisse temporaire se situant autour de 68 $ pour faire le plein.

Susan Da Sie, gestionnaire chez Standard Life, est plus généreuse et considérerait le titre attrayant à 72 $. «Coca-Cola est une superbe entreprise, intéressante à détenir à long terme. Elle permet d'être là où vous voulez être : dans les marchés en forte croissance comme l'Amérique latine, la Chine et l'Inde.» Elle aime particulièrement le sens de l'innovation de Coke, qui n'hésite pas à développer des produits moulés sur les goûts locaux pour conquérir les marchés émergents.

Selon Alain Chung, le cours actuel reflète en partie les bons résultats enregistrés par la société américaine et ses perspectives de croissance. «Mais si quelqu'un profite d'une correction et l'achète pour 10 ans, il devrait obtenir un rendement raisonnable, en plus d'un dividende intéressant.»

General Electric (NY, GE, 19,77 $)

Rendement du dividende 3,45 %

Variation depuis un an 6,14 %

Recommandations des analystes

15 acheter ; 5 conserver ; 1 vendre. Le cours cible moyen est de 22,75 $ dans un an.

La crise européenne risque de nuire aux résultats de General Electric, qui y tire 20 % de ses profits. Cela n'empêche pas Susan Da Sie, de Standard Life, d'en recommander l'achat. «GE présente plusieurs avenues de croissance dans des industries solides. Comme ces dernières bougent en fin de cycle, elles commencent à peine à se relever de la crise économique.» Le conglomérat américain, très diversifié, oeuvre notamment dans le pétrole et le gaz, l'aérospatiale et la santé. Mme Da Sie aime aussi les flux de trésorerie abondants, le dividende de plus de 3 % et l'évaluation inférieure à 12 fois les profits attendus l'an prochain.

La division financière de GE (33 % des revenus) ne l'inquiète pas, contrairement à Alain Chung, qui préfère éviter le titre pour cette raison. «Il y a encore trop de variables inconnues dans GE Capital, ça complique l'analyse.» C'est ce qui explique selon lui la faible évaluation du titre. Les actionnaires pourraient cependant être récompensés par l'intermédiaire de rachats d'actions. Selon Credit Suisse, la multinationale dégagera des liquidités de 100 milliards de dollars de 2012 à 2016. Comme elle n'envisage pas d'acquisitions majeures et juge son cours «assez» attrayant, elle pourrait utiliser une partie de ces fonds pour diminuer le nombre d'actions en circulation.

Procter & Gamble (NY, PG, 65,09 $)

Variation depuis un an 0,12 %

Rendement du dividende 3,46 %

Recommandations des analystes

14 acheter ; 14 conserver ; 1 vendre. Le cours cible moyen est de 66,71 $ dans un an.

Le titre de la multinationale derrière Gillette, Tide, Pampers et d'autres marques fluctue en dents de scie. Les investisseurs sont déçus par le recul des parts de marché dans les pays émergents et restent sceptiques quant au plan de restructuration, censé se traduire par des économies de 10 G$ d'ici la fin de l'exercice 2016. «Comme P & G est une très grosse machine, ce n'est pas facile d'accroître la productivité», dit Paul Delage, analyste des actions américaines à la Financière des professionnels.

L'activiste Bill Ackman, qui a récemment brassé la cage du Canadien Pacifique, a acheté pour 2 G$ d'actions de P & G à la mi-juillet. Son arrivée pourrait se traduire par des changements importants, comme la vente de certains actifs. Heureusement, la société compte sur un solide portefeuille de marques, souligne Mark Lin, gestionnaire spécialisé en actions étrangères chez Gestion globale d'actifs CIBC. «C'est une entreprise qui résiste durant les récessions, mais qui croît lentement à cause de sa taille.» Certains investisseurs peuvent toutefois trouver intéressant le dividende annuel de 2,25 $, qui correspond à un rendement de 3,5 % au cours actuel.

McDonald's Corporation (NY, MCD, 92,29 $)

Variation depuis un an 7,85 %

Rendement du dividende 3,03 %

Recommandations des analystes

19 acheter ; 12 conserver ; 0 vendre. Le cours cible moyen est de 101,86 $ dans un an.

«Un parcours sans faille», dit Paul Delage, de la Financière des professionnels, à propos de la gestion de la chaîne de restauration rapide américaine, présente dans 120 pays. Les revenus et profits de McDonald's dépassent régulièrement les attentes des analystes ; la stratégie dans les marchés émergents dégage un rendement sur le capital de plus de 30 % ; et le changement de garde au poste de pdg s'est fait «dans les règles de l'art» avec la nomination en mars de Jim Skinner, jusque-là chef de l'exploitation.

