«Le Canada devient de plus en plus intéressant pour un expert en gouvernance !» lance à la blague la Britannique Lucy Marcus, entrepreneure, investisseuse, administratrice et chroniqueuse pour Reuters.
Il y a un an, Les Affaires a interviewé celle que le magazine Director de l'Institute of Directors classe parmi les 10 femmes les plus branchées de Grande-Bretagne à propos du procès Nortel. Cette fois, c'est le cas de SNC-Lavalin et l'arrestation de son ancien président Pierre Duhaime qui nous ramènent vers Lucy Marcus.
Les administrateurs sont-ils si démunis devant la corruption ?
«Non, tranche-t-elle. À condition de reconnaître qu'une partie de notre mandat repose sur notre sixième sens. Il y a ce que vous savez et ce que vous sentez. Je parle des poils de votre cou qui se dressent devant certaines déclarations ou certains silences.»
Les entreprises consacrent un temps fou à rédiger des rapports détaillés. Parfois, un administrateur doit mettre ceux-ci de côté et exiger de voir les données brutes qui ont servi à le rédiger. «Un administrateur peut demander ce qu'il désire à la direction, tout est dans la manière. Si on vous le refuse, ce n'est pas bon signe», explique l'administratrice.
Informée de la situation de SCN-Lavalin, elle a eu le commentaire suivant. «Quand une entreprise décroche de gros contrats dans certains pays, une seule question s'impose : "Comment avons-nous obtenu ce merveilleux contrat ?" Si la réponse est vague, reposez votre question.»