Mark Lin, chez Gestion globale d'actifs CIBC, apprécie l'expansion réussie dans de nouveaux marchés. «McDonald's présente une croissance incroyable.» Le développement de l'offre de café fait mentir ceux qui jugeaient la chaîne mature.

En plus, la multinationale affiche un long historique de rendement, verse un dividende de 3 % et procède régulièrement à des rachats d'actions, dit Nadim Rizk, chez Fiera Capital.

À ses yeux et à ceux de M. Delage, la correction du titre depuis le printemps offre un bon point d'entrée.

Nike (NY, NKE, 93,97 $)

Rendement du dividende 1,53 %

Variation depuis un an 2,13 %

Recommandations des analystes

13 acheter ; 11 conserver ; 0 vendre. Le cours cible moyen est de 102,33 $ dans un an.

Même si Nike n'est pas un commanditaire officiel des Jeux olympiques, son logo sera très présent puisque l'entreprise s'est associée aux athlètes américains. Comme ces derniers au cours des JO passés, le titre de Nike fait très bien auprès des gestionnaires.

C'est d'ailleurs le coup de coeur de Nadim Rizk, chez Fiera Capital. «Nike est une entreprise extrêmement bien gérée, tant pour ce qui est des produits que de l'exploitation.» Les marges stables qui en résultent ont permis une hausse pratiquement constante du dividende depuis au moins 15 ans et des rachats d'actions chaque année. «Ce serait un titre vraiment intéressant autour de 90 $», dit-il.

Pour le moment, le ralentissement en Chine pèse sur l'action, analyse M. Delage, de la Financière des professionnels. Selon lui, la baisse du prix du coton, la conclusion d'une entente avec la NFL et les investissements en publicité soutiendront les marges à des niveaux intéressants.

À la fin de juin, l'annonce des derniers résultats trimestriels de Nike a déçu le marché. Les ventes de 6,47 G$ étaient inférieures au consensus (6,53 G$), tout comme les marges et les prévisions. «La reprise s'annonce moins solide qu'on ne l'avait anticipé pour l'exercice 2013 [débutant le 1er juin 2012]», écrivait Credit Suisse.

Visa (NY, V, 124,09 $)

Variation depuis un an 44,4 %

Rendement du dividende 0,71 %

Recommandations des analystes

31 acheter ; 8 conserver ; 1 vendre. Le cours cible moyen est de 136,07 $ dans un an.

Visa est une «machine à imprimer de l'argent», estime Alain Chung, de Claret. Parmi les commanditaires des Jeux de Londres, c'est celui dont le gestionnaire achèterait le titre au cours actuel. «Il est assez cher, mais comme la moitié de la population mondiale n'a pas de carte de crédit, les perspectives de croissance sont énormes.» Sans compter que les gens voyagent de plus en plus, ce qui génère de belles commissions de change. Même en cas de ralentissement économique, M. Chung doute que Visa souffre de façon significative.

Mark Lin, chez Gestion globale d'actifs CIBC, apprécie également Visa, même s'il juge son titre pleinement évalué. La substitution croissante de l'argent comptant par les paiements électroniques et l'expansion dans les marchés émergents assureront une croissance solide à long terme, croit-il. En plus, Visa, MasterCard et American Express profitent de barrières à l'entrée difficiles à franchir pour un nouvel acteur. «Le titre ne représente pas une aubaine, mais un investisseur peut profiter de faiblesses, s'il y en a, pour l'accumuler.»

D'AUTRES COMMANDITAIRES COTÉS AUX ÉTATS-UNIS

Ces titres ont été écartés par les gestionnaires consultés. Les raisons vont de l'attrait pour le secteur (BP et le pétrole), au risque de l'industrie (la financière Lloyds) ou à la performance de l'entreprise (Panasonic).

BP (NY, BP, 41,27 $)

Variation depuis un an : - 6,88 %

Rendement du dividende : 4,69 %

Recommandations des analystes : 9 acheter 5 conserver 0 vendre Cours cible moyen : 49,19 $

Dow (NY, DOW, 30,32 $)

Variation depuis un an : + 14,56 %

Rendement du dividende : 4,22 %

Recommandations des analystes : 8 acheter 10 conserver 4 vendre Cours cible moyen : 37,00 $

Lloyds (NY, LYG, 1,86 $)

Variation depuis un an : - 34,98 %

Rendement du dividende : aucun

Recommandations des analystes : 16 acheter 10 conserver 5 vendre Cours cible moyen : n.d.

Panasonic (NY, PC, 7,10 $)

Variation depuis un an : - 42,50 %

Rendement du dividende : 1,77 %

Recommandations des analystes : 10 acheter 8 conserver 3 vendre Cours cible moyen : 707 yens

Source : Bloomberg. Note : cours cibles moyens d'un an.

1 Tous les montants sont en dollars américains

marie-claude.morin@tc.tc

